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Une promesse qui s'est
traduite par l'acquisition (pour 2 M€) de l'hôtel Montcalm,
début 2003, et le recrutement, en octobre de la même
année, d'un conservateur en charge de la création
du musée, Catherine Parpoil. En juin 2004, un conseil scientifique
était créé, constitué d'universitaires
chargés de veiller à ce que le devoir de mémoire
(de la communauté des rapatriés) et le devoir d'histoire
cohabitent harmonieusement.
Pour certains, le remplacement de Georges Frêche
par Hélène Mandroux à la tête de la mairie
se serait traduit par « une désaffection pour le projet,
une sorte de désamour ». Pour d'autres, « les
politiques se défilent car ils ne sont pas d'accord entre
eux ». Ce qui expliquerait que le musée, qui devait
raconter (avant les dernières municipales) « l'œuvre
française en Algérie », soit devenu celui de
l'histoire de la France en Algérie. Une nuance de taille.
« La mode est à la repentance mais je n'ai pas honte
de ce que j'ai fait,de ce que mes parents et mes grands-parents
ont fait là-bas », explique un président d'association.
Officiellement au courant de rien. Mais selon lequel, en effet,
la mairie a préféré jeter l'éponge en
attendant des jours meilleurs, la prochaine mandature, alors que
le conservateur a déjà réuni des pièces
qui devaient être exposées.
Jacques Martin, président du comité
d'honneur pour le musée, dit tomber des nues. « Vous
me l'apprenez. Aussi, je ne peux pas avoir de réaction à
quelque chose que j'ignore. »
Ph. B. IN MIDI LIBRE 3 NOVEMBRE 2007
Un
musée relance la polémique sur la présence
française en Algérie
MÉMOIRE A Montpellier, le projet de centre qui devait célébrer
la période de 1830 à 1962 est au point mort.
LE PROJET de création, à
Mont pellier, d'un musée de la présence française
en Algérie est-il déjà condamné ?
Sur place, en tout cas, la municipalité voudrait désormais
se donner le temps de la réflexion avant de prendre le
risque de raviver les plaies de l'histoire. L'idée de ce
musée a été émise il y a quinze ans
par le socialiste Georges Frêche, tonitruant
maire de la ville jusqu'en avril 2004. Pour lui, il s'agissait
de mettre en valeur les apports de la présence française
en Algérie de 1830 à 1962. Une manière de
rendre hommage au passé des rapatriés d'Afrique
du Nord, ses compagnons de toujours, qui pèsent aussi 20%
de l'électorat local.
En 2002, la ville rachetait, pour 2 millions d'euros, un ancien
bâtiment de l'armée, l'hôtel Montcalm, pour
accueillir le futur musée. Un conservateur était
même nommé à sa tête, en attendant
la mise en place d'un «comité scientifique».
Et c'est là que l'histoire dérape. La composition
de ce comité, ouvert à de nombreuses associations
de rapatriés, va brouiller l'image «scientifique»
de l'opération. Nombre de ses membres, en effet, prônent
un discours qui évoque davantage la célébration
de la colonisation que le nécessaire «travail de
mémoire». Un fort soupçon de clientélisme
électoral plane également sur le dossier. L'un
des historiens associés au projet, Daniel Lefeuvre,
l'affirme, en tout cas : «Ce n'est pas pour rien que l'ouverture
du musée était prévue pour 2007, un an
avant les municipales.» Et cet enseignant de l'université
Paris-VIII d'ajouter : «Les historiens ne sont pas là
pour servir la soupe aux politiques ni aux rapatriés
!»
La polémique qui enfle à Montpellier ne fait
pas les affaires du gouvernement à Paris. Car la diplomatie
française aimerait bien tourner la page du conflit franco-algérien.
Elle travaille d'arrache-pied à la signature, d'ici à
la fin de l'année, d'un «traité d'amitié»
entre les deux pays. Déjà, une loi «portant
reconnaissance de la nation et contribution nationale en faveur
des Français rapatriés» a jeté le
froid à Alger. Adoptée le 23 février 2005,
à l'initiative de parlementaires, elle recommandait d'enseigner
«en particulier le rôle positif de la présence
française outre-mer, notamment en Afrique du Nord».
Le texte avait ouvert la voie à des initiatives locales
considérées comme de véritables provocations
par certaines associations de défense des droits de l'homme.
Ainsi, la décision d'ériger des stèles
à la mémoire des combattants de l'Algérie
française, où figurent les noms d'anciens de l'OAS,
comme à Marignane (Bouches-du-Rhône) cet été.
La réponse du président algérien Abdelaziz
Bouteflika fut à l'avenant. Assimilant l'oeuvre coloniale
française au nazisme, il a tenu à rappeler que
son pays était prêt à «signer avec
l'Etat français un traité de paix et d'amitié»,
mais qu'il «ne saurait en aucun cas cautionner, même
par son silence, une prétendue mission civilisatrice
du colonialisme».
Or c'est bien ce qui fait débat dans l'affaire de Montpellier
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