Le professeur d'histoires à sens unique Benjamin Stora ex Truffaut historien quasi-officiel sur l'Algérie devient animateur Radio sur Beur FM. Pour l'instant des débuts difficiles le premier programme était consacré à Jean Sénac (1926 - 1973) le poète nous avons attendu vainement des poèmes , non pour faire jeune l'animateur en herbe demande aux auditeurs de Beur FM de téléphoner et cela donne des échanges curieux .
 
 
 
PORTRAIT BENJAMIN STORA
Dans le cadre de " l'intégration citoyenne ", Radio France lance une nouvelle émission consacrée à la " culture maghrébine ", Bouge dans ta tête, un " magazine d'actualités culturelles de la Méditerranée, particulièrement consacré au Maghreb ", qui présentera la particularité insigne (sans nul doute, il s'agit d'une première) d'être diffusée en même temps sur France Culture, station dirigée par Laure Adler, ancienne conseillère de François
Mitterrand et directrice de cette radio, et sur Beur FM, qui ne dépend pourtant nullement de la radio d'État. Les responsables ont sans doute jugé qu'il y avait peu de chances que les " beurs " et autres " blacks " calent longtemps leurs oreilles sur les programmes en général incompréhensibles par leurs prétentions intellectuelles de France Culture. À la tête de l'émission, où il est littéralement " parachuté " par Adler, non pas un journaliste ni même un homme de radio, mais un historien qui, depuis quelques années, donne le " la " et fait la loi en matière d'historiographie algérienne (et, surtout, de sélection des étudiants et futurs enseignants dans ce domaine), Benjamin Stora, dont chacun a déjà oublié qu'il fut, jusqu'en 1986, l'un des principaux dirigeants de l'Organisation communiste internationaliste (trotskistes lambertistes), rejoignant alors la fraction la plus à gauche du Parti socialiste. Un pari qui n'est pas gagné si l'on en croit Stora : " C'est une émission compliquée. Compliquée parce qu'elle vise un public nouveau pour France Culture, les populations originaires du sud, et aussi un public jeune, alors que les jeunes issus de l'immigration sont surtout repliés sur des radios musicales ou communautaires et pas en prise avec des chaînes généralistes. "
Benjamin Stora est né le 2 décembre 1950 à Constantine (Algérie), une ville à très forte population israélite. Il est le fils d'Elie Stora, commerçant, qui fut d'abord marchand de semoule avant d'être employé dans une compagnie d'assurances à Montreuil puis Sartrouville, dans la banlieue parisienne, et de Marthe Zaoui, ouvrière dans une filiale de Peugeot à La Garenne-Bezons alors qu'elle n'avait jamais travaillé en Algérie (qui a retracé son itinéraire dans Constantine-Sartrouville, Entretien avec Marthe Stora, dans l'ouvrage collectif dirigé par Leïla Sebbar, 2000 ans d 'Algérie, Carnets Séguier, Atlantica Editions, 1999, p. 175-183). Tous deux seront des juifs pratiquants. Peu avant sa mort, son père lui révélera que lui aussi avait été militant trotskyste, brièvement, dans les années 30 en Algérie. Il a épousé Claire Le Scanff, maquettiste.
Pour lui, l'Algérie c'est " le pays de mes grandsparents, juifs venus par mon grand-père de Cordoue, d'Andalousie, et par ma grand-mère de Jérusalem, lorsque ses ancêtres ont fui la destruction du premier temple il y a de siècles et des siècles. Ma famille était installée depuis des siècles à Khenchela, la capitale des Aurès, et mon grand-père fut un ami de Ferhat Abbas, le père de l'indépendance (La Croix, 16 décembre 1995) ".
Après des études primaires dans sa ville natale, il a rejoint, avec sa famille, le 16 juin 1962, la capitale. Il étudiera à Janson-de-Sailly puis à Saint-Germain-en-Laye. C'est là, en mai 68, qu'il attrape le virus révolutionnaire, rejoignant dès l'origine la fraction lambertiste de la Fédération des étudiants révolutionnaires, puis l'Alliance des jeunes pour le socialisme et l'Organisation communiste internationaliste sous le pseudonyme de Truffaut. " Dans ces belles années militantes du début des années 1970, je me suis formé, j'ai vécu, milité dans ce qui m'apparaît rétrospectivement comme une "famille" intelligente et inventive, une petite "aristocratie" politique excitante " raconte-t-il dans son itinéraire personnel, La Dernière génération d'Octobre (Stock, 2003), qui est aussi l'histoire intérieure du mouvement lambertiste, une " histoire encombrée de congrès, de luttes avec les organisations rivales, d'activités obscures et d'affrontements plus ou moins musclés " (L'Histoire, février 2004), qu'il qualifie aujourd'hui de "maison de fous ".
Il sera l'un des principaux dirigeants, comme responsable de l'Union des cercles lycéens, des grèves en faveur de Gille Guyot, puis contre les lois Debré (service national), les réformes Fontanet et Haby (éducation nationale en 1974 et 1975). "Je me revois […]
l'Algérie coloniale (1830-1954) (La Découverte, 1991), Ils venaient d'Algérie, l'immigration algérienne en France (1912-1992), qui est tirée de sa thèse (Fayard, 1992), Aide-mémoire de l'immigration algérienne. Chronologie (1922-1962). Bibliographie (L'Harmattan, 1992), Histoire de la guerre d 'Algérie (La Découverte, 1993), Histoire de l 'Algérie depuis l'indépendance (1962-1994) (La Découverte, 1994), Ferhat Abbas, une utopie algérienne (en collaboration avec Zakya Daoud, Denoël, 1995), L 'Algérie (Michalon, 1995), Dictionnaire des livres de la guerre dAlgérie. 2 300 résumés (1955-1995) (L'Harmattan, 1996), Appelés en guerre d 'Algérie (Gallimard, 1997), Algérie, formation d'une nation, suivi de Impressions dans l'est algérien (Atlantica, 1998), Les Cent portes du Maghreb (avec Akram Belkaïd), La Guerre invisible. Algérie, années 90 (Presses de Sciences Po, 2001).
Il est aussi l'auteur de nombreux documentaires comme Les Années algériennes (Antenne 2, 1991), Résistance et libération outre-mer (France 3, 1994) ou fut conseiller historique du documentaire Les Massacres de Sétif (Arte, 1995) et du film Indochine de Régis Wargnier (1992), commissaire général de l'exposition La France en guerre d 'Algérie (1992, Musée des Invalides) et concepteur de France des étrangers, France des libertés (Arche de la Défense, 1990). Auteur de très nombreux articles, cet historien quasi-officiel de l'histoire algérienne en France, est donc devenu un passage obligé, faisant la pluie et le beau temps quant à l'Algérie dans le monde universitaire français. Infatigable pétitionnaire, il a largement participé à la mise sur la sellette de la police et de l'armée française, non seulement en Algérie mais aussi en France (manifestation interdite du FLN au métro Charonne le 17 octobre 1961), participant à toutes sortes de colloques et de réunions, y compris en loges du Grand Orient de France où il apparaît comme un conférencier régulier (par exemple, Les Voies dificiles vers la démocratie en Algérie, 9 décembre 1991, Algérie : intégrisme religieux et les mouvements démocratiques, 6 mars 1995, Algérie : Que peuton faire? ou Le Réveil des consciences, 25 avril 1998). Dans L'Humanité (17 octobre 1991), il indiquait par exemple : " Cela fait dix ans que je participe à des commémorations du 17 octobre. " On le retrouve aussi, par exemple, comme orateur pour la Ligue communiste révolutionnaire encore le 14 juin 1998 (avec l'inévitable Mohamed Harbi) ou au 15e anniversaire du Manifeste contre le Front national le 2 juillet 1999.
Il faut lire Le Transfert d'une mémoire, de l'Algérie française au racisme anti-arabe (La Découverte, 1999) pour constater comment cet historien est en réalité très " engagé " et abandonne facilement une supposée " neutralité scientifique ". Selon lui, l'audience durable du discours de Jean-Marie Le Pen s'alimente des représentations du racisme colonial, puisant son argumentaire dans une mémoire mythifiée de la colonisation de l'Algérie et de la guerre qui mit fin à l'Algérie française. Il invente, de toutes pièces, l'idée d'un " sudisme à la française ", qui serait en tout point comparable au sudisme américain hérité de l'esclavage et de la guerre de Sécession : " C'est effectivement la singularité de l'extrême droite de porter une mémoire coloniale qui n'hésite pas à hiérarchiser la société sur une base raciale, à théoriser le refus du mélange. Une partie du vote Le Pen s'explique par une adhésion à cette mémoire et vient redoubler une frustration sociale. An Algérie, la colonisation visait à privilégier les "Européens" et à les séparer des "Musulmans", non assimilables. Le transfert de ce vocabulaire est assumé par l'idéologie du FN, qui revendique cette filiation coloniale sans la moindre culpabilité (Le Monde, 30 juin 2002). " Entre les deux tours de l'élection présidentielle de 2002, il signe une tribune dans Le Monde (25 avril 2002), Communautarisme blanc ou République? où il n'examine en rien la situation migratoire réelle en France mais projette ses propres fantasmes de chercheur : "Le vote FN est surtout un vote ethnique, celui d'un communautarisme blanc qui se sent assiégé dans une société devenue multiculturelle. Ce vote ethnique est en passe de surmonter le vote de classe (on le voit bien avec l'effacement continu du PCF). Comment le Front national a-t-il pu construire ce communautarisme blanc très particulier en France? En réactivant sans cesse des mémoires dangereuses, souterraines, puissantes. En s'appuyant sur elles. Il existe toujours des volontés de revanche, des ruminations secrètes en France à propos de deux événements proches : Vichy et l'Algérie, qui continuent de hanter la conscience française. "