Dans son allocution, Yves Sainsot, président national de l'Anfanoma, a hier salué le geste de Jean-Marie Louvel, à l'époque sénateur-maire centriste de Caen, qui avait réclamé cette statue : « Il encourageait les Normands à la compréhension et à la compassion. Il avait lancé un appel clair en faveur de l'amnistie », à propos des événements algériens de 1954 à 1962. « Notre présence 50 ans après un exode imposé témoigne des liens forts qui se sont créés », ajoute Yves Sainsot.
Le geste de 1964 peut aussi s'interpréter par le souci du maire Jean-Marie Louvel, farouche antigaulliste, de s'attirer les bonnes grâces des électeurs rapatriés d'Algérie arrivés à Caen après 1962. Ils étaient près de 2 000 pour l'inauguration de la statue.
Au-delà de ces soubresauts politiques, cette statue de Jeanne d'Arc, œuvre de Joseph Ebstein, créée en 1934, était destinée à marquer le centenaire du début de la colonisation française en Algérie : une collecte avait été organisée dans les écoles pour financer cette réalisation:
Dans La Peste, roman ayant pour cadre Oran dans les années 1940, Albert Camus évoque la statue : « Le soleil derrière les maisons de l'Est réchauffait seulement le casque de la Jeanne d'Arc entièrement dorée qui garnit la place. »
L'histoire caennaise de la statue est marquée de différents épisodes : en 1968, l'épée est volée. Remplacée, elle est cassée et volée en 2000.
En 2002, nouvelle épée avec redorage complet de la statue.
Et plus récemment, Jeanne d'Arc a enfilé le t-shirt rose de la course à pied, la Rochambelle.
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