Disparition de Pierre Marcel Salva ancien joueur du Gallia d'Alger 1912 -2005
 

Marcel Salva ,coupe Algérie 1956
 
 

Disparition de MARCEL SALVA
1922 -2005

l'élégance et la technique

Adieu Marcel ... Le meilleur défenseur que le foot-ball d'Algérie ait connu vient de nous quitter... à quelques jours de Noël dernier.

Au firmament des étoiles sportives d'Afrique du Nord, ce grand champion avait rejoint, puis dépassé, Lucien Jasseron, le modèle de sa jeunesse. Plus de quarante ans après ses derniers matchs avec le Gallia d'Alger, il demeurait le personnage le plus entouré, le plus sollicité, lorsqu'il apparaissait dans les divers rassemblements de notre communauté ;

 
 
 
Né le 1er octobre 1922 à Alger, Marcel était le sixième et dernier enfant des Salva, commerçants en bestiaux et laitiers au « Climat de France », colline surplombant le quartier de Bab-el-Oued.

A quatre ans, il perdit son père et fut obligé, son certificat d'études obtenu, de quitter la communale pour, à l'exemple de ses trois sœurs et de ses deux frères, aider sa maman à faire tourner la petite entreprise familiale.

Dès l'âge de douze ans, il se mit à jouer au foot-ball sous les couleurs rouge et bleu du F.C. Rochambeau, modeste club de Bab-el-Oued.

En 1937, il rallia l'ASSE dans le quartier voisin de Saint-Eugène.

Sous la houlette d'un entraîneur avisé, Paul Baron, et côtoyant De Villeneuve, Stepanof, Pierre Izzo, ou le remarquable meneur de jeu Charly Sas, le jeune Marcel progressa très vite. Grand, costaud, il fut appelé, à 17 ans, en Sélection d'Alger.

En 1942, mobilisé, il endossa l'uniforme bleu des aviateurs cantonnés à La Redoute mais put continuer à évoluer le dimanche avec l'ASSE. Il fut Champion d'Alger en 1943 et 1944.

Dans l'équipe de l'Aviation, Salva retrouva son ami de l'ASSE, Pierre Landi, son aîné Lucien Jasseron et Jean-Claude Samuel du RUA, Pierre Ponsetti du Red Star d'Alger ainsi que l'Oranais André Philippot.

Cette brillante phalange permit à l'équipe militaire française de s'illustrer lors des Jeux Inter-Alliés, organisés à Naples en 1944. Quelques mois plus tard, ils étaient à Paris, attendant d'être démobilisés.

Cette présence fut une aubaine pour Paul Baron qui venait d'arriver dans la capitale pour entraîner le Racing. Le club « Ciel et Blanc » était alors en mauvaise posture : avant dernier du Championnat, à mi-parcours, mais le renfort inespéré venu d'Algérie permit un retournement spectaculaire.

Le Racing ne perdit plus un match, termina en sixième position mais surtout remporta la Coupe de France !

Ce prestigieux trophée, obtenu le 6 mai 1945, aux dépens de Lille, battu 3 à 0, sera suivi, quelques mois plus tard, d'une autre grande joie sportive pour Marcel. Ses remarquables prestations sans cesse renouvelées avec le Racing n'avaient pas échappées à l'Ïil du sélectionneur et il fit sa première apparition dans l'Equipe de France. Pour ce match contre l'Autriche, devant 55 000 spectateurs entassés au Stade du Prater de Vienne, Salva avait à ses côtés l'Oranais Jean Bastien, son ami Jean-Claude Samuel né à Guelma mais également la « perle noire » : Larbi Ben Barek. Marcel avait si bien tenu sa place que cinq autres sélections avec le coq gaulois sur le maillot suivirent.

Encore « amateur », il semblait promis au plus bel avenir en devenant « pro » mais il décida de rentrer en Algérie. Jeune marié, Salva qui considérait la carrière sportive aléatoire et éphémère, préféra rejoindre ses frères qui avaient donné de l'ampleur à l'entreprise familiale.

Ce départ lui causa quelques ennuis avec la Fédération Française car les joueurs de cette époque étaient liés avec leur club jusqu'à la fin de leur carrière sportive. En remboursant au Racing quelques primes pourtant bien méritées, il put cependant revêtir à nouveau le maillot rayé rouge et blanc de l'ASSE.

Les mois passèrent ... A Paris, on n'avait pas oublié, ni remplacé Marcel du côté du Parc des Princes et du Stade de Colombes. Les sollicitations répétées finirent par le décider. L'entreprise algérienne était sur de bons rails, et il pouvait donc se lancer dans cette aventure « pro ».

Cette période, de fin 1947 à l'été 1952 valut à Salva une seconde Coupe de France, remportée en 1949. L'année suivante, il échoua en finale contre le Stade de Reims. Sept sélections internationales s'ajoutèrent à son palmarès et celui qui lui succéda, Roger Marche entra dans la légende avec 45 matchs en Equipe de France.

Auréolé de ses succès métropolitains au plus haut niveau, Marcel était attendu comme le Messie par les sportifs algérois.

Où allait-il évoluer ? Quel club allait bénéficier de son expérience et de son talent ?

Au grand dam des supporters de l'ASSE, il s'engagea sous les couleurs rouge et bleu du Gallia Sports d'Alger (le G.S.A.) qui évoluait au stade Municipal.

A la tête de ses « Coqs », Capitaine et entraîneur-joueur, Marcel remporta 3 championnats de la ligue d'Alger en 1954, 1955 et 1958 et gagna la Coupe d'Algérie en 1958.

Gagneur et meneur d'hommes hors pair, Salva était également habile tacticien ; tout en galvanisant son équipe, il pouvait à tout moment retourner une situation compromise par d'intelligentes consignes de jeu.A l'orée de la saison 1959, il décida de « laisser la place aux jeunes » tout en continuant à diriger le jeu et les entraînements du Gallia. La passion du foot était toujours vivace chez lui 25 ans après ses débuts.

En 1962, la grande encyclopédie du foot-ball rendait hommage au très grand joueur qui s'était illustré sur les grands stades d'Europe, de Métropole et d'Afrique du Nord : « Sportif racé, aux placement et jeu de tête excellents, aux interventions sobres, efficaces et très intelligentes ».

1962 justement ... une année douloureuse pour notre communauté et que Marcel avait si mal vécue.

Viscéralement attaché à sa terre natale et à ses racines algéroises, il ne put jamais se consoler de ce départ d'Algérie Française vécu comme un déchirement.

 

   
 






Gallia Sports

 

C'est à Salon de Provence, où il s'était installé après l'exode, que j'ai eu le plaisir de rencontrer et d'apprécier, ô combien, Marcel Salva. Adolescent à Alger, j' étais un « fan » du Gallia ; c'est dire si je connaissais déja le joueur !

Au cours d'innombrables repas pris ensemble dans sa « Brasserie du Paradou », nous refaisions l'histoire... quand ce n'était pas les matchs. Nous avions sympathisé presque immédiatement et je pus ainsi découvrir l'homme de cÏur, discret, sensible et modeste qu'il était.

Et à peine parti, mon ami Marcel me manque déjà...

John Franklin