MARCEL SALVA Le foot-ball, sport roi en Afrique du Nord, vient de perdre son plus illustre représentant. Champion de haut niveau, Marcel SALVA, le « Grand Marcel », restera à jamais le meilleur défenseur de « là-bas ».
 
 
     
Né le 22 octobre 1922 à Alger, il débuta tout gamin sous le maillot rouge et bleu d'un modeste club de Bal El Oued : le F.C. ROCHAMBEAU.
Adolescent, mais déjà grand et racé, SALVA rejoignit les rangs de 1'A.S.S.E. dans le quartier voisin de Saint Eugène. Sous la direction d'un mentor d'exception, Paul BARON, il progressa à pas de géant ; sélectionné à 17 ans de la Ligue d'Alger, il remporta le Championnat en 1943 et 1944.
Mobilisé en 1942, Marcel avait endossé l'uniforme des aviateurs cantonnés sur les terrains de l'ancien Golf à la Redoute. Dans cette équipe de l'« Aviation », il retrouva son co-équipier de l'A.S.S.E, Pierre LANDI, ses amis du R.U.A., SAMUEL et JASSERON (ce dernier avait été et restait son modèle), Pierre PONSETTI du RED STAR et l'oranais André PHILIPPOT.
 
 
     
         
     
 
 
Ces militaires footballeurs se distinguèrent à NAPLES lors des Jeux Inter Alliés. Dans les derniers mois de la guerre, en attente de démobilisation, cette brillante phalange se retrouva à Paris et Paul BARON, venu à la rescousse du Racing de Paris, s'empressa de la recruter.
Le vieux club parisien en avant dernière position avait bien mal entamé son championnat ; le renfort inespéré des joueurs venus d'Algérie fut salvateur. Le Racing ne perdit plus un seul match et dans l'autre compétition, tant convoitée, la Coupe de France, il parvint en finale et s'imposa face à Lille battu 3 à 0.
Marcel, multipliant de remarquables prestations au fil des matchs, avait « tapé dans l'oeil » du sélectionneur. Il fit sa première apparition en Equipe de France à Vienne contre l'Autriche le 6 décembre 1945.
   
A ses côtés ce jour-là : le célèbre gardien de but DARUI mais aussi la « Perle Noire » Larbi Ben BAREK et deux joueurs d'Algérie : SAMUEL et BASTIEN.
Marcel semblait promis au plus bel avenir, lui encore amateur signant chez les « pros », d'autant qu'il avait enchaîné avec cinq autres sélections « le coq gaulois sur la poitrine ». Il préféra pourtant revenir à Alger. Jeune marié, estimant la carrière sportive aléatoire, éphémère, il retrouva donc ses proches qui avaient en charge le commerce familial de laiterie et bestiaux. Cet établissement, qui prenait beaucoup d'ampleur, sera exproprié par l'Etat en 1957 pour la construction de l'immense cité du Climat de France.
GALIA SPORTS
Auréolé de ses succès métropolitains Marcel reprit sa place à l'A.S.S.E. ; les mois, les matchs passèrent... A Paris on n'avait pas oublié le talentueux algérois, sans équivalent à son poste. Les dirigeants du Racing renouvelèrent les démarches et ces sollicitations répétées finirent par décider SALVA.
Pendant son second séjour parisien, il remporta une nouvelle fois la Coupe de France en 1949 et fut finaliste l'année suivante. Avec les « Bleus » il obtint 7 autres sélections internationales. Son successeur chez les « tricolores » sera Roger MARCHE qui le remplaça également dans les rangs du Racing.
En 1952, le retour de Marcel dans sa ville natale se fit au grand désespoir des supporters de l'A.S.S.E.. SALVA s'engagea en effet sous les couleurs du Gallia Sports d'Alger, le GSA, grand rival des Saint-Eugénois.
A la tête de ses « Coqs », entraîneur, joueur et capitaine d'équipe, Marcel remporta 3 championnats en 1954, 1955 et 1958 et la Coupe d'Algérie en 1958. Meneur d'hommes, gagneur, fin tacticien, Marcel qui était admiré, respecté et craint sur tous les terrains d'Afrique du Nord, devint une figure emblématique du sport.
Déjà Médaille d'Or de la Fédération Française de foot-ball, il fut à nouveau distingué en 1956 par la Médaille d'Or de I' Education Physique et Sportive.
A l'orée de l'année 1959, Marcel « laissa la place aux jeunes », restant l'avisé coach toujours capable de renverser le cours d'un match.
Très profondément attaché à sa terre, à sa famille et à la vie algéroise, Marcel SALVA vécut très douloureusement les dernières années tragiques de l'Algérie Française et resta inconsolable de ce départ forcé. Ayant eu le privilège de le bien connaître et de devenir son ami en France, j'ai eu maintes occasions d'apprécier l'homme de coeur, discret et sensible qu'était ce grand champion. Plus de quarante ans après ses derniers exploits sportifs, Marcel restait l'homme le plus entouré, le plus fêté lors des rassemblements de notre communauté. C'est dire si nous ne l'oublierons pas.
John FRANKLIN

Bibliographie
« Si le Gallia m'était conté !... » - 1908-58 « Quarantenaire de l'A.S.S.E. » 1908-1948
« Encyclopédie du foot bail français » Gilles GAUTHEY 1962
« La Mémoire du foot-ball d'Afrique du Nord » Hubert ZAKINE Auto Edition 1995
« Sports Nord Africain » - 1947 Tome 1 Editions Agence Art Graphique - 1948
 
EQUIPE DE FRANCE
Poste occupé : défenseur
Nombre de sélections en A : 13
Nombre de buts marqués : 0
6 Palmarès Vainqueur de la Coupe de France (1945 et 1949) avec le RC Paris
Club(s) successifs RC Paris (1944-1952), ASSE, GSA
6 Liste des matchs joués
- 1 06 décembre 1945 AUTRICHE-FRANCE (4-1)
- 2 15 décembre 1945 BELGIQUE-FRANCE (2-1)
- 3 07 avril 1946 FRANCE-TCHÉCOSLOVAQUIE (3-0)
- 4 14 avril 1946 PORTUGAL-FRANCE (2-1)
- 5 05 mai 1946 FRANCE-AUTRICHE (3-1)
- 6 19 mai 1946 FRANCE-ANGLETERRE (2-1)
- 7 23 avril 1949 PAYS-BAS-FRANCE (4-1)
- 8 27 avril 1949 ECOSSE-FRANCE (2-0)
- 9 22 mai 1949 FRANCE-ANGLETERRE (1-3)
- 10 03 octobre 1951 ANGLETERRE-FRANCE (2-2)
- 11 14 octobre 1951 SUISSE-FRANCE (1-2)
- 12 01 novembre 1951 FRANCE-AUTRICHE (2-2)
- 13 26 mars 1952 FRANCE-SUEDE (0-1)
 
Voir aussi disparition de Pierre Marcel Salva ancien joueur du Gallia d'Alger 1912 -2005