PAS DE PAIX DES MEMOIRES
SANS VERITE DE L’HISTOIRE !

Lettre ouverte à M. Kader Arif, secrétaire d’Etat chargé de « la mémoire »

 
 
     
 

Monsieur le Secrétaire d’Etat,

Lors de la réunion des associations nationales de rapatriés dans vos locaux, vous nous avez affirmé œuvrer pour la paix des mémoires, et j’ai répliqué, vous vous en souvenez peut-être, que celle-ci était, et resterait, impossible, tant que la vérité sur les événements qui se sont réellement passés durant la guerre d’Algérie, ne serait pas révélée dans son intégralité.

Je vous rappelle aussi que tous les courriers que je vous ai adressés par la suite sont restés sans réponses, comme si vous souhaitiez couper tous liens avec la communauté rapatriée d’Algérie, alors que, de par les fonctions qui vous ont été confiées, vous aviez, au contraire, tout intérêt à vous rapprocher des témoins oculaires de ce conflit sanglant.

Une rumeur, de plus en plus persistante indiquant que l’Etat français avait invité l’armée du FLN à défiler, le 14 juillet prochain, à Paris,  je vous ai écrit une première lettre ouverte en mars 2014, restée sans réponse de votre part. En avril, je saisissais le Président de la République par lettre recommandée A.R., lui faisant part de mon étonnement devant votre silence, et je recevais, le 23 avril, une réponse surprenante, référenciée CA 1403 26, m’indiquant que mon courrier recommandé vous avait été transmis !!!

C’est donc le serpent qui se mord la queue, attitude peu honorable de la part de responsables qui devraient être à l’écoute du peuple… J’apprends aujourd’hui qu’en réponse à la question d’un député, vous avez confirmé l’invitation faite à l’Algérie, dans le cadre des cérémonies honorant les combattants de la première guerre mondiale 1914/1918.

Donc, nos craintes étaient justifiées. Vous allez faire défiler à Paris l’armée du FLN encore en place en Algérie, au motif d’honorer les anciens combattants « algériens » de la première guerre mondiale !

Or, Monsieur le Secrétaire d’Etat chargé de la mémoire, je suis dans l’obligation de vous rappeler que les combattants « algériens » ayant pris part à la première guerre mondiale n’étaient pas des « Algériens », mais des nationaux français issus de départements français depuis 1848.

Dois-je vous rappeler aussi qu’en Algérie indépendante depuis le 5 juillet 1962, les survivants de ces anciens combattants français de la première guerre mondiale, comme ceux de la seconde, d’ailleurs, ont été traqués, poursuivis, par cette armée algérienne que vous invitez si généreusement à participer au défilé du 14 juillet prochain, laquelle les a contraints à avaler leurs médailles gagnées au feu, avant de les mettre à mort dans les conditions les plus infâmes de la barbarie ?

Comme le défilé du 14 juillet est militaire, je n’évoquerai pas les victimes civiles de la « glorieuse » armée algérienne que vous voulez honorer.  En France, il y a 535 familles métropolitaines qui pleurent encore l’un des leurs, jeune appelé pendant la guerre d’Algérie, déclaré « prisonnier du FLN », mais qui n’a jamais été rendu aux siens contrairement à tous les accords internationaux sur les fins de conflits.

Mais la dérobade ne s’arrête malheureusement pas là. Quid de ces vaillants soldats français qu’on regroupe aujourd’hui sous le nom de harkis ? La France les a-t-elle « rapatriés » comme elle avait le devoir de le faire ? Non. Elle les a désarmés et livrés à la vindicte du FLN, sans réaliser qu’elle perdait son honneur en agissant ainsi.

Et quelle fut ensuite la conduite des nouveaux maîtres de nos départements français d’Algérie à leur égard ? Ils furent  traqués, ils furent brûlés sur des bûchers, ébouillantés, dépecés à coups de dents, et , de l’aveu même du Président de la République algérienne, des villages entiers, hommes, femmes et enfants, furent exterminés par cette armée FLN que vous vous apprêtez à faire défiler à Paris, ceci pour avoir recueilli un seul de nos vaillants soldats français qu’on regroupe sous le nom de Harkis !

Alors, Monsieur le Secrétaire d’Etat  chargé de « la mémoire », il serait temps que vous vous souveniez de ce crime contre l’Humanité, réel et fondé, que les historiens s’accordent, aujourd’hui, à chiffrer autour de 150.000 victimes ! Il en est resté de profondes blessures morales et psychiques pour plus d’un million de nos compatriotes, toutes ethnies confondues. Pour eux, le fleuve de sang issu des corps suppliciés de dizaines de milliers de Harkis ne s’assèchera jamais.

Comment ne pas comprendre, alors, qu’ils vouent à l’exécration tous les coupables de ces crimes, qu’ils soient Français ou Algériens, et qu’ils refusent de voir défiler sur les Champs Elysées, le 14 février prochain,  l’armée du FLN qui, à l’indépendance de l’Algérie, avec la complicité passive de la France,  a perpétré, en toute impunité, ce crime contre l’Humanité ?

Sachez qu’ils sont déterminés à manifester avec force, le 14 juillet prochain, leur écœurement et leur colère, et que leur cri sera entendu du monde entier ! A moins que l’un ou l’autre des deux pays concernés prenne la sage décision de renoncer à ce projet scabreux, insensé et déshonorant car, je vous le répète, en conclusion, PAS DE PAIX DES MEMOIRES SANS VERITE DE L’HISTOIRE !

Veuillez agréer, Monsieur le Secrétaire d’Etat chargé de la mémoire, les salutations déférentes que je dois à votre fonction, mais qui ne s’adressent pas à l’homme tant que celui-ci ne l’aura pas correctement remplie.

Jean-Marie AVELIN  Président
Alain ALGUDO Vice-président