La coopération
entre nos deux pays a contribué à la formation des
cadres de l'Algérie : à l'heure actuelle, nous accueillons
en France plus de 22.000 jeunes Algériens qui poursuivent
des études supérieures
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais vous dire tout d'abord le plaisir que j'ai à
être parmi vous, aujourd'hui, dans cet amphithéâtre
de l'Ecole supérieure algérienne des Affaires.
L'occasion m'est ainsi donnée, dès cette première
journée de visite en Algérie, de rencontrer une
grande diversité d'interlocuteurs : futurs cadres de l'économie
algérienne, étudiants de mastère, jeunes
cadres qui préparent eux aussi un mastère, enseignants
et responsables français des établissements partenaires,
chefs d'entreprise impliqués dans la réussite de
ce projet, représentants de la Chambre algérienne
de Commerce et d'Industrie et, enfin, représentants des
autorités de l'Etat, qui se sont investis pour porter ce
projet imaginé et lancé en mars 2003, grâce
à l'initiative de nos deux présidents, dans le cadre
de la Déclaration d'Alger, et avec l'objectif de renforcer
la coopération culturelle, technique et scientifique entre
nos deux pays.
Je me réjouis donc d'être avec vous aujourd'hui
ici, dans l'Ecole supérieure algérienne des Affaires,
votre école, qui confirme à l'évidence la
réussite de la coopération voulue entre nos deux
pays. Elle illustre aussi l'engagement efficace de partenaires
privés et publics qui, ensemble, ont réussi le tour
de force de traduire en actes concrets le dessein ambitieux qui
leur avait été tracé dans un délai
pourtant extrêmement court. La première promotion
de préparation au MBA en formation continue a fait sa rentrée
en janvier 2005, et aujourd'hui, nous sommes réunis dans
ces bâtiments flambants neufs qui abritent cet établissement
de prestige et d'excellence.
Soyons clairs : votre école symbolise, de la plus belle
manière, la coopération franco-algérienne
dans un secteur essentiel, celui de la formation des cadres du
secteur économique, et pour un objectif majeur de notre
partenariat : celui de relever les défis d'un monde en
mouvement, alors que le phénomène de la globalisation
ne cesse de gagner du terrain.
De longue date, la coopération entre nos deux pays a contribué
à la formation des cadres de l'Algérie : à
l'heure actuelle, nous accueillons en France plus de 22.000 jeunes
Algériens qui poursuivent des études supérieures
; nous assurons d'ambitieux programmes de bourses ; nous contribuons
à la formation dispensée dans les universités
algériennes dans le cadre de nombreux programmes de coopération
inter-universitaires ; nous participons, enfin, à la conduite
de nombreux programmes de recherche franco-algériens.
Quel meilleur exemple pour confirmer que la coopération
franco-algérienne s'inscrit dans la durée, celle
de la fidélité et de l'amitié, y compris
dans les moments les plus difficiles.
L'ESAA est le produit de cette continuité. C'est aussi
une pierre nouvelle de l'édifice de notre coopération,
parce qu'elle est au carrefour des préoccupations pédagogiques
et des impératifs économiques de nos deux pays.
Cette école a été voulue et pensée
comme un instrument au service du développement et de la
modernisation des entreprises algériennes ; mais elle représente
aussi un atout majeur pour tous les entrepreneurs français,
européens ou venant d'autres pays encore, qui veulent investir
en Algérie.
Dans un monde en compétition où l'ouverture des
marchés se traduit pour les entreprises de chaque pays
par la nécessité d'être toujours plus performantes,
la ressource humaine représente à l'évidence
un élément essentiel du succès. De ce point
de vue, l'ESAA apporte ainsi sa contribution au défi de
la formation des cadres et de l'adéquation de cette formation
aux besoins de l'économie de votre pays.
De la qualité de votre formation, dépend largement
la capacité des entreprises où vous allez servir
- où vous servez déjà pour certains d'entre
vous - à se déployer sur un marché où
il faut en permanence être capable de s'adapter et d'affronter
une concurrence chaque jour plus redoutable. De cette qualité,
dépend aussi la création des emplois de l'avenir
pour tous ceux qui entrent aujourd'hui dans le système
scolaire et prendront demain la relève.
La réussite de ce projet vient d'abord de l'engagement
des principaux intéressés. J'ai déjà
dit combien celui des étudiants était important.
Je veux aussi évoquer le partenariat mis en place à
l'ESAA à travers un consortium conduit par la Chambre de
Commerce et d'Industrie de Paris, associant la Chambre de Commerce
et d'Industrie de Marseille et l'Université de Lille II,
en lien avec la Chambre algérienne de Commerce et d'Industrie.
Je veux saluer aussi la contribution des entreprises qui ont misé
sur l'ESAA, comme en témoigne le parrainage de plus de
la moitié des 51 étudiants qui préparent
actuellement le mastère ou encore la signature entre la
Société Générale et votre école
d'une convention assurant des prêts étudiants à
des conditions très intéressantes.
Permettez-moi aussi d'évoquer l'engagement de l'Etat français
et le concours des services de coopération de l'ambassade
de France pour mettre en place la contribution apportée
par les enseignants chargés de l'encadrement des cours,
celui de la Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris qui assure
la présence d'un directeur français à la
tête de l'ESAA - directeur que je salue ici pour son investissement
personnel et l'efficacité dont il fait preuve depuis sa
nomination - l'engagement, enfin, de la Chambre de Commerce et
d'Industrie de Marseille qui doit fournir les rémunérations
de jeunes experts venus renforcer l'équipe pédagogique.
Enfin, comment ne pas souligner, dans ce magnifique amphithéâtre,
l'effort remarquable des autorités algériennes,
et tout particulièrement de la Chambre algérienne
de Commerce et d'Industrie, qui ont su faire de cette école
un lieu de rencontre et d'échange à la hauteur de
ses ambitions.
L'ESAA est donc née sous les meilleurs auspices. Le projet
a été conduit avec célérité
et efficacité. Il faut maintenant lui laisser trouver son
rythme et prendre toute sa dimension. Dans le même temps,
nous devons déjà songer à développer
de nouvelles filières correspondant aux autres besoins
de formation qui doivent accompagner le développement économique
de l'Algérie. A cet égard, je peux vous annoncer
d'ores et déjà que nos deux pays ont engagé
les travaux pour préparer, sur le modèle de l'ESAA,
la création d'un Institut Supérieur des Technologies.
Ainsi, l'ESAA prend toute sa part au sein de la coopération
française dans le domaine de la formation universitaire
et de la recherche. Vous me permettrez de souligner l'importance
que la France accorde à cette dimension des relations entre
nos deux pays : nous savons tous que ce qui relève de la
formation humaine est complexe, souvent difficile à maîtriser,
mais fondamental pour l'avenir. C'est le socle des relations durables
entre deux pays C'est donc avec humilité que ces actions
doivent être abordées, mais elles doivent être
menées avec le souci d'échanger les expériences,
de tenir compte des spécificités comme des rythmes
respectifs, et de tirer mutuellement parti de la richesse de ces
échanges.
Si nous prenons le recul nécessaire, nous mesurons aisément
combien le temps a permis à nos deux pays de définir
ensemble un partenariat fructueux. Nous savons le chemin parcouru
qui a permis en particulier à l'Algérie, au cours
des dernières décennies, de construire un réseau
dense d'universités et d'établissements supérieurs
et d'être au rendez-vous des défis posés par
l'économie mondiale.
Pour y faire face, l'Algérie a pu compter, et peut encore
compter aujourd'hui, sur l'appui résolu de la France où
les universités partenaires, les établissements
d'enseignement supérieur, les grandes écoles sont
déjà mobilisées. Je me réjouis que
les contacts et les négociations entre la Conférence
des présidents d'universités et la conférence
nationale des universités algériennes aient avancé
significativement au cours des derniers mois. Elles donneront
lieu, au cours des prochains jours, à la signature d'une
convention de partenariat. Pour faire avancer ce chantier si remarquable,
toutes les ressources disponibles sont nécessaires. Je
voudrais saluer ici, en la personne du maire de Marseille, M.
Jean-Claude Gaudin, et en présence des responsables de
la communauté urbaine de Toulouse, le travail, déjà
engagé et qui devrait se renforcer, des collectivités
locales, départementales et régionales de mon pays.
Celles-ci apportent un concours décisif pour l'accueil
des doctorants et des futurs professeurs d'université que
l'Algérie va former au cours des prochaines années.
Je souhaite saluer enfin M. Christian Margaria, président
de la Conférence des grandes écoles dont la présence
parmi nous témoigne de la volonté de nos grandes
écoles de développer des partenariats d'avenir en
Algérie. Il est important que nous continuions à
nous mobiliser pour la création de pôles d'excellence
dans le domaine de la recherche scientifique ou médicale,
afin de faire surgir les talents et les compétences de
demain.
En Algérie même, ces chantiers de notre coopération
universitaire et de recherche sont identifiés : aide à
la gouvernance universitaire, appui à la réforme
des cursus, appui à la professionnalisation des filières,
appui à la formation des formateurs, appui à la
recherche par la poursuite et le renforcement de programmes conjoints.
Face à tous ces projets de coopération, deux mots
me viennent à l'esprit pour qualifier la méthode
qui doit nous inspirer dans la conduite de ce chantier : continuité
et innovation.
Continuité, afin de capitaliser le travail déjà
réalisé et fertiliser le réseau dense et
complexe de relations et de partenariats tissés au fil
des années.
Innovation, car l'ampleur des défis et la nouveauté
des problèmes posés aujourd'hui nous obligent à
faire preuve d'imagination, de capacité de changement,
de réactivité pour répondre au formidable
défi que représente l'arrivée prochaine de
centaines de milliers de nouveaux étudiants : ceux-ci seront
les acteurs du développement futur de l'Algérie
; par-là même, ils justifient les efforts placés
dans la promotion de ces partenariats fructueux.
Le Haut Conseil de Coopération universitaire et de Recherche,
mis en place à la suite de la déclaration d'Alger,
doit répondre à notre volonté partagée
de dynamiser notre coopération. Cette structure a déjà
bien travaillé, notamment en mettant en place, dès
2006, 35 nouvelles licences et nouveaux mastères à
dominante professionnelle qui assurent une formation adaptée
aux besoins de l'économie algérienne. Elle doit
aujourd'hui nous aider, par sa capacité de réflexion
et de proposition, à penser des voies et des modalités
nouvelles, indispensables pour répondre à l'ampleur
des enjeux auxquels nous devons faire face. Je tiens à
souligner que, à travers le développement de telles
filières universitaires, se dessinent progressivement les
grandes lignes d'une université franco-algérienne
de demain à laquelle je suis particulièrement attaché.
La France - premier partenaire de l'Algérie - continuera
d'aider l'Algérie à construire son avenir, en poursuivant
et en renforçant son soutien dans la modernisation de son
économie, la promotion de son enseignement supérieur,
mais aussi dans les autres dimensions de notre coopération
: la coopération institutionnelle et administrative, qu'il
s'agisse de la protection civile ou de la formation des magistrats,
la santé publique, ou encore la formation professionnelle.
N'oublions pas, enfin, l'enrichissement mutuel des connaissances
et des cultures par les échanges artistiques et culturels,
le développement des médias, l'approfondissement
de la maîtrise des langues étrangères.
Cette action de la France, elle se fera bien évidemment
en complémentarité avec l'Europe qui apporte, dans
tous ces domaines, un concours décisif. Au-delà,
c'est tout l'ensemble francophone qui est mobilisé, puisque
27 universités algériennes sont membres actifs de
l'Agence universitaire de la Francophonie.
Chacun peut mesurer les besoins spécifiques en ressources
humaines qui sont induits par la nécessaire adaptation
de l'Algérie à son environnement économique.
Face aux évolutions en cours, la coopération bilatérale
doit changer de dimension et de nature : elle passe d'une logique
de financement à celle de transferts de technologie et
de savoir-faire.
C'est ainsi que la coopération institutionnelle innove
au travers des programmes d'appui aux structures publiques en
charge de la conduite de la politique économique. Je citerai,
par exemple, la coopération entre les deux ministères
des Finances, qui abordent des thèmes aussi variés
que la gestion de la fiscalité - avec l'accord de jumelage
passé entre l'école des impôts de Kolea et
celle de Nevers - ou encore la mise à niveau du cadastre
en Algérie, avec la collaboration étroite entre
la direction algérienne des domaines et la direction générale
des impôts en France. De même, de nombreuses actions
d'assistance technique et de formation au bénéfice
des fonctionnaires du ministère algérien des Participations
et de la Promotion des investissements sont assurés en
France par l'Agence des participations de l'Etat.
Mais les opérateurs économiques eux-mêmes
contribuent à cet effort général. Je saisis
cette occasion pour observer avec satisfaction que les entreprises
et, au-delà, tous les acteurs économiques de mon
pays sont prêts à répondre présents
à la demande de leurs partenaires algériens. Je
ne cesserai, pour ma part, de les encourager à agir dans
ce sens, car tel est notre intérêt commun.
Soyez assurés que les entreprises françaises ne
considèrent pas le marché algérien comme
une simple opportunité commerciale dans le cadre de contrats
éphémères. Elles souhaitent, au contraire,
établir une relation privilégiée et de long
terme avec leurs partenaires algériens. Ceci implique aussi
bien des programmes de formation que des transferts de technologie
ou des partenariats techniques, commerciaux et financiers.
Les exemples aujourd'hui de partenariats originaux se multiplient
entre des entreprises et des entités publiques : ainsi,
dans le secteur des transports terrestres, les structures institutionnelles
et les entreprises françaises vont s'associer pour appuyer
les capacités de l'Institut supérieur de formation
ferroviaire de l'Algérie.
Il en va de même dans le secteur aéroportuaire :
la gestion d'un projet tel que celui de l'aéroport international
d'Alger nécessite une grande expérience, qu'il s'agisse
des phases de conception et de réalisation ou encore de
la mise en exploitation. Le groupe des Aéroports de Paris
va ainsi apporter son expertise au travers d'une assistance technique,
en partenariat avec l'entreprise de gestion de l'aéroport
d'Alger.
Dans le secteur de l'aviation civile, diverses institutions et
sociétés françaises sont prêtes, dans
le sillage des actions de coopération engagées,
à soutenir la mise en place d'une Ecole nationale de l'aviation
civile en Algérie. Ce projet de coopération, qui
a déjà acquis une dimension concrète par
des échanges réguliers entre institutions des deux
pays, profite pleinement d'une expertise industrielle française
reconnue internationalement.
En matière de services, enfin, des entreprises françaises
sont amenées à créer aujourd'hui leur propre
centre de formation. C'est le cas notamment de BNP Paribas, qui
a ouvert à Alger un tel centre. Cette initiative ne se
limite pas aux seuls employés de la BNP ; elle est ouverte
aussi à tous les cadres du secteur bancaire algérien.
Elle souligne ainsi le potentiel du secteur privé qui devient
de plus en plus un relais indispensable de la coopération
institutionnelle, et le créateur d'une valeur ajoutée
qui bénéficie à tout le secteur bancaire.
Mesdames et Messieurs, chers Amis,
Vous êtes les acteurs de l'avenir de votre pays, les artisans
de la construction d'une Algérie prospère, moderne
et dynamique, que nous appelons tous de nos vœux.
Comme ministre des Affaires étrangères de la France,
je suis honoré d'être ici parmi vous, pour constater
aujourd'hui, de manière concrète, comment mon pays
prend sa part dans l'œuvre de modernisation de l'Algérie.
Rien de bien surprenant à cela : il est évident
en effet que nos intérêts sont partagés et
que nous avons ensemble un destin à bâtir. Celui
de deux grands pays, situés sur chacune des rives de la
Méditerranée, porteurs d'une longue histoire et
animés par la volonté de permettre à cette
région, qui leur est commune, de retrouver prospérité
et stabilité. Notre passé, notre voisinage, notre
avenir sont autant de raisons pour mener ensemble cette entreprise
de renouveau indispensable si nous voulons tenir notre rang sur
la scène du monde.
Nos deux pays, nos deux peuples doivent avoir confiance : ils
possèdent des ressources exceptionnelles pour affronter
la compétition internationale et faire entendre leur voix
dans le concert des nations.
Mais, au-delà de leur destin propre, l'Algérie
et la France ont aussi la responsabilité d'entraîner
l'ensemble du monde euro-méditerranéen sur le chemin
de la paix et du développement économique. Cette
vocation commune, nous devons l'assumer sans crainte et avec détermination
: elle nous oblige à être en accord avec nos principes
et nos convictions. Mais elle donne à nos deux pays l'occasion
de nourrir une haute ambition : celle de recréer, au cœur
de cette Méditerranée qui a connu tant de divisions
et de guerres, tant d'affrontements et de haine, des liens de
solidarité et de partenariat pour la cause de la paix et
du renouveau. Je sais que l'Algérie et la France sont capables
de mener à bien cette lourde tâche. J'ai confiance
dans nos peuples et dans la jeunesse de nos deux pays pour relever
ce défi et nous imposer cette ligne exigeante. Ainsi nous
serons fidèles à tout ce qui a fait la force et
la noblesse de nos nations respectives. A nous, désormais,
de nous engager résolument sur le chemin de l'avenir.
Je vous remercie./.