Les Français d'Algérie demandent un engagement aux candidats des élections de 2012

 
       
 
 
Dans un entretien accordé au site de l’hebdomadaire Le Point le 24 janvier 2012, Bernard Coll, président de Jeune Pied-Noir, dénonce les promesses non tenues de Sarkozy faites aux harkis et aux pieds-noirs et le met en garde.
Le 13 mars 2007, alors candidat à la présidence, Nicolas Sarkozy s’est engagé auprès des harkis, les supplétifs de l’armée française durant la guerre d’Algérie (1954-1962), de reconnaître la responsabilité de la France dans l'abandon et le massacre des harkis quelques mois avant et après l’indépendance de l’Algérie en juillet 62.

Les engagements de Sarkozy

Un mois plus tard, le futur président avait pris le même engagement à l’égard des pieds-noirs, les Français d’Algérie qui avaient quitté le pays au lendemain du cessez-le-feu de mars 1962.
Or, explique Bernard Coll, Nicolas Sarkozy n’a pas honoré ses engagements.
« Mais le même jour (14 avril 2007, NDLR), dans cette réunion où il nous était interdit d'enregistrer ou de prendre des photos, il nous a expliqué qu'il devait avant, pour des raisons économiques, « renouer » avec l'Algérie, la soumettre à un échange pétrole-nucléaire, qui lui permettrait d'avoir un moyen de pression sur ce pays. Vingt personnes étaient présentes ce jour-là, elles pourraient témoigner. Le 5 décembre 2007, nous sommes à nouveau convoqués, cette fois à l'Élysée. Les télés, les radios sont là. On nous a prévenus que le président va reconnaître enfin le crime de l'État français, mais au dernier moment, alors que Nicolas Sarkozy revient d'Algérie, cette phrase a disparu.
Sans doute, nous a-t-on expliqué, parce que si l'on reconnaît ce crime, il va falloir indemniser les familles, ce qui coûterait environ 40 milliards d'euros. »
Le 25 septembre 2007, vingt jours après sa visite d’Etat en Algérie, Nicolas Sarkozy a déposé une gerbe de fleurs en hommage aux harkis aux Invalides, à Paris, à l'occasion de la journée nationale d'hommage aux anciens combattants de la guerre d'Algérie.
M.Sarkozy a également honoré ce jour-là dix harkis qui ont combattu aux côtés de l’armée française au cours de la guerre d’indépendance.


Message en guise d'avertissement


Pour Bernard Coll, le temps est venu aujourd’hui, de mettre le président français devant deux choix : reconnaitre les droits des harkis et des pieds-noirs ou voir leurs voix tomber dans l’escarcelle des autres candidats.
« Nous avons fait passer un message à Patrick Buisson (conseiller de Sarkozy, ancien journaliste à Minute, le journal du FN, NDLR) qui évoque parfois ce sujet avec le président Sarkozy : s'il n'y a pas de projet de loi allant en ce sens, nous serons contraints de le traiter de « menteur ». Nous avons assez attendu. C'est au chef de l'État de prendre l'initiative. Nous n'avons que ce moyen de pression : nos votes. »


3 millions de voix


Selon une étude de l’institut IFOP, les harkis, leurs descendants ainsi que les rapatriés représentent un réservoir plus 3 millions voix. Un pactole non-négligeable.
Cette communauté a entrepris des démarches pour faire aboutir leur cause : la reconnaissance de la responsabilité de l'État français dans les crimes et les préjudices moraux et matériels subis par les harkis et les rapatriés.
Plusieurs associations ont ainsi demandé aux candidats à la présidentielle 2012 de s'engager par écrit pour cette reconnaissance d'un « crime d'État ».


Convention intitulée Candidat-Rapatriés


Tel est d'ailleurs l’objet de la convention Candidat-Rapatriés que nous avons présentée avec Pierre Descaves, président de la Convention nationale des rapatriés [le terme "rapatrié" désigne les harkis et les Français d’Algérie revenus en France après les accords d’Évian en
1962, NDLR], lors de la conférence de presse du 24 janvier 2012 dernier au Sénat.
Cette convention engage d'une part chacun de ses signataires à déposer un projet de loi de reconnaissance de la responsabilité de l’État français [dans le massacre de pieds-noirs et de harkis après le cessez-le-feu, NDLR] dès la première législature, en 2012.
Elle les engage d'autre part à soutenir le vote, en 2013, d’une loi-cadre […] rassemblant l’ensemble des lois, mesures et aides votées depuis 1961.
Actuellement, deux candidats ont signé cette convention : Marine Le Pen [FN] et Jean-Marc Governatori.
Ceux qui refusent absolument François Hollande, le candidat du parti socialiste & Nicolas Dupont-Aignan .
Dans l'attende d'une réponse éventuelle Nicolas Sarkozy et François Bayrou.

Mis en ligne le 24 janvier 2012 modifié le 17 février 2012