Editorial
Brèves
Bastien - Thiry (suite)
O
uverture à Rome de la cause en béatification d’Edmond Michelet.
Suite du bulletin AMEF N°26

 
 
     
 
Bulletin
A.M.E.F N° 26
 
       
 
 

E D I T O R I A L


Un vent de haine a recommencé à souffler sur notre pays pour tout ce qui touche à l’Empire en général et l’Algérie en particulier.
Quelques associations gauchisantes (MRAP, LICRA LDH etc. secondées par le PC et d’autres) veulent interdire le mur des disparus à Perpignan, faire démolir les stèles à la mémoire de ceux qui sont morts pour l’Algérie française. Après l’abrogation de la loi de février 2005 tous ces gens essaient encore une fois d’enfoncer le clou, il faut que la mémoire de la Grande France disparaisse pour faire place à une histoire édulcorée, sans âme et que le peuple soit plus aisément manipulable.
La dernière manifestation des politiquement corrects est à propos du dictionnaire "Petit Robert". Les associations habituelles (citées plus haut) soutenues par le CRAN (conseil représentatif des associations noires) demandent le retrait de l’édition 2007 du dictionnaire précité au motif qu’il donne pour exemple au verbe « coloniser » :


Coloniser un pays pour le mettre en valeur.


Exemple impensable dans la France du XXIème siècle, il faut abattre le Petit Robert, il faut rayer de nos mémoires que l’Empire français ait été une œuvre magistrale qui a apporté la modernité, l’éducation, la santé aux pays qui furent à un moment donné partie intégrante de la Patrie. Au fait, que font les académiciens pendant ce temps ?
Et puis à l’approche des élections on nous fait part de l’envolée spectaculaire de l’optimisme en France, de la reprise des activités, de la baisse du chômage etc. Grâce à quoi ?
D’abord parait-il parce que l’équipe de France de football : les BBB (blacks, blacks, beurs) a été en finale d’une coupe.
Je ne vois pas en quoi une défaite dans un championnat puisse remonter le moral des Français, ou alors peut-être est-ce le coup de boule de Zidane…De toute façon ne comprenant rien au "foteballe" je peux croire que tout est possible.
Aujourd’hui, on nous dit que la France a relevé le front : nos soldats sont repartis au Liban pour sauver la paix, mais pas pour désarmer le Hezbollah. Alors d’ici qu’il y ait un Drakkar bis…
On a tout de même, enfin, après des mois de recherches infructueuses, remis la main sur l’imam de Vénissieux qui devrait une nouvelle fois être expulsé de France. Jusqu’à son retour peut-être. Et cela sans parler des dizaines d’autres imams proches du groupe salafiste qui continuent à prêcher la guerre sainte aux quatre coins de France
Grâce à tout cela, Chichi est un homme heureux, il remonte parait-il dans les sondages, voit son quinquennat s’achever sous les meilleurs hospices, d’ici qu’il pense à se représenter…Et pourquoi pas une candidature de Jospin aussi, quelles belles têtes ….d’affiches, les deux comiques remontant sur scène pour un dernier tour de piste, le monde entier n’aurait pas fini de rigoler.
Mais nous, on s’en fiche, on ne vote pas pour eux.
Robert SAUCOURT

 

BREVES

  1. Le journal algérien  El Watan fait paraître la publicité suivante : « Moudjahidine, Renault Algérie vous offre les meilleurs avantages. Prix spécial Moudjahidine. Possibilité de crédit. Acquisition en dinars algériens. Dans tous le réseau Renault, Renault Algérie SPA, 60 Bd colonel Bougara BP 353 El Biar 16030. » La dite publicité est accompagnée de la photo d’un FLN pendant la guerre d’Algérie. Comme vous pouvez le lire, Renault fait donc des prix aux anciens fellouzes, c'est-à-dire à des gens qui ont combattu la France avec tous les raffinements que l’on connaît. A notre connaissance, Renault n’a jamais fait de telles offres aux anciens combattants français de la guerre d’Algérie.
  2. La préfecture de police de Paris a fait interdire la manifestation et le dépôt de gerbe organisés par les anciens du Lycée Lamoricière d’Oran en mémoire des victimes des massacres du 5 juillet 1962. Ceci au prétexte que la présence "d’apologistes de l’OAS" (ADIMAD) avait provoqué l’indignation des familles des victimes de l’OAS, du MRAP, de la LICRA de la LDH. (comme par hasard !). L’Humanité « précise » même qu’il aurait été inconvenant que cette cérémonie ait lieu alors que les massacres de ce jour là, comme ceux du 26 mars à Alger étaient le résultat de la "stratégie sanguinaire de l’OAS" ! (Pour avoir été ce jour là rue d’Isly j’ai trouvé que la dite stratégie était plutôt du coté des forces dites de l’ordre.)
Très bonne idée d’Alain Sanders dans "Présent" du 7 septembre : pourquoi ne pas chercher un financement pour tourner un film sur Camerone, Bazeilles ou Sidi-Brahim - scénarii qui sont dans ses cartons ou ceux d’amis -, ce qui nous changerait du film à budget impressionnant réalisé pour soi-disant glorifier l’Armée d’Afrique, mais qui essaie encore une fois de stigmatiser les "méfaits du colonialisme vis-à-vis des soldats musulmans" comme le crie un peu partout la nouvelle coqueluche de la jet-set monsieur Debbouze.
 

BASTIEN-THIRY (suite)

En tant qu'aviateur et technicien, je me dois de mentionner les graves mécomptes auxquels la Nation s'exposerait en se basant sur la force de frappe pour garantir cette politique  d'isolement ; mécomptes qui risquent d'être semblables à ceux que l'on a rencontrés en 1940, en se basant sur la ligne Maginot pour assurer la sécurité du Pays. J'ai rédigé, il y a deux ans, un rapport sur la force de frappe qui a été diffusé au Ministère de l'Air et que je tiens à votre disposition. Les conclusions auxquelles on aboutit facilement, est que cette force dite de dissuasion sera, en réalité, incapable de dissuader l'adversaire désigné et sera plutôt de nature, par son existence à l'intérieur de nos frontières, à attirer et à justifier sur le pays, des coups atomiques adverses que nous serions bien incapables de rendre; je n'ai d'ailleurs jamais entendu un général de l'Armée de l'Air assurer que l'on aurait réellement la capacité de dissuasion, sauf un seul qui travaille dans la firme qui construit les bombardiers. J'insiste sur le fait que l'une des raisons de mon opposition à la politique gaulliste réside précisément dans le caractère aberrant de cette attitude d'autonomie nationale basée sur un outil militaire illusoire auquel a été sacrifié l'ensemble de la politique militaire nationale : ceci est totalement irréaliste.
Les conditions sont donc réunies pour que le peuple français se retrouve un jour sous la férule d'un régime communiste ou cryptocommuniste, sans même s'être bien rendu compte des différentes étapes qui auront été franchies pour en arriver là. Ceci sera le résultat de l'abandon des valeurs spirituelles, morales et nationales qui ont fait, dans le passé, l'armature de notre pays et dont le maintien devrait constituer la condition essentielle de survie nationale. Ceci sera le résultat de l'abandon d'un idéal de liberté et de dignité humaine, idéal qui se trouve inscrit dans les lois de la Nation, qui fut dans les traditions de la Nation et que le pouvoir politique a si cruellement bafoué en imposant sa propre loi aux Français d'Algérie.
Ceci m'amène à rappeler dans quelles conditions le pouvoir politique a violé, de la façon la plus cynique et la plus nette, cette loi suprême de la Nation à l'intérieur de laquelle sont inscrites les garanties des droits et libertés de tous les citoyens français; cette loi, c'est la Constitution. L'application de la Constitution s'impose à tous et d'abord au Chef de l'Etat qui, par définition, en est le gardien et le gérant. Cette constitution est un garde-fou qui a pour but d'empêcher le régime républicain de dégénérer en dictature et en tyrannie. Le Chef d'Etat qui la transgresse se met, par ce seul fait, hors des lois de la Nation; il est coupable de forfaiture et doit être traduit en Haute Cour.
Bien d'autres que nous ont dit, avant nous, que l'actuel Chef d'Etat avait transgressé et violé la Constitution. Cette Constitution, à notre avis, a été violée à la fois dans son essence, dans son esprit et dans sa lettre.
La Constitution a été violée dans son essence, car l'essence de la Constitution est d'exprimer la double loi de survie et d'unité nationale. L'unité nationale, c'est la conservation et la défense du patrimoine de la Nation, c'est-à-dire du patrimoine de tous les Français, où qu'ils se trouvent. C'est l'unité nationale qui a été brisée et c'est le patrimoine national qui a été sacrifié en Algérie par le Chef de l'Etat, de par ses propres volonté et initiative, sans qu'aucune pression extérieure puisse en fournir la moindre excuse. D'autre part, ce sont ces conditions de survie de la Nation qui ne sont plus assurées, à la suite de cette savante entreprise de dénationalisation de l'opinion publique, qui a été menée depuis quatre ans. C'est son armature morale qui a été détruite.
La Constitution a été violée dans son esprit; car l'esprit de la Constitution, c'est un certain nombre de principes moraux et humains : ce sont en particulier les principes de dignité et de liberté individuelles, les droits fondamentaux de l'homme: ce sont ces principes qui interdisent d'imposer, par la violence et contre son gré, son destin à une fraction de la Nation; principes qui ont été outrageusement bafoués pour les Français d'Algérie. C'est aussi le principe de la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire qui ont été sans cesse bafoués; c'est enfin le principe qui veut que le Chef de l'Etat soit un arbitre entre les différents pouvoirs et non un autocrate décidant de tout et pouvant conduire la politique de la Nation selon son bon plaisir, qui n'a pas été respecté.
La Constitution a été violée dans sa lettre; car plusieurs de ses articles ont été, depuis des années, ignorés et transgressés, en particulier cet article 89 dont la transgression a motivé l'accusation de forfaiture publiquement prononcée contre le Chef de l'Etat.
Ce viol de la Constitution dans son essence, dans son esprit et dans sa lettre, fait que nous ne sommes plus sous un régime de légalité républicaine, mais sous le régime d'une dictature de fait; les critères et les caractères de la dictature gaulliste sont analogues à ceux de bien d'autres dictatures, ce sont d'abord l'atteinte grave portée aux droits et libertés fondamentales des personnes humaines. Nos frères Pieds-noirs et Français Musulmans avaient droit à la vie sur la terre de leurs pères; ils avaient droit au respect de leur personne, de leur liberté et de leurs biens. Ces droits ont été abominablement bafoués, contrairement à toutes les lois et à tous les principes.
En Métropole même, la majorité des citoyens est privée, par la dictature, d'un droit fondamental de l'homme libre en tant que membre d'une démocratie : le droit au libre choix en matière d'option civique et politique, qui suppose que chaque citoyen dispose de la liberté d'information, seule capable de lui fournir les éléments de jugement et d'information objective, nécessaire à l'exercice de ce libre choix; or il n'est pas douteux que le pouvoir contrôle étroitement la majorité des moyens d'information du public. Si la presse est libre, théoriquement du moins, le pouvoir sait fort bien qu'elle ne touche qu'une faible partie du corps électoral: le tirage des journaux et l'assiduité des lecteurs sont dans l'ensemble nettement plus faibles en France qu'en Angleterre par exemple. Par contre, le gouvernement est maître de la radio et de la télévision d'Etat qui constituent les principaux moyens de pression sur l'opinion publique.
Les multiples messages et discours à la télévision de l'actuel Chef de l'Etat sont analogues et ont les mêmes buts que les harangues radiodiffusées de Hitler ou que les discours des dictateurs fascistes s'adressant aux foules depuis leur balcon. Vis-à-vis d'un public crédule et privé d'information, ils ont le même effet. Nous savons le rôle qu'ont joué la radio d'Etat et la télévision d'Etat dans la mise en oeuvre de la politique algérienne, en particulier dans les référendums.
Le deuxième caractère de la dictature, ce sont les méthodes de police et de justice. Il existe des preuves que plusieurs dizaines ou centaines d'hommes libres qui se sont opposés au pouvoir en Algérie furent atrocement torturés ou acculés au suicide par des méthodes policières totalitaires employées sous la responsabilité d'hommes qui ont actuellement des postes de premier plan dans le régime. Nous-mêmes, dans l'affaire du Petit Clamart, nous souhaiterons nous expliquer sur les conditions d'arrestation, de garde à vue et de détention qui furent les nôtres et celles de certains membres de nos familles. Nous souhaitons aussi que toute la lumière soit faite sur la mort tragique de notre camarade le Commandant Niaux. Ma présence dans ce box atteste l'efficacité des méthodes de garde à vue. Notre présence devant votre juridiction d'exception atteste les entorses faites aux principes judiciaires.
Enfin, un autre caractère de cette dictature, et que l'on retrouve dans toutes les dictatures, c'est la servilité extraordinaire dont ont fait preuve tant de personnes, en particulier, tant d'hommes politiques au service d'une politique qui est, de façon évidente, une très mauvaise politique nationale. Cette servilité ne peut s'expliquer que par l'existence d'un pouvoir dictatorial capable de forcer et d'orienter les consciences d'hommes faibles, intéressés ou déraisonnables.
La dictature gaulliste est donc, comme les dictatures hitlérienne et communiste, basée à la fois sur le contrôle de l'opinion, c'est-à-dire sur le mensonge et sur la violence, c'est-à-dire sur les méthodes de coercition appliquées aux opposants; comme les dictatures hitlérienne et communiste, elle est basée sur le mensonge plus encore que sur la violence.
Que peuvent faire les hommes libres, les citoyens libres, qui ont constaté la réalité de la dictature et qui ont mesuré ses effets funestes et mortels pour l'ensemble de la Nation ou pour une partie de la Nation? Ils doivent se rappeler que nous ne sommes plus au temps du régime de la monarchie absolue et que nous ne sommes pas au temps de l'autocratie; il n'y a plus de bon plaisir du prince, il y a une Constitution, une loi républicaine; si le Chef de l'Etat transgresse cette loi, la Constitution donne aux citoyens le droit de résister au dictateur ; il y a dans la Constitution et dans les droits fondamentaux et universels de l'homme, un droit imprescriptible; c'est le droit de résistance à l'oppression, le droit d'insurrection pour les minorités opprimées; c'est le droit dont M. Michel Debré disait, en d'autres temps, qu'il était aussi le plus sacré des devoirs.
C'est au nom de ce droit, c'est donc au nom de la véritable légalité républicaine, transgressée par le pouvoir de fait, que le C.N.R. s'est constitué, et c'est au nom de ce droit, c'est-à-dire au nom de la véritable légalité républicaine, que nous avons réalisé une action de force contre celui qui s'est placé hors de la légalité. Car si le Chef de l'Etat sort de la légalité, il doit être taxé publiquement de forfaiture, et c'est ce qui a été fait par les plus hautes autorités de l'Etat ; si le Chef de l'Etat, étant sorti de la légalité, tue ou laisse tuer ceux qui sont sous sa responsabilité, ou s'il est responsable, et seul responsable, d'un désastre national, il doit être mis par la force hors d'état de continuer à exercer son pouvoir de fait; et c'est ce que nous avons essayé de faire, au nom de la loi.
Ce qui a été constaté, en effet, par ceux qui se sont groupés au sein du Conseil National de la Résistance, c'est la réalité de la dictature gaulliste : c'est en particulier le fait que, à l'occasion des derniers référendums et grâce au contrôle des moyens d'information, l'adhésion populaire a été usurpée par le pouvoir de fait, à l'aide de moyens illégaux et immoraux. Illégaux parce que les référendums sur l'Algérie étaient contraires à l'article 89 de la Constitution et parce que dans les périodes ayant précédé ces référendums, le corps électoral s'est vu dispenser, par les services officiels en général, et par le Chef de l'Etat en particulier, une information à sens unique selon les procédés qui, dans tous les pays totalitaires, assurent infailliblement une réponse positive; immoraux parce que le pouvoir a en fait usurpé le oui de beaucoup de Français en leur mentant sur ce que seraient les conséquences de leur oui; beaucoup de Français ont cru de bonne foi, en votant oui, ramener la paix en Algérie et assurer la coexistence des différentes communautés, alors qu'en fait leur oui a été la porte ouverte à des massacres, à un chaos, et à une misère bien pire que ce qui existait précédemment. C'est pourquoi on ne peut pas dire que ces référendums illégaux et immoraux représentaient réellement la volonté du peuple français. Au surplus, même si le peuple français a approuvé les accords d'Evian, il n'a pas approuvé le non-respect des accords d'Evian, c'est-à-dire la dispersion et la destruction des communautés françaises de souche et le génocide des Français musulmans. Le Chef de l'Etat de fait est donc seul, avec quelques ministres, à porter la responsabilité de cette destruction et de ce génocide, contraire à la lettre sinon à l'esprit des accords d'Evian.  (à suivre)

 

 

A PROPOS D’EDMOND MICHELET* …ET DE LA JUSTICE GAULLISTE *
Garde des sceaux du gouvernement français en 1961

Documents fournis par monsieur Alain-Michel ZELLER


 1 – Texte de la dépêche de l’agence de presse du Vatican, ZENIT, du 10 avril 2006 faisant état de l’ouverture à Rome de la cause en béatification d’Edmond Michelet.

La cause en béatification d’Edmond Michelet a été ouverte en 1976.

ROME, lundi 10 avril 2006 (ZENIT.org http://www.zenit.org). La cause de béatification de l’ancien Garde des Sceaux français, Edmond Michelet (1899-1970), héros de la résistance, a été ouverte en 1976, par Mgr Brunon, alors évêque de Tulle, un diocèse confié depuis 2001 à la sollicitude pastorale de Mgr Bernard Charrier. A Brive, Edmond Michelet accueillait – entre autres – les Juifs allemands persécutés par le nazisme…. Son jugement lucide sur l’affrontement inévitable entre les fascismes et la liberté l’ont préparé à son premier acte de résistance : il fait distribuer par ses amis de tous bords dès le 17 juin 1940 dans les boîtes aux lettres ce passage de Péguy : " Celui qui ne se rend pas, à raison contre celui qui se rend… ". Sa résistance active et imprudente le conduit à Dachau dès 1943 pour vingt mois. Sans relâche, il parcourt le camp, il soutien, encourage, réconforte. Après l’exécution du général Delestraint, il devient "Président du Comité Patriotique français". Son courage et sa générosité sont tels qu’un ancien déporté a pu écrire : « je suis athée, mais pour nous tous Michelet c’est l’image que nous pouvions garder d’un saint. »
Edmond Michelet appelé par le général De Gaulle passera les dernières 25 années de sa vie dans l’action politique et sera cinq fois ministre….
Mgr Rivière soulignait : qu’il n’y a jamais eu chez lui ni confusion ni séparation entre l’amour de Dieu et l’amour du frère. chez cet homme de réconciliation que l’on surnommait : « le ministre qui prie ».

2 – Lettre  adressée le 30 mai 1961 par monsieur Edmond Michelet, Garde des sceaux, au procureur général Besson, chargé de requérir dans le procès fait aux généraux Challe et Zeller pour leur participation à ce qu’il est convenu d’appeler le "putsch des généraux".

Monsieur le Procureur général,

Après les entretiens qu’avec mes collègues de l’Intérieur et de l’Armée, j’ai eus avec vous et celui que je viens d’avoir avec le Premier ministre, il apparaît nécessaire de vous faire connaître exactement la pensée du gouvernement à l’endroit des réquisitions qui seront présentées à l’audience du Haut Tribunal Militaire, dans les affaires Challe et Zeller.
Je crois inutile, tant la manière vous est connue, de vous redire la gravité des faits qui ont été perpétrés par ces deux anciens généraux. Ces hommes qui avaient été investis des missions les plus hautes et dont les titres et les honneurs étaient multiples, ont pris délibérément la direction d’actions séditieuses qui, si le succès les avaient couronnées, auraient eu pour effet d’affaiblir la Nation au moment de son relèvement et de porter préjudice à son rang international au détriment du gouvernement. D’autres conséquences incalculables auraient pu s’ensuivre dont la moindre aurait pu être des interventions étrangères dans les affaires de la France. Le Chef de l’Etat a tenu à souligner, dans son allocution du 23 avril, toutes les conséquences funestes que ce crime aurait provoquées.
Le crime est donc nettement caractérisé et tombe sous le coup de plusieurs articles du code pénal dont le libellé cadre exactement avec la nature des actes entrepris…Si l’on scrute attentivement, dans le cas présent, les mobiles et les conduites de Maurice Challe et d’André Zeller, certaines particularités doivent être décelées.
A la lumière du dossier, le crime d’André Zeller a été plus largement prémédité. La conduite antérieure de cet homme le préparait progressivement à l’acte qui a été perpétré dans la nuit du 21 au 22 avril.
Par ses contacts, ses relations, ses projets, il s’était introduit dans les milieux dits « activistes ». Ses desseins dérivaient largement sur la politique. La sédition impliquait, en cas de succès, le renversement des institutions et l’inauguration d’une politique nouvelle, sans doute dans de nombreux domaines. Il s’est dépensé considérablement pour rallier à la sédition les autorités militaires, se déplaçant lui-même pour débaucher le général Gouraud, investi d’un important commandement en Algérie.
André Zeller a mis tout en œuvre pour que le mouvement insurrectionnel qu’avec ses compagnons il provoquait débouche sur le terrain gouvernemental, politique, national. Ses mobiles, ses actes, ses desseins donnent au crime qu’il a perpétré des aspects très graves.
Si l’on s’attache à étudier la conduite de Maurice Challe, on constate que la préméditation est moins directe, moins anciennes que celle d’André Zeller. Il semble que ses desseins aient un caractère plus militaire que politique.
Pendant les journées insurrectionnelles, il a pu montrer une certaine tempérance, répugnant aux actions extrêmes. Il s’est livré spontanément, dès que l’échec fut consommé. Enfin, le fait d’avoir exercé précédemment le commandement en chef en Algérie pouvait expliquer, par certains côtés, son égarement criminel.
Toutefois, sa responsabilité n’en est pas moins engagée au plus haut degré. C’est justement son ancien commandement suprême, ses immédiates responsabilités au sein de l’Alliance atlantique, sa réputation de bon stratège et d’homme prudent, son crédit auprès des militaires, qui donnent à son initiative une portée incalculable. Si André Zeller était capable de gagner des éléments très marginaux de l’armée, troublés par la politique, Maurice Challe pouvait prétendre d’emblée aux ralliements les plus vastes et les plus solides.
Sa faute revêt donc un caractère d’exceptionnelle gravité.
Ainsi la responsabilité de l’un et de l’autre est capitale pour des motifs divers qui, s’ils divergent par leur nature, se rejoignent cependant par la gravité qu’ils confèrent aux infractions consommées. Il est clair que pour l’un comme pour l’autre, le châtiment suprême doit être normalement réclamé.
Je voudrais vous rendre attentif, Monsieur le Procureur général, à la nécessité pour vous de réclamer les peines les plus sévères. L’affaire Challe-Zeller est la première à être soumise aux instances du Haut Tribunal Militaire. Il va de soi que les conclusions présentées et les arrêts intervenus vont faire jurisprudence et être décisifs pour la suite des audiences…
Si la peine de mort n’est pas demandée cette fois, il est à escompter, pour tenir compte de la hiérarchie des responsabilités, que les sanctions à envisager ultérieurement devront descendre fort bas dans l’échelle des peines et gêner par conséquent l’ensemble de la répression.
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Ce n’est pas à l’artisan  de nos grands codes de procédure pénale dans leur nouvelle rédaction que j’apprendrai que la peine a une vertu intimidante…
Ces diverses raisons me conduisent à vous demander, au nom du gouvernement, d’examiner avec attention le problème à vous posé, avant que vous n’arrêtiez définitivement le contenu et les conclusions de votre réquisitoire.
Je vous prie de croire, etc.
Cité par JR Tournoux, dans "L’Histoire secrète", Plon, 1962)

   
 
Association pour la mémoire de l'Empire français (AMEF) L'association a pour objet de maintenir le souvenir de l'épopée et de l'oeuvre française outre-mer. Elle défend également la mémoire de tous ceux qui ont fait tant de sacrifices pour le rayonnement de la France à travers le monde.