Bouteflika a affirmé le 29 juin 2005 à Tlemcen : « pour la société algérienne, la colonisation française a été massivement une entreprise de dé-civilisation». et aussi , « il est-il difficile de ne pas être révolté par la loi votée par le Parlement français le 23 février dernier, qui représente une cécité mentale confinant au négationnisme et au révisionnisme ». " En en aucun cas cautionner une prétendue mission civilisatrice du colonialisme, qui reste pour nous et pour tous les peuples colonisés de la planète l’un des plus grands crimes contre l’humanité que l’histoire ait connus», a-t-il ajouté.
 
C’est de nouveau, le silence assourdissant dont il fait preuve à la suite des insultes et des provocations inacceptables d'Abdelaziz Bouteflika, président de la République algérienne.
Profitant de célébration du 50e anniversaire de la fondation de l’Ugema (Union générale des étudiants musulmans algériens), le président Abdelaziz Bouteflika est revenu 29 juin 2005, à Tlemcen, sur les rapports avec la France.
Pour lui la qualification de la colonisation française «d’oeuvre civilisatrice» par les députés français, est restée en travers de la gorge des Algériens. Sans ambiguïté, M.Bouteflika affirme à Tlemcen que «pour la société algérienne, la colonisation française a été massivement une entreprise de dé-civilisation», se faisant ainsi l’interprète de l’opinion générale exprimée par les Algériens sur la question. Le débat a été ouvert avec la par la loi 2005/158 du 23 février 2005 adoptée par le Parlement français «portant reconnaissance de la nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés», et «rôle positif de la présence française outre-mer. Pour cette affirmation qui n’a pas manqué de soulever la colère en Algérie, Bouteflika souligne «(...) il est nécessaire de réaffirmer que si notre pays est prêt à signer avec l´Etat français un traité de paix et d´amitié (...) il ne saurait en aucun cas cautionner, même par son silence, une prétendue mission civilisatrice du colonialisme qui reste pour nous et pour tous les peuples colonisés de la planète, l´un des plus grands crimes contre l´humanité que l´histoire ait connus. Aussi, dire aujourd’hui que le colonialisme a été dans son essence une oeuvre dé civilisatrice est un fait patent comme l’attestait l’état qui était celui de l’Algérie au lendemain du 5 juillet 1962, lorsque les cadres français, quittant l’Algérie en masse, ont laissé un pays exsangue, car la France «civilisatrice» n’a formé aucune relève algérienne susceptible de prendre en charge le pays. Constat que le chef de l’Etat n’a pas manqué de rappeler en indiquant que «la France n´a jamais voulu partager avec le peuple algérien sa supériorité dans le domaine scientifique (...)». De fait, cela a été l’une des opportunités que la France avait manquées en Algérie en ne mettant pas en adéquation son occupation d’un pays étranger avec son prétendu concept civilisateur.
Le président de la République Jacques Chirac s'était déjà distingué par son silence lors du passage à Paris de Bouteflika qui avait traité les Harkis de " collabos ". Cette fois-ci, le triste sire algérien monte encore la barre d'un cran en comparant tout simplement, la présence française à l'occupation nazie. Mais à cela l'Élysée, sous doute pour ne pas froisser la partie algérienne, ne trouve rien à redire si ce n'est de réaffirmer sa volonté de signer, avant la fin de l'année, le fameux traité d'amitié franco-algérien. Un drôle de conception de l'amitié en vérité. Chacun en jugera...
Il faut reconnaître que les derniers mois n'ont pas été particulièrement fastes et que nos élus, en règle générale, ne se sont pas distingués par leur attitude courageuse pour condamner ce même Bouteflika ou pour défendre, dans le cadre de la polémique sur la loi du 23 février 2005, l'oeuvre positive de la France en Algérie. Nous sommes donc enclins à délivrer cette fois-ci à nos élus un zéro pointé plutôt qu'à leur offrir des couronnes de fleurs.