L'attentat du Petit Clamart juridiction : Cour Militaire de justice de Vincennes , procès du 28 janvier 1963 au 4 mars 1963

Une bataille de procédure qui veut retarder l'échéance
, la Cour se déclare régulièrement saisie, la Cour est elle régulièrement composée ? .

Premiers interrogatoires, Bertin : " J'ai fait mon devoir, faites votre métier, Alain de la Tocnaye: "Ma famille n'a jamais courbe l'échine".

Interrogatoire du colonel BASTIEN-THIRY " Des engagements, des serments. ", sa déclaration.

Jean-Marie BASTIEN THIRY est fusillé le matin du 11 Mars 1963

Voir ausi dans la Bibliographie de Bab el Oued Story
L’Attentat par Armand Belvisi (Préface par Hélène Bastien-Thiry
)

Voilà, l'Algérie est indépendante depuis deux mois et l'attention s. 'en détourne d'autant plus facilement que le sujet, malgré toutes les poudres aux yeux, n'est pas glorieux, quand, au soir du 22 août 1962, au Petit-Clamart plus d'une centaine de coups de mitraillette sont tirés sur la voiture du Général de Gaulle en partance pour Colombey. Par miracle, personne n'est même blessé. Philosophe, la victime désignée se contente de dire : " Bah ! C'eût été une belle mort. Il vaut mieux mourir comme cela qu'aux cabinets. "

Sa clémence ne s'étend pas toutefois aux organisateurs du commando qui sont rapidement arrêtés, leur chef, le lieutenant-colonel Bastien-Thiry, en tête.

Traduit devant une juridiction d'exception (dont il faut, en cours de procès, proroger les pouvoirs arrivés à échéance !) Ils sont sévèrement condamnés, Bastien-Thiry, en particulier, se voyant infliger la peine de mort. La sanction est rendue le 4 mars. Moins de sept jours après, il est passé par les armes.

Le crime de cet officier était grave : tenter d'enlever le chef de l'état mérite une sanction exemplaire mais les mobiles de son acte étaient nobles : " Le drame (de l'Algérie) n'avait laissé ni trêve ni repos à cet homme foncièrement droit et passionné d'une image de la France que le général de Gaulle venait de décréter périmée ", écrira son frère.

Même si de telles vertus sont aujourd'hui obsolètes, elles passaient, hier encore, pour essentielles à l'honnête homme. De plus, maladresse ou hasard providentiel, il n'a tué personne. S'il n'avait pas été exécuté sur-le-champ, il est certain qu'il serait maintenant gracié, réhabilité et que sa réinsertion familiale et sociale n'aurait pas posé le moindre problème. C'est le cas type de l'atrocité irrémédiable de la peine de mort que l'état actuel de nos mœurs rend intolérable.

Des hommes, des avocats surtout, mènent contre cet anachronisme de notre législation un combat acharné et méritoire : enlever à l'ignoble boucherie de la guillotine ou du peloton d'exécution le corps d'un homme qui se sera plus jamais pantelant, quelle belle cause.

Peu de temps après cet attentat, ces hommes ont réussi à monter une campagne nationale si pressante qu'un jury de cour d'assises n'a pas osé condamner à mort Patrick Henry, coupable du rapt suivi de la mort d'un enfant.

Et, parce que l'assassin d'une petite fille a été guillotiné, on écrit un livre et on fait un film brûlant d'indignation mais que la tombe d'un juste fourvoyé reste nue n'empêche personne de vivre. Car, il faut malheureusement l'écrire, aucune de ces éloquentes voix ne s'est élevée pour tenter d'arracher Bastien-Thiry à un sort ignominieux et lui fut refusée cette pitié si libéralement acquise aux plus ignobles tortionnaires.

Aussi rien ni personne ne pourra nous empêcher de croire que la lutte que ces paladins mènent pour "la mort de la mort " n'est pas comme bien d'autres combats rencontrés sur les pages de Bab el Oued Story uniquement commandée par un irrésistible amour du genre humain.