C’est beaucoup dire. On les fit arriver de nuit à Orly. Comme des pestiférés. A Orly où on leur interdisait d’utiliser les escaliers mécaniques avec leurs pauvres bagages, histoire de ne pas gêner les Patos qui partaient en vacances.
A Marseille, ils furent accueillis par de grandes banderoles : « Les pieds-noirs à la mer ! » Louis Joxe voulait les envoyer en Australie, au Brésil ou en Argentine. Pompidou penchait plutôt pour l’Amérique du Sud. De Gaulle préconisait la Nouvelle-Calédonie ou la Guyane. Un rapport de 1962 indique : « Les Français d’Algérie qui débarquent en métropole font l’objet d’une froide indifférence, ou même d’appréhensions. »
Aujourd’hui, les mêmes autorités, les mêmes politiciens ou leurs descendants, ceux-là qui rejetaient leurs compatriotes dans le malheur, exigent que soient accueillis « à bras ouverts » les prétendus
« réfugiés » du monde entier.
Les pieds-noirs, pardon de le signaler, étaient des Français.
Même un gaulliste patenté comme Florian Philippot a cru utile de le rappeler au saltimbanque Francis Huster qui venait de lui dire : « Quand on a accueilli les pieds-noirs, ils sont devenus français » (sur BFMTV) : « Les pieds-noirs étaient français » (2).
Les téléspectateurs, qui ont écrit pour protester contre la Cayrolitude de « C dans l’air » ont reçu une réponse misérable et faux-cul du directeur en charge de la communication relationnelle : « Je comprends que certains mots d’esprit (sic) ou certains thèmes abordés peuvent être appréciés différemment selon la sensibilité, le tempérament, les goûts ou les convictions de chacun.
Cependant, France 5, chaîne de service public (reste) se doit d’être un lieu d’expression pluraliste (re-resic) permettant à chacun de s’exprimer librement. »
Sauf, gros bouffi, que personne sur le plateau n’a claqué le beignet du Cayrol...
On peut donc aujourd’hui arguer honteusement de accueil (très relatif) des pieds-noirs, chassés de leurs terres après des années de massacres innommables, pour faire accepter l’accueil (« à bras ouverts », celui-là) d’étrangers (majoritairement musulmans de surcroît). Et l’on pensera bien sûr aux harkis et à leurs familles parqués dans des camps de rétention ui tenaient plus de stalags que ’autre chose.
Le maréchal Juin disait que, compte tenu de son inhumanité à l’égard des Français d’Algérie, la France était en état de péché mortel. Qu’elle sache, cette France-là, que nous n’avons rien oublié.
Et rien pardonné.
(1) De Gaulle, parlant du général Jouhaud, dira : « Ce n’est pas un Français comme vous et moi, c’est un pied-noir. »
(2) Huster, qui est un âne rouge, dira encore : « Dans les migrants, nous avons des futurs Montaigne. » Réponse de Philippot : « Ou plutôt des futurs Coulibaly... »
Alain Sanders |