Sections Administratives Spéciales (SAS) Equipes Médico-Sociales Itinérantes
 
         
 
 
 

« Je tiens l’action médico-sociale pour essentielle » écrit le général Olier le 16 avril 1956. Le message est clair. L’aide médicale, humanitaire, sociale doit être une des priorités des officiers SAS.


Une mission : soigner les populations


Bien que l’Algérie soit française, l’indice de développement humain des départements français d’Algérie est bien inférieur à celui de la métropole. Le manque de médecins en est l’un des signes les plus visibles. L’objectif des SAS est simple : effacer cette différence.

Le chef SAS doit mettre en place une assistance médicale dans les régions qu’il administre, car bien souvent, les populations rurales n’ont pas vu un médecin depuis plusieurs mois, voire plusieurs années.
Le médecin Mérignargues témoigne : « Nous étions des précurseurs dans la région. Rien n’avait encore réellement été fait dans ce sens ». Normalement, chaque SAS dispose d’un médecin… Mais il existe un écart entre la théorie et la pratique. Pas de médecin, pas d’infirmiers, peu de médicaments, telle est la réalité. L’officier SAS peut certes compter sur l’aide de l’assistance médicale gratuite (AMG), au nombre de 530 en Algérie, desservie par 700 médecins militaires et 1 300 infirmières. Il peut aussi bénéficier du secours des équipes médico-sociales itinérantes (EMSI), composées de 45 personnels féminins de l’armée et renforcées par les Assistances Sanitaires et Sociétés rurales auxiliaires (ASSRA), soit 240 femmes qui coopèrent avec les 200 attachées féminines des SAS. Le dynamisme de certains officiers conduit à la création d’infirmeries, comme celle de Moaklane fondée par le lieutenant Pagès.
 


S.A.S

 
 
 
SAS suite....
Cette assistance médicale est essentielle à la politique de pacification. Nicolas d’Andoque parle « d’apprivoisement ». C’est une manière d’entrer au contact de la population, de présenter « les bonnes intentions tant de fois proclamées de la France ». L’utilité de ces infirmeries est flagrante. Le FLN ne s’y trompe pas, qui en fait une cible privilégiée, comme le raconte Nicolas d’Andoque : « Une nuit, les rebelles vinrent faire une « contre tournée » dans les mechtas que nous avions visitées. Ils ne trouvèrent rien de mieux que de détruire les médicaments que nous avions donnés. "'C’étaient de mauvais médicaments colonialistes. "
Cela traduit la grande vulnérabilité de cette politique. Suite à une attaque de la SAS du Lelaab en octobre 1956, un témoin raconte comment les rebelles du FLN repèrent les lieux : « ils ont été pour la plupart soignés par le médecin de la SAS où ils se rendaient en civils dès qu’ils étaient malades ». En effet, « tous les musulmans qui désiraient être soignés pouvaient entrer sans aucun contrôle dans le SAS et circuler tout à loisir dans le campement ». Les médecins ont payé un lourd tribut. Loin de respecter la neutralité des véhicules sanitaires, le FLN en faisait une cible privilégiée. Onze médecins de l’Armée de terre ont perdu la vie au cours d’une mission d’AMG. C’est le cas du médecin aspirant Feignon, de la SAS de Djillali dans l’Oranais, égorgé par les rebelles le 29 mars 1956.
L’AMG est un des pivots de la pacification. Par elle, l’armée atteint et gagne les plus humbles. Les officiers SAS croient en ces missions ; les tournées « n’étaient pas destinées à faire étalage de générosité pour se donner bonne conscience tout en facilitant le renseignement et le contrôle. Notre mission était l’authentique surveillance et l’amorce d’une amélioration d’un état sanitaire général déplorable ». Dans la SAS d’Irden, la lutte contre la tuberculose est l’une des priorités du médecin de l’AMG et de l’officier SAS, qui reçoit la « médaille de lutte contre la tuberculose » dont il est encore aujourd’hui très fier. À Taouret Aden, c’est une épidémie d’impétigo qui est enrayée grâce à l’action coordonnée de l’officier SAS et du médecin du 2/73e RIMA. L’efficacité et l’utilité de cette action sont sans conteste, comme le commente la Wilaya 6 en juin 1958
Les infirmeries créées sont très fréquentées, et le manque de personnel reste le souci principal. Parfois, la femme de l’officier prend en charge le dispensaire. Tel est le cas de l’épouse du capitaine Leussier, qui « a fait des études d’infirmière non diplômée en raison de la libération de Paris ». Certains dispensaires créés par les SAS fonctionnent encore aujourd’hui
     
   
     
 
 
 
 
 
Equipes Médico-Sociales Itinérantes
 
E.M.S.I

CES TOUBIBAS " VENUES D'AILLEURS "


4 millions de femmes musulmanes qui, elles aussi, avaient leur mot à dire ! Cela semble simple à écrire lorsqu'on cherche — aujourd'hui — des mots : fraterniser avec les femmes musulmanes pour les aider à sortir de leur pauvre vie. Tel était bien le « programme », mais pourquoi ? Et, surtout, comment ?


Pourquoi ?


Si les hommes retrouvaient confiance grâce à la présence de l'armée jusque dans les douars les plus éloignés et s'organisaient en autodéfense, les portes des maisons ne s'ouvraient jamais devant nos soldats et tout contact avec les  femmes  demeurait  impossible.


Comment ?


Nécessité de créer des équipes féminines qui entreraient sous les raimas (1) ou dans les mechtas, avec, pour toutes armes, leur sourire, leur amour et leur foi.
Tâtonnements et déceptions guidèrent leurs premiers pas.
Déceptions : souvent reçues, une première fois, à coups de pierres.
Tâtonnements : revenir et tenter de faire prendre conscience d'elles-mêmes à des femmes qui jusqu'alors étaient reléguées à une place secondaire (la femme s'achetait parfois comme un animal), et auxquelles l'homme ne demandait que discrétion et fécondité, toute vie publique leur étant interdite. | Lire suite des EMSI |