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La
« fureur médiatique » contre notre communauté
débouche désormais sur l'exigence de la « repentance
de la France pour sa présence en Algérie »!
Il n'y a guère à s'en étonner. C'est un «
créneau porteur ». Il prend appui sur une réalité
historique lointaine et constante de pouvoirs successifs martyrisant
leurs peuples ou leurs minorités rejetées. Les temps
modernes exigent, dans nos démocraties tout au moins, que
ces fautes ou ces crimes soient enfin reconnus afin de maintenir
l'unité et la sérénité de la vie nationale.
C'est une purgation, une catharsis désormais nécessaire.
La France, on le sait, s'en est acquittée pour ce qui regarde
en particulier le régime dit « de Vichy » pendant
les années noires de l'occupation nazie. Mais cet acte de
responsabilité et de courage ne peut autoriser quiconque
à pratiquer de scandaleux rapprochements. Transformer une
longue présence civilisatrice en une entreprise délibérée
d'aliénation de la société algérienne
de 1830 à 1962 est une falsification d'autant plus suspecte
qu'elle intervient à côté des propos proprement
délirants du président algérien (Assemblée
nationale algérienne 7 juillet 2005); événements
de Sétif (mai 1945) ; loi de février 2005 sur le rôle
positif de la France dans les anciennes possessions d'outre-mer,
etc., ce qui peut légitimement inférer quelque connivence
de calendrier ou une complicité plus organisée entre
le pouvoir algérien et ses thuriféraires successifs
! Quelles chances pour ces « furieux d'une histoire falsifiée
» ? Ne peut-on craindre qu'ils gagnent toujours plus en influence
et installent durablement dans les consciences leur conception de
la vérité historique? Comment ne pas douter devant
la passivité des représentants de la nation dans les
trois circonstances majeures évoquées ci-dessus qui
portent si fortement atteinte à notre dignité nationale?
Comment ne pas oser plus quand on trouve en face de soi si peu de
résistance et un si placide sens de l'honneur ?
Si cette demande de repentance est inconséquente, absurde
et indigne on ne peut, malheureusement exclure tout à fait
qu'elle puisse un jour être prise en compte et que nos dignitaires
se résignent à la longue à cette forfaiture.
D'autant plus qu'ils sont soumis à une extraordinaire pression
:
- par l'opinion dont ils sont généralement friands
et que les falsificateurs manipulent avec constance et adresse.
S'y ajoute la complicité plus ou moins avérée
de divers acteurs de la vaste machinerie médiatique (presse,
radio, TV, etc.) où pantouflent tant de gens « acquis
à la cause »; - par la pseudo « intelligentsia
» des « bien-pensants » baignant dans l'idéologie
« tiers-mondiste » ou « alter mondialiste »
etc., composée d'historiens et d'intellectuels « engagés
» chez qui la vérité ne compte que si elle soutient
leurs thèses, conforte leurs a priori, élimine les
importuns adeptes de la vérité, de l'honnêteté,
de la probité intellectuelle;
- par le jeu d'une presse d'inclination. II faut ici citer Le Monde,
quotidien qui a ses préférences et ses faiblesses.
Que dire de cette « pétition des intellectuels anticolonialistes
» assimilant le Cercle algérianiste à une «
association d'extrémistes prônant la supériorité
de la race blanche sur les races inférieures » ? L'extravagance
mais surtout le grotesque et l'indigence de ces élucubrations
prêteraient à rire si le sujet y inclinait. Mais, hélas
! son enflure même vise la partie de l'opinion la moins armée
et la plus malléable..., et qui, hélas ! n'est pas
la moins nombreuse... Mais ils nous incitent à penser que
cette indigence argumentaire et l'enflure de l'expression qu'elle
implique expriment une forme de colère devant la pérennité
de nos travaux, l'excellente défense de notre mémoire,
la valeur de nos témoignages, le succès de nos productions
(littérature, théâtre, chansons et autres) le
talent de nos conférenciers, etc. Et sans aller trop loin
dans ces formes d'assurances, comment ne pas croire ou espérer
que tant d'affirmations ignominieuses déconsidèrent
plus ceux qui les profèrent que ceux qui en sont la cible?
On voit bien cependant, malgré ces formes rassurantes, que
l'action des falsificateurs obtient quelques succès et contribue
à rendre notre avenir incertain. Car si méprisable
que soit notre adversaire, il n'en garde pas moins une influence
sur les milieux décrits plus haut et même, comme on
l'a suggéré, il peut conduire les pouvoirs successifs
à une réserve prudente, à une frileuse neutralité,
voire à une pusillanimité coupable, malgré
les signes récents d'ouverture (date de la fin de la guerre
d'Algérie; loi sur l'action positive de la France en Algérie,
etc.).Eudes Dunant
IN ALGERIANISTE
N° 111
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