La France veut faire baisser la tension avec l'Algérie

   
 
     
 

Les appels d'Alger pour que Paris reconnaisse les «crimes» commis lors de la colonisation, de 1830 à 1962, et demande pardon sont de plus en plus pressants. Ils se sont amplifiés avec la commémoration, dimanche, des massacres déclenchés à partir du 8 mai 1945 dans la région de Sétif (300 km à l'est d'Alger), où la répression par les forces coloniales de manifestations pro-indépendantistes avaient fait des milliers de morts (lire Le jour où est née la guerre d'Algérie. La France a tenté de calmer la pression mercredi. «Nous sommes convaincus de la nécessité d'avancer sur le chemin du travail de mémoire», a expliqué le ministère français des Affaires étrangères. «Ce travail, nous devons le faire dans un esprit de respect mutuel et dans un souci de vérité.»

Samedi, le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, avait fermement demandé à la France d'admettre sa responsabilité. Dans un «message» lu en son nom lors d'un séminaire à l'Université Ferhat Abbas de Sétif, à l'occasion du 60e anniversaire des massacres du 8 mai 1945, il a dénoncé «l'occupation [qui] a foulé la dignité humaine et commis l'innommable à l'encontre des droits humains fondamentaux (...) et adopté la voie de l'extermination et du génocide». Il est allé jusqu'à comparer aux fours crématoires des nazis des fours à chaux de la région de Guelma (530 km au sud-est d'Alger) utilisés par des colons français pour incinérer des cadavres d'Algériens tués lors des événements de Sétif.

La visite à Sétif, le 27 février, de l'ambassadeur de France à Alger, Hubert Colin de Verdière, qui s'était recueilli à la mémoire des victimes de ces événements, qu'il avait qualifiés de «tragédie inexcusable», a été perçue comme un premier pas. Mais le président algérien souhaite «un geste plus probant» de la France. «Le peuple algérien n'a eu de cesse d'attendre de la France une reconnaissance de tous les actes commis durant la période de colonisation y compris la Guerre de Libération pour voir s'ouvrir de larges et nouvelles perspectives d'amitié et de coopération entre les deux peuples», a-t-il dit.

La démarche de Paris est de «vouloir aller résolument de l'avant dans le rapprochement franco-algérien, ce qui passe par un travail de mémoire commun, dans le respect mutuel, pour examiner et surmonter le passé, y compris dans les pages les plus douloureuses de la période de la colonisation et de la guerre d'Algérie», a également affirmé mercredi Jean-Baptiste Mattéi pour répondre aux violentes déclarations algériennes. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères a rappelé la Déclaration d'Alger signée le 2 mars 2003 lors d'une visite du président Jacques Chirac, ainsi que «l'objectif» des deux pays de conclure un traité d'amitié «avant la fin de l'année». Le secrétaire d'Etat français aux Affaires étrangères, Renaud Muselier, achevait mercredi une visite en Algérie et devait tenir une conférence de presse en fin d'après midi.
Par Libération.fr mercredi 11 mai 2005 (Liberation.fr - 17:42)