Les "porteuses de feu", un nouveau montage de propagande

Le samedi 26 janvier 2008, aux heures de grande écoute, la chaîne nationale télévisée France 3 nous a gratifiés d'un spectacle de la plus grande indécence : une apologie du terrorisme le plus barbare qui soit, celui qui viole toutes les lois de la guerre, qui est unanimement condamné aujourd'hui par toutes les autorités politiques et morales de toutes les nations, (y compris l'Algérie), celui qui est destiné à massacrer aveuglément des populations civiles, ce dont est menacée l'Europe, et tout spécialement la France, comme l'ont rappelé les responsables politiques actuels.
« Aucun mobile ne peut justifier un tel recours à la barbarie, ceux qui la pratiquent doivent être mis au ban de l'humanité » : ce jugement a été confirmé récemment par plusieurs votes et résolutions du Conseil de Sécurité des Nations Unies !

 
Muriel Rosé , responsable des documentaires , et aussi responsable d'une apologie du terrorisme sur la chaîne de télévision France 3

 

Telle est la mesure de l'irresponsabilité des auteurs de cette émission qui, dans le contexte actuel de menaces qui planent sur les populations de l'Europe Occidentale, dont les exemples de Madrid et de Londres, avec tant d'autres moins spectaculaires, ont montré la terrible réalité, n'hésitent pas à faire l'éloge du terrorisme aveugle qui sévissait à Alger dans les années 1956-1957, et qui fit des centaines de victimes dans la population civile européenne et musulmane, hommes femmes et enfants.
Avec impudence, la présentatrice, Faouzia Fékiri, journaliste algérienne, célèbre les exploits criminels de quatre femmes porteuses de bombes, dont Zohra Drif, magnifiées en « porteuses de feu : des témoignages forts qui esquissent les portraits de femmes d'exception » !
Le plus étrange c'est la coïncidence, à deux jours près, d'actes de terrorisme aveugle commis par les islamistes contre la population civile à Alger ( Ben Aknoun et Hydra ) le 11 décembre 2007, sévèrement condamnés par les Autorités algériennes comme barbares et contraires aux Droits de l'Homme, et l'éloge fait, 2 jours après, le 13 du même mois, par Faouzia Fékiri, la présentatrice des « Porteuses de feu », du même terrorisme aveugle, qualifié, cette fois, d'héroïque, lorsque ce dernier était commis contre des populations civiles d'Alger, en 1956...
Il s'agit donc bien d'un montage de propagande réalisé à Alger, et retransmis directement par son relais de France 3. Aucun débat, aucun commentaire : l'office de propagande du FLN, porte-parole d'un régime totalitaire, ne pourrait le tolérer.
Autre procédé signant son origine : les calomnies sur l'armée française sont étayées par des extraits d'un film ancien : « La bataille d'Alger » réalisé en 1965 par le cinéaste italien Gillo Pontecorvo, avec un scénario écrit par... Yacef Saadi, le célèbre terroriste de la « zone autonome d'Alger » !
La caricature du film de Pontecorvo, soudoyé ouvertement par le FLN, avait paru si grossièrement mensongère, si calomnieuse envers la France, que le Gouvernement français de Georges Pompidou en avait fait interdire, un moment, la diffusion dans l'hexagone.
Aujourd'hui certaines de ses séquences, en noir et blanc, sont adroitement mêlées, pour leur donner plus de vraisemblance, à quelques bandes authentiques d'actualité du service cinématographique de l'Armée française de l'époque de la bataille d'Alger, extraites des archives dont la France vient de faire généreusement cadeau à l'Algérie ! Il est bien difficile de distinguer les unes des autres.
Ainsi les calomnies qui nous sont présentées, actuellement sur FR3 (Chaîne nationale du groupe France Télévision ) cherchent à paraître crédibles en prenant appui sur d'autres calomnies tirées d'un vieux film de propagande, si discrédité, parce que notoirement truqué !
Certes, dans l'émission de F3; il était fait mention, discrètement, en très petits caractères, du film de Pontecorvo dans le générique, mais ce dernier a défilé si rapidement que la plupart des téléspectateurs n'ont certainement pas eu la possibilité de le lire. L'intention d'escroquerie apparaît manifeste. Les scènes de fiction du cinéaste italien, tournées avec des figurants, peuvent facilement passer pour des séquences réelles d'actualités françaises cinématographiques qui auraient été filmées par quelques « militaires sadiques ».
VERITAS avait déjà, il y a quelques années, démasqué un film de court métrage de propagande FLN, du même style, où l'on voyait, filmé par un soi-disant parachutiste, des figurants, déguisés du même uniforme, projeter contre un mur de très jeunes enfants arabes, lesquels étaient en réalité des poupons en celluloïd...
Ainsi nous voilà en face d'un nouveau montage de propagande antifrançaise virulent qui vient relayer tant et tant d'autres tentatives du genre. La haine des Autorités d'Alger pour la France ne désarmerait-elle donc pas, malgré les voyages présidentiels et les concessions incessantes de nos Gouvernements successifs ?
Il semblerait même que l'expression de cette haine aille crescendo en fonction du mépris ressenti pour cette France déliquescente. Il nous paraît étrange que, dans la même semaine, où une chaîne nationale se met au service d'une nation étrangère, dans une nouvelle campagne antifrançaise, une mode journalistique et littéraire soit lancée sous forme d'un nouveau slogan : « Fiers d'être Français » titre du dernier livre de Max Gallo ( (Fayard 2006).
Le « Figaro Magazine » du 26 janvier 2006, se faisant l'écho de ce renouveau, nous informe également que, parmi d'autres auteurs inspirés de la même veine, Denis Tillinac vient d'écrire « Le Dictionnaire amoureux de la France » et que, bientôt, va paraître une réédition en 19 volumes de la célèbre Histoire de France de Michelet, le grand chantre de notre fierté nationale. « France, glorieuse mère, qui n’êtes pas seulement la nôtre, mais qui devez enfanter toute nation à la liberté... »
Tout ceci nous paraît bien hors de saison. Il faut avouer, à moins d'avoir recours à la méthode Coué, qu'on ne voit pas quel motif pourrait nous inciter à nous montrer si fiers aujourd'hui d'être Français, en assistant à la glorification de ces porteuses de feu.
Ces femmes nous racontent, avec orgueil et complaisance, comment elles ont procédé, froidement, délibérément, intentionnellement, au massacre, dans des conditions atroces, de nos compatriotes civils, hommes femmes et enfants, surtout enfants, tous victimes qui ont été brûlées vives ou déchiquetées, tandis que d'autres étaient rendues infirmes pour la vie !
Ces criminelles nous sont présentées sur une chaîne nationale de la télévision française comme des héroïnes, voire des saintes, l'une d'elles affirmant même qu'elle priait Dieu, avant d'accomplir son geste meurtrier.
Tout cela nous est livré dans une émission spécialement recommandée par la critique du journal français «Télé Grandes Chaînes » qui donne à cette scandaleuse émission, sur l'échelle des valeurs, la note maximum « coup de coeur - 3 étoiles » !
Par quel dérèglement de l'esprit et du jugement a-t-on pu en arriver là ? Quelle que soit l'opinion que l'on porte sur la guerre civile d'Algérie, de pareilles méthodes de lutte sont monstrueuses, condamnables sous tous les cieux, à toutes les époques, contraires à toutes les lois de la guerre, elles disqualifient totalement l'idéologie qui les soutient.
Dans un chapitre de son livre intitulé « L'anathème », André Rossfelder avait parfaitement stigmatisé les responsables d'un tel retour à la barbarie. « Dans leur sanctuaire parisien des Belles-lettres, François Mauriac et sa pieuse phalange administraient les sacrements de pénitence et d'eucharistie avec le sang des Français d'Algérie... »
Qui pouvait inspirer, en métropole, les auteurs de ces crimes commis contre les populations civiles ? « Ceux qui, à l'invitation de Sartre, avaient confisqué le titre d'intellectuels, s'en étaient déclarés la conscience... Devenus confidents privilégiés de l'Histoire dont ils connaissaient, seuls, les intentions. Intellectuel. Le mot évoquait le savoir, la raison, les mains blanches : il était leur chasuble et leur gagne-pain. » (André Rossfelfer « Le Onzième commandement » Gallimard - 2000).

Au nom de l'idéologie marxiste du « Sens de l'Histoire », ces intellectuels et une partie du clergé progressiste lançaient leurs anathèmes incendiaires qui encourageaient le terrorisme. Ceux-là avaient réponse à tout : « Les atrocités du terrorisme urbain ? Il n'y a pas d'arme injuste pour qui combat contre l'injustice sociale ! Le massacre des musulmans messalistes ou francophiles ? Il est légitime d'égorger l'opprimé pour le libérer de l'oppression. Le caractère totalitaire du régime politique du FLN dont les membres s'assassinent entre eux ? Un libéral peut rester fidèle à lui-même en servant la cause d'un système totalitaire. L'intolérance de l'extrémisme arabo-islamisme vis-à-vis d'une population de souche chrétienne ? Un vrai fils de l'Eglise est le frère dans la foi des combattants du Djihad ».
D'étranges alliances ainsi s'étaient nouées entre le terrorisme du FLN et certains Français, au nom du Christ ou de l'Histoire, pour nous sauver de l'erreur et du mal. Car l'anathème était jeté sur tous ceux du parti de la France au Maghreb. C'est dans l'écume de l'incohérence d'une certaine presse métropolitaine qu'André Rossfelder avait colligé ces sophismes absurdes et délirants, capables de justifier tous les crimes qui ont émaillé l'Histoire de l'Humanité depuis ses origines.
On connaît les appels de Sartre pour que soient exterminés tous les Pieds Noirs (Préface au livre de Fanon « Les damnés de la terre » Ed. Maspero-1961). Plusieurs personnalités gaullistes avaient demandé que Sartre ait à répondre devant la justice pour cet appel public insensé au meurtre collectif. De Gaulle refusa car il avait d'autre dessein secret : «On n’arrête pas Voltaire », déclara-t-il, ce qui révélait à la fois l'assujettissement incroyable de la justice au pouvoir politique, et une méconnaissance rare de la vie du philosophe des Lumières, une insulte à la mémoire de ce dernier qui n'appela jamais au meurtre de personne.
C'est le même fanatisme idéologique qui avait poussé Simone de Beauvoir, dont on célèbre le centenaire, à soutenir le terrorisme aveugle, devant les atrocités duquel Albert Camus avait lancé un appel à une trêve «Pitié pour les civils » et Ferhat Abbas, qui n'avait pas encore basculé vers le FLN, avait accepté de venir en discuter avec Camus.
Ce sera l'ultime entrevue au Cercle du Progrès à Alger en janvier 1956, où les deux hommes se verront pour la dernière fois, et qui ne débouchera d'ailleurs sur rien de positif, car le FLN fera rentrer Ferhat Abbas brutalement dans le rang, en exécutant son neveu et en menaçant le reste de sa famille, et répondra par un redoublement d'attentats contre des civils, dans des conditions particulièrement atroces (Massacres de Sakamody en février 1956).
Voici le jugement de Simone de Beauvoir sur cette tentative humanitaire : « Jamais Camus ne prononça une phrase aussi creuse que lorsqu 'il demanda pitié pour les civils. Il s'agit d'un conflit entre deux communautés civiles : les ennemis des colonisés ce sont d'abord les colons, et, accessoirement, l'armée qui les défend...» (Simone de Beauvoir « La force
1 des choses» Ed.Gallimard 1963 - page 364). Cette noble dame, championne de l'humaniste, honorée comme une déesse nationale, confortait ouvertement le FLN dans son choix des civils comme victimes privilégiées du terrorisme, de préférence aux militaires !
Son zèle en faveur du FLN dépassa d'ailleurs, dans l'outrance, les calomnies que ce dernier avait répandues contre la France. « Le massacre d'Oradour (600 victimes des SS en 1944) c'est tous les jours que la France en commet en Algérie - lui confie un soi-disant ancien sergent parachutiste de service - s'il existe un jour un nouveau tribunal de Nuremberg, nous serons tous condamnés. » (Simone de Beauvoir o.c. page 405). On ne savait pas qu'on fréquentait des parachutistes dans le clan Sartre.
Et dans un autre livre, publié plus tard, l'auteur en avait encore rajouté : « La France a tué deux millions d'Algériens, et a organisé des camps de concentration comme les Nazis » (Simone de Beauvoir « Lettres à Nelson Algren » Ed. Gallimard - 1997- page 600). Le destinataire de ces lettres était un écrivain américain qui allait s'empresser de répandre cette affabulation dans les médias aux USA et au Canada !
Qu'on vienne nous demander encore aujourd'hui, en France, d'honorer la mémoire de toutes ces femmes sanguinaires n'est pas tolérable. L'apologie du crime, quel qu'en soit le motif, constitue bien un délit en soi dans une démocratie. Le Comité VERITAS ne laissera pas passer cette affaire et les auteurs et complices seront poursuivis pour apologie de crimes de guerre !
Comment vont réagir nos dirigeants politiques ? Un de nos fidèles adhérents, Roger Soncarrieu, qui a crapahuté 4 ans dans les djebels pendant la guerre, auteur d'un excellent ouvrage « Ma vérité sur la guerre d'Algérie. » (Editions Dualpha 2004), a exposé dans son dernier livre (« Guerre d'Algérie .j'en ai assez » - même éditeur - 2006), le volume du courrier qu'il a échangé en vain avec les dirigeants politiques français pour défendre l'honneur de la France, en protestant contre un autre film de propagande, celui de Patrick Rotman « L'ennemi intime ».
L'auteur nous rappelle un article prophétique d'Alain de Sérigny dans « L'Echo d'Alger » du 27 mars 1956 : « Ce qui est le plus dangereux ce ne sont pas les pistolets des rebelles, mais les milliers de rames de papier où vont s'imprimer les mensonges et les encouragements aux tueurs de femmes et d'enfants. ».
Une dernière remarque sur l'émission des « porteuses de feu » : elle est mensongère aussi dans sa conclusion, tout comme dans le film de Pontecorvo. La bataille d'Alger fut, en réalité, une victoire totale sur le FLN parce que la population de la Casbah, était terrorisée par le FLN qui, seul, perpétrait attentats et crimes dans ce quartier d'Alger. Notre Président, Joseph Hattab Pacha, est d'ailleurs payé pour le savoir, lui qui échappa miraculeusement à la mort, lorsqu'un tueur FLN lui tira une balle dans la nuque !
Après la mort d'Ali la Pointe, cette population s'est sentie revivre car le FLN ne pouvait plus faire régner sa terreur, ce qui assura, pour plus de 3 ans, la paix dans toute la ville. La preuve de l'attachement de la majorité des habitants de la Casbah à la France fut fournie lors des immenses manifestations de fraternisation de mai 1958, où le couvre-feu avait été pratiquement supprimé, et où les foules nombreuses qui circulaient, jour et nuit, auraient pu être exposées à des attentats. Pas un seul ne se produisit.
Le FLN était donc bien annihilé à Alger, et, dans tous les esprits et tous les cœurs, musulmans et européens, il avait perdu la partie. Le plan Challe allait faire le reste dans le bled, victoire pratiquement acquise à l'automne 1959, et la conclusion était inscrite dans la reddition, dans la dignité, projetée par Si Salah et deux autres chefs de la wilaya 4, au printemps de 1960, reddition d'abord acceptée, puis rejetée par De Gaulle, qui, par un nouveau volte-face, absolument incompréhensible, ne voulait plus maintenant de la paix des braves, pourtant promise et célébrée en juin 1958. « Une grande occasion, volontairement sabotée, pour apporter une paix française » (Pierre Montagnon « La guerre d'Algérie » Ed. Pygmalion - 1984).
Ainsi De Gaulle, avec quelle ruse et quelle constance - et quels drames - allait s'employer pendant quatre ans, avec un acharnement inouï, digne d'une meilleure cause, à faire renaître le FLN de ses cendres, et à l'installer de force à Alger. Toutes les fabulations sur la guerre d'Algérie, dictées par le FLN, font l'impasse totale sur cette réalité historique, et l'émission télévisée des services de propagande d'Alger, via France 3, sur ces «porteuses de feu » perpétue la logique de cette désinformation officielle, inscrite dans l'esprit même de la capitulation d'Evian.
Le 26 janvier 2008, sur une chaîne nationale, et malgré toutes les protestations préalables dont celle de VERITAS, la France officielle a renouvelé moralement, et honteusement, cette capitulation !

Pierre CATTIN