Disparition du regretté Joseph Lounès Hattab Pacha
 
     
 

Joseph Lounès Hattab-Pacha, descendant par son père du dernier Dey Turc d'Alger, Hussein, et sa famille, étaient vénérés dans la Casbah d'Alger où ils demeuraient.

Dès le début des événements qu'on nomme, aujourd'hui, guerre d'Algérie, il fut sollicité par les Renseignements Généraux afin de lutter contre la rébellion.

En 1956, en service commandé pour la France, il fut victime d'un attentat perpétré par le F.L.N. et reçut, dans la nuque, une balle tirée à bout touchant, qui devait léser la 4ème et la 5ème vertèbres cervicales avant de ressortir par le maxillaire droit.

Joseph Hattab-Pacha fut laissé pour mort et transporté à la morgue où, grâce à un clignement des paupières, on s'aperçut qu'il était encore en vie. En vie, mais invalide à 100% puisque atteint d'une incurable paralysie du côté droit. Il fut reconnu invalide par le Ministère de l'Intérieur et la Commission des Anciens Combattants.

Mais ce philanthrope et ardent patriote continua son action en faveur de la France en créant, dans la Casbah, un Comité pour venir en aide aux mal logés et sans logis, et cette œuvre de bienfaisance lui valut une reconnaissance sans faille du petit peuple.

De ce quartier d'Alger.

Le 16 mai 1958, il entraîna une grande partie de la population de la Casbah à venir sur le Forum manifester ses sentiments profrançais. Il devint Président du Comité de Salut Public de la Casbah, mais fut, ensuite, remercié par ceux dont le but inavoué était l'abandon de l'Algérie.

En 1959, Joseph Hattab-Pacha se présenta aux élections municipales sur une liste apolitique « pour Algérie Française ». C'est avec une écrasante majorité qu'il fut élu Conseiller Municipal d'Alger, puis Maire du 2eme arrondissement qui comprenait la Casbah.

Depuis ce jour, il ne fut plus connu que sous le nom de « Maire de la Casbah ». Un maire qui fut toujours élu par les musulmans de la Casbah d'Alger à une majorité impressionnante et toujours sur un programme exclusivement « Algérie Française ».

Lors des Barricades d'Alger, en janvier 1960, Joseph Hattab-Pacha se trouvait en France. Il rentra immédiatement en Algérie où on lui demanda de faire descendre la Casbah sur le Forum, ce qu'il refusa, pressentant le piège et les provocations organisées qui se sont produites par la suite (tirs dans le dos des gendarmes qui ripostèrent en direction des insurgés).

Joseph Hattab-Pacha prononça alors un discours sur les sentiments profrançais des habitants de la Casbah. Cela lui attira les foudres du Gouvernement français et il fut suspendu de ses fonctions de Maire. Ayant saisi le Tribunal Administratif, ce dernier reconnut que le Maire de la Casbah n'avait commis aucune faute au regard de son mandat, mais il se déclara incompétent en vertu du fameux article 16 !

Trois mois plus tard, Joseph Hattab-Pacha se présentait aux élections du Conseil Général d'Alger, sous la profession de foi suivante : « Liste pour l'Algérie Française, tout pour l'Algérie Française, rien sans l'Algérie Française ». Malgré un découpage scandaleux, il arriva en tête dans la Casbah, battant même, et de loin, les maires d'arrondissements et leurs colistiers dont Ali Khodja, Président du Conseil Général et promoteur de l'Algérie algérienne.

A la démission de M. Corbin, Joseph Hattab-Pacha fut élu Président du Conseil Municipal d'Alger par 56 voix sur 71.

La Constitution Française violée, les métropolitains abusés, les Français d'Algérie, de toutes ethnies, abandonnés, le territoire national désintégré, ceci n'était-ce pas suffisant pour dénoncer la forfaiture de Charles De Gaulle ? Joseph Hattab-Pacha s'engagea, à fond, dans cette Résistance française qui voulait garder à la France son patrimoine.

Mais il n'a jamais pu oublier ces hommes, ces femmes, qui aimaient la France, qui attendaient tout d'elle, au point d'avoir fait de la Casbah d'Alger, à l'époque du 13 mai 1958, un éclatant fleuron tricolore, ces hommes, ces femmes que la France gaulliste avait trahi en les abandonnant aux mains de leurs bourreaux.

C'est pour cela qu'il a pris, en 1993, la tête du Comité VERITAS auquel il s'est dévoué, corps et âme, afin de défendre et de rétablir la vérité historique sur l'Algérie Française occultée, bafouée, falsifiée, décomposée en France.

Il n'a pas craint de défier les fausses idoles, les menteurs et les prévaricateurs sur leur terrain, il a attaqué, sans ménagement, au plus haut niveau de l'Etat, en termes foudroyants... Qui l'a contredit? Personne! Les personnalités mises en cause et leurs thuriféraires ont gardé le silence... Un grand silence de la part de ceux qui, à tous les niveaux, se prétendent responsables...

N'est-ce pas là la meilleure preuve que cette grande voix, qui vient de se taire, proclamait la vérité... Elle a démontré, à elle seule, l'imposture, ou la lâcheté, de ceux qui nous gouvernent...

L'altruisme spontané, le patriotisme irréductible, le respect de la parole donnée, la rigueur dont Joseph Hattab-Pacha a toujours fait preuve dans l'engagement, toutes ces qualités exceptionnelles font que cet homme d'honneur demeurera, à jamais, irremplaçable et irremplacé... Mais son esprit ne nous quittera jamais !

 
 
Lire aussi : Lettre à Jo par Geneviève de Ternant   Homélie de l'Hommage à Joseph Hattab Pacha
le 24 octobre 2009 par Anne Cazal
 
 


Bab el Oued Story et son Webmestre tiennent à rendre hommage à cette grande figure de la défense de l’Algérie française et de l’Algérie.  Nous avions pu rencontrer cet infatigable combattant sur de nombreux bancs des prétoires.
Je salue également la mémoire de cet homme d’exception au parcours riche et admirable, élu respecté de la Casbah d’Alger, qui par son courage, son humilité et son engagement sans faille au service des Rapatriés d’Algérie il a su incarner les valeurs fondatrices de notre communauté.
Bab el oued Story tient enfin à saluer la véritable dimension de la lettre de Veritas qu’il a dirigé avec d’autres personnes et qui est un exemple bien trop rare dans nos paysages d’associations de Rapatriés d’Algérie.
Aux familles éprouvées, nos plus sincères condoléances ! – JLG -