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Dix semaines après celui de Normandie. Environ 350.000 hommes, dont plus de 200.000 soldats français, prennent part à l'opération «Dragoon». Le 17 au matin, le gros des forces françaises débarque. Pour une grande part des 110 à 120.000 soldats provenant des colonies et d'Afrique du Nord. Depuis la France oublie les combattants d’Afrique venus à son secours.
 
       
Le 15 août 1944 débute le Débarquement de Provence, dix semaines après celui de Normandie. Environ 350.000 hommes, dont plus de 200.000 soldats français, prennent part à l'opération »Dragoon» qui, si elle est moins célèbre, n'en demeure pas moins complémentaire de l'opération «Overlord» car elle permettra aux forces alliées de prendre en tenaille les troupes nazies et de remonter victorieusement jusqu'en Allemagne.
La décision de mener une opération amphibie de grande ampleur sur les côtes de Provence est arrêtée lors de la conférence de Téhéran, qui réunit Joseph Staline, Franklin Roosevelt et Winston Churchill à la fin de l'année 1943. D'abord nommée «Anvil», l'opération est rebaptisée «Dragoon» (forcer quelqu'un à faire quelque chose, NDLR), le Premier ministre britannique affirmant avoir été contraint de l'accepter.
L'opération est confiée à la VIIe armée américaine, qui regroupe le 6e corps d'armée, une division aéroportée anglo-saxonne et ce qui allait plus tard devenir la Ière armée française, le détachement d'armée B du général de Lattre de Tassigny. Préparée avec le concours de la Résistance, elle a pour objectif la saisie d'une tête de pont à l'est de Toulon pour pouvoir, par la côte, saisir Marseille et remonter vers le nord par le couloir rhodanien.
Comme en Normandie, le Débarquement de Provence est précédé d'une opération d'intoxication aérienne -baptisée «Vendetta»- de largage de parachutistes et d'une arrivée de troupes et de matériel en planeurs. Ces opérations débutent sur la région de la Ciotat (plusieurs kilomètres à l'ouest du débarquement) par des largages de faux parachutistes et de bandelettes métalliques censées simuler la présence d'une escadre aérienne sur les radars ennemis.
Profitant des bombardements sur l'aviation allemande au cours des semaines précédentes, plusieurs centaines de bombardiers et de chasseurs pilonnent ensuite les défenses côtières afin de favoriser le parachutage des troupes aéroportées.
Baptisées «First Airborne Task Force», celles-ci sont essentiellement composées de soldats britanniques, parachutés les premiers avec pour mission de sécuriser le terrain. Les vagues suivantes font intervenir des parachutistes américains. Initialement prévus dans les plans, les Français ne participent finalement pas à la mission. L'opération totalise un effectif de 9.730 hommes, 535 avions et 456 planeurs.
Les forces navales prennent le relais pour assurer le débarquement au sol. L'armada alliée est impressionnante: 500 bâtiments de combat, dont neuf porte-avions d'escorte, cinq navires de ligne, 25 croiseurs, 87 destroyers, 64 escorteurs et 118 dragueurs. Trente-quatre bâtiments français y figurent également.
Appuyées par des tirs de barrage, les premières troupes alliées débarquent à terre à 8h. L'assaut des plages est divisée en trois secteurs. A l'ouest, la force Alpha prend position sur les plages de Cavalaire, Sylvabelle et Pampelonne. La force Delta doit occuper la zone centrale qui s'étend de Nartelle au Val d'Esquières. Le secteur le plus oriental est réservé à la force Camel, qui doit prendre pied sur les plages entre Fréjus et Anthéor.
Le 15 août à 22h, 60.000 hommes et 6.000 véhicules sont à terre. Saint-Raphaël n'est pas encore prise, mais l'opération «Dragoon» est néanmoins un succès. On ne déplore que peu de pertes et la tête de pont est fermement établie.
Le 17 au matin, le gros des forces françaises débarque. Pour une grande part des 110 à 120.000 soldats provenant des colonies et d'Afrique du Nord, c'est le premier contact avec le sol de la métropole. La 3e Division d'infanterie algérienne, la 1ère Division française libre, la 9e Division d'infanterie coloniale et les reliquats de la 1ère Division blindée constituent la première vague. La deuxième débarquera quelques semaines plus tard et les troupes françaises seront renforcées par les 2e et 4e Divisions marocaines et la 5e Division blindée.
La marche débute tout de suite vers Toulon et Marseille, qui sera libérée le 25 août. Les Allemands battent alors en retraite pour resserrer leurs forces plus au nord, permettant aux troupes françaises de remonter rapidement la vallée du Rhône.
Le 14 septembre, c'est la jonction avec ceux d'Overlord. Les éléments français débarqués en Normandie font la jonction avec les troupes commandées par le général de Lattre de Tassigny à Chatillon-sur-Seine (Côte d'Or). Le 27 septembre, cette force prend l'appellation de Ière armée française et regroupe désormais toutes les forces militaires et combattantes du pays.
Près de trois mois après le Débarquement de Provence, les Alliés franchiront le Rhin avec à leur tête cette Ière armée française. L'Allemagne capitulera le 8 mai 1945.
Une fois de plus, la France se rappelle aux bons souvenirs de ses anciens combattants venus d'horizons divers.
Après ce qu'il est convenu d'appeler le rappel sur pension du mois de mai, lequel rappel a fait autant des heureux que des déçus, c'est le tour des médailles pour les vieux nègres. Deux de nos vaillants tirailleurs voltaïques en bénéficieront le 15 août à Toulon en France à l'occasion des manifestations commémoratives du 60e anniversaire du débarquement de Provence. En l'honneur des deux vétérans, a eu lieu à la résidence de l'ambassadeur de France à Ouagadougou, le 9 août 2004 à partir de 17h, une cérémonie suivie d'un vin d'honneur.
Elle se prépare à honorer ceux qui ont ouvert un second front en débarquant le 15 août 1944 en Provence. Le succès des alliés fut immédiat. Dès le 23 août, Toulon fut libéré, puis vint le tour de Marseille (le 28 août. Parmi les forces engagées dans l'opération Dragon, de nombreux régiments d'Afrique se sont illustrés au cours d'âpres combats. Ce sont par exemple des "tirailleurs sénégalais" du 6e RTS qui ont pénétré les premiers dans Toulon. Ils comprenaient dans leurs rangs de nombreux Voltaïques parmi lesquels Tibila Ouédraogo et Christophe Bambara. Le 15 août 2004, en rade de Toulon, une cérémonie internationale réunira sur le porte-avions "Charles de Gaulle" des chefs d'Etat africains, qui ont combattu, il y a 60 ans, pour la libération de la France. Sous le regard du président du Faso, qui a répondu à cette invitation, la France décorera ces deux anciens combattants burkinabé.
En attendant, ils étaient les invités d'un soir de la résidence de France le 9 août 2004. La cérémonie pour les honorer s'est tenue en présence du ministre Yéro Boly. Les deux anciens combattants, Tibila Ouédraogo et Christophe Bambara, sont arrivés avec leurs accompagnateurs à la résidence de France. Le dernier, à l'aide de sa canne et coiffé d'une chéchia rouge (souvenir du Sénégal ?), Laquelle chéchia en a connu des vertes et pas mûres, car, dira-t-il, il la porte depuis sa mobilisation en 1941. A l'écouter on se convainc davantage que les tirailleurs sénégalais ont beaucoup fait pour l'ancienne métropole. Dans un français à faire retourner Victor Hugo dans sa tombe, mais vibrant de sincérité, il confia : "Nous avons marché à pieds de Tenkodogo jusqu'à Niamey en passant par Ouagadougou. A Oran (NDLR : Algérie), nous avons prend bateau Pasteur". Dans sa déclaration liminaire, la chargée d'affaires de l'ambassade de France, Mme Sophie Bès, comme pour abonder dans son sens, ajoutera : "Vous faites partie de ceux qui sont venus nous libérer". Prenant à témoin le ministre de la Défense Yéro Boly, il dira : "Midaille-là c'est bon, mais pension-là, ça suffit pas. Même à Paris. Par exemple, moi j'ai 9 femmes. 50 000 pour partager 9 femmes, c'est combien. Et puis un autre problème : tu as femme en pagaille, tu as mort, l'enfant y en a. Comment ils vont faire ?" A ces différentes questions, Chirac répondra peut-être le 15 août à Toulon, car le vaillant tirailleur voltaïque a promis de les lui poser si on lui en donne l'occasion. Reconnaissons malgré tout qu'il a beaucoup de chance. Car recevoir une décoration 60 années après, et de son vivant, ce n'est pas à la portée du premier Burkinabé venu. Surtout dans un pays où l'espérance de vie tourne autour de 40 ans.