Journée des Harkis 2004 Hommage "Les harkis ne veulent plus être « les oubliés de l'histoire"  
         
 
CE MATIN 25 septembre 2004 à 11 heures, les harkis du 93, leurs familles et les représentants d'associations d'anciens combattants se retrouveront sur le parvis de la préfecture à Bobigny pour recevoir les honneurs de la République. La poitrine inondée de médailles, tous porteront très haut leur étendard. A l'occasion de la 4 e Journée nationale de l'hommage aux harkis instituée par le président Chirac, une gerbe sera déposée devant la plaque du souvenir des morts pour la France.

Pour ceux qui ont servi l'armée française durant la guerre d'Algérie avant d'être rapatriés en France au lendemain des accords d'Evian du 18 mars 1962, cette cérémonie sera sans doute l'occasion de rappeler aux autorités qu'ils ne veulent plus être « les oubliés de l'histoire ».


« On est très souvent montrés du doigt » Environ 1 500 harkis - soit une communauté de 10 000 personnes si l'on recense épouses et enfants - ont posé leurs valises en Seine-Saint-Denis, le département qui en compte le plus en banlieue parisienne. En juillet 2003, ils ont décidé de s'unir en créant l'Association départementale des harkis rapatriés d'Algérie (Adhra 93), dont le siège se trouve à Villemomble, dans les locaux de l'UNC (Union nationale des combattants). Riche aujourd'hui de 50 adhérents, cette structure propose à ses forces vives un soutien juridique, les aide à bénéficier des mesures financières de l'Etat en déposant des dossiers en préfecture et rêve d'ériger dans le 93 un monument à la mémoire des harkis. « Il est aussi important de se retrouver pour partager des souvenirs », confie un « vieux harki ». « C'est le seul endroit où l'on se sent compris. Il y a de la solidarité ici », enchaîne son voisin. Les anciens supplétifs de l'armée française veulent avant tout de la reconnaissance, « être enfin entendus ». « En France, on est haï par le Français qui nous considère comme un Arabe et par l'Algérien comme un traître. Vous savez, j'ai déjà été traité de Bougnoule ! On est très souvent montrés du doigt, on est étiquetés. Etre harki, ce ne sont que des inconvénients », résume Boumedienne, fils de harki installé à Aulnay-sous-Bois. De l'Etat, ces révoltés exigent d'urgence de justes indemnisations et une priorité quand il s'agit d'obtenir un logement social. « Il y a des harkis qui habitent encore dans des bidonvilles », s'indigne Dalila Oudia, présidente de l'association, par ailleurs adjointe au maire (UMP) de Villepinte. « Cela fait six ans que je demande un logement à Saint-Ouen. On ne tient absolument pas compte de notre statut. Je suis un blessé de guerre tout de même, j'ai reçu des débris de grenade à la jambe ! », lâche Ahmed * , 60 ans, qui a fait toute sa carrière dans l'armée française, notamment à Baden-Baden (Allemagne). Un soldat modèle qui refuse pourtant, comme certains de ses camarades, de montrer son visage pour la photo. Par peur d'être reconnus, par crainte de représailles. Aigris et abandonnés, séparés de leur terre, ces « apatrides » semblent condamnés à vivre cachés.
Vincent Mongaillard
IN Le Parisien , samedi 25 septembre 2004
http://www.leparisien.com/home/maville/seinesaintdenis/article.htm?articleid=241147455