1500 Rapatriés d'Algérie assistent à Aix-en-Provence à la projection
Les Pieds Noirs, Histoires d'une blessure
Un documentaire
qui laisse la parole aux Rapatriés d'Algerie

 
     
Un documentaire pour libérer la parole des pieds-noirs

Plusieurs dizaines de pieds-noirs du Midi ont pu dire la souffrance de l’exil, dans une série documentaire diffusée à partir de ce samedi, sur France 3 .
Certains d’entre eux s’étaient tus pendant quarante-cinq ans. Soucieux de s’intégrer dans une France hostile, les pieds-noirs qui ont fui l’Algérie à l’été 1962 ont enfoui dans leur mémoire leur histoire et la douleur de l’exil. Un silence que lève avec pudeur le documentaire de 160 minutes Pieds-noirs : Histoires d’une blessure, dont le premier volet, « Les années romantiques », est diffusé ce samedi 24 mars à 23 h 30, sur France 3. Mêlant images d’archives familiales et témoignages, cette série retrace l’histoire de 62 pieds-noirs, descendants des paysans et dissidents politiques venus de toute l’Europe en 1830 peupler l’Algérie française.

 
Présentation du documentaire
Les Pieds Noirs, Histoires d'une blessure
Jeudi 22 février 2007, 18 h 30, au Pasino d'Aix-en-Provence
Pour accueillir les spectacteurs un mini concert du groupe qui compose la musique du film TV.
       
 
Au fil des générations, cette communauté d’ouvriers agricoles, d’employés, a souvent tissé avec les Arabes des liens fraternels que brisa la guerre d’indépendance pendant laquelle enlèvements et assassinats se multiplièrent (« Les années dramatiques »). Le massacre des Européens d’Oran, le 5 juillet 1962, sonne le début des « années mélancoliques » et de la fuite vers la France.
Chassés de leur pays natal, les pieds-noirs s’attacheront à « se fondre » dans la masse française, pour échapper au rejet de ceux qui les considéraient comme de riches colons exploiteurs et racistes. « Pendant des années, nous nous sommes sentis coupables de gestes que nous n’avions pas commis », soupire Monique Ferrandis.
 
                     
 
L'élément humain

C’est pour rétablir la vérité sur ces « petites gens » que Gilles Perez, directeur de la maison de production « Treize au Sud », à Marseille, a voulu ajouter aux analyses politiques ce qui n’avait jamais été pris en compte : l’élément humain. Sans voix off, ni commentaire, les témoins racontent leur vie modeste mais heureuse, l’exode précipité, une valise à la main, et le déracinement qu’accentua l’accueil glacial de cette France adulée.« Débloquer ce verrou qui enserre la mémoire des rapatriés est important car, finalement, on ne les connaît pas. Or c’est par ce biais que l’on comprend mieux l’Histoire », insiste Gilles Perez, lui-même descendant de pieds-noirs. L’entreprise sur cette période coloniale taboue ne fut pas simple. « Il a fallu rassurer les témoins que le documentaire, diffusé sur une chaîne publique, ne se réduirait pas à réécrire l’histoire officielle. Quant aux chaînes télévisées, toutes m’ont répondu : “On ne veut pas de ce film chez nous.” Seules France 3 Méditerranée et France 3 Languedoc-Roussillon (régions où vivent de nombreux pieds-noirs, NDLR), ont accepté d’emblée et ouvert la voie à une diffusion nationale », poursuit le réalisateur.La parole est digne et les plans serrés.
     
     
       
 
Rien ne distrait le télé spectateur de l’émotion de ce récit polyphonique douloureux et sensible que 8 000 personnes ont déjà découvert lors de huit projections publiques organisées à Marseille, Perpignan, Nice, Bordeaux… Diffusé en janvier sur France 3 Aquitaine et France 3 Méditerranée, le documentaire a obtenu « entre 17 % et 20 % » d’audience selon Gilles Perez."C'était la première fois qu'on nous écoutait jusqu'au bout" Cette parole offerte a été une « libération » pour Annie-France Ferrandis, de Saint-Martin-de-Crau (Bouches-du-Rhône). « C’est la première fois qu’on nous écoutait jusqu’au bout car, jusqu’à présent, notre vécu n’intéressait personne. » Une épreuve aussi. « Remuer tout cela n’a pas été facile. Mais c’était le moment ou jamais de témoigner car, après nous, il n’y aura plus personne », souligne Gisèle Jacquinot, 74 ans. Pudique, la caméra de Gilles Perez se fait intime lorsque Jean-Pierre Frappoli évoque – pour la première fois en cinquante-deux ans – l’assassinat de son père sous ses yeux, par le FLN, le 13 août 1955. Depuis l’interview dont il est sorti « vidé comme après une analyse », cet architecte aixois a franchi un cap. « Depuis, je suis moins agressif. À défaut d’être cicatrisée, ma souffrance est dite et cela la relativise un peu. » Après la diffusion du film en janvier sur France 3 Méditerranée, Henri Martin s’est souvent fait interpeller dans les rues d’Aix-en-Provence. « Beaucoup de métropolitains m’ont remercié d’avoir raconté mon histoire, car ils ignoraient tout cela, et cela fait chaud au cœur », raconte ce retraité en espérant « que les gens arrêteront de nous prendre pour des salauds ». « La colonisation résulte de la politique française de l’époque, et pas des pieds-noirs ! », rappelle Henri Martin.
 
           
«Réconcilié avec mon histoire, mais pas avec ma patrie»

C’est là aussi une « claque » pour Marianne Montaner, 36 ans, qui, face au silence blessé de son père Guy, « avait toujours imaginé qu’il n’aimait pas les Arabes ». « Or, lors de la projection à Marseille, j’ai découvert tout le contraire ! » confie cette Marseillaise, qui veut « tout savoir » désormais sur l’histoire de ses grands-parents. Comme la majorité des 47 témoins, Guy Montaner (68 ans) n’avait jamais évoqué cette période devant ses enfants. « Je craignais qu’ils pensent que j’étais xénophobe et ce film nous a rapprochés », raconte ce Marseillais qui se sent « réconcilié avec mon histoire, mais pas avec ma patrie. Le gouvernement de l’époque nous a menti. S’il nous avait dit d’emblée que l’Algérie serait indépendante, si la transition avait été préparée, nous serions restés. » Cette parole retrouvée, Gisèle Jacquinot ne veut plus la lâcher.

 
         
     
« Le documentaire m’a redonné une combativité politique », reconnaît cette Marseillaise, qui a envoyé un courriel au cabinet du président Chirac pour lui suggérer de regarder le documentaire et de faire un mea culpa, comme pour le film Indigènes. Son but : « faire admettre, dit-elle, que le pouvoir de l’époque, après avoir soutenu l’Algérie française, nous a laissés tomber. » «La seule manière de panser notre blessure» Monique et Annie-France Ferrandis comptent, elles, sur ce documentaire pour interpeller l’État concernant sa responsabilité lors de la fusillade du 26 mars 1962, à Alger. Ce jour-là, l’armée française a abattu des pieds-noirs qui défilaient pacifiquement pour une Algérie française.
Bilan : une centaine de morts et 200 blessés, dont les demoiselles Ferrandis qui perdirent leur sœur Renée. « Nous nous battons depuis des années dans l’indifférence. Pourquoi l’armée française a-t-elle fait ça ? Notre douleur ne s’apaisera que lorsque l’État reconnaîtra que, ce jour-là, il s’est fait bourreau », affirment les deux femmes, qui organisent une marche du souvenir ce lundi 26 mars.« La réhabilitation du petit peuple d’Algérie est la seule manière de panser notre blessure », renchérit Antoine Orséro, qui espère que le documentaire sera l’occasion, « enfin », d’un débat dépassionné sur la colonisation. « On évoque toujours cette période négativement alors que nos ancêtres ont tout construit : les routes, les hôpitaux… », souligne ce Marseillais. Faire évoluer le regard sur la colonisation et la guerre d’Algérie, c’est bien le but de Gilles Perez, qui va tourner le même documentaire avec des témoins algériens. « Ce n’est qu’en regardant des deux côtés que peut se construire la mémoire collective », affirme le réalisateur.
In La Croix Corinne BOYER
 
   
   
     
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