Visite Nicolas Sarkozy en Algérie en décembre 2007 une visite entourée de méfiance

La visite de Nicolas Sarkozy en Algérie en décembre 2007 n'enthousiasme pas la presse francophone algérienne, qui garde ses distances envers son pragmatisme affiché, ses déclarations d'intention sur le colonialisme et même son « traité d'amitié simplifié ». « A haut risque, la visite de Nicolas Sarkozy en Algérie ? » La question du Quotidien d'Oran sur la visite d'État de trois jours du président français n'est que rhétorique. « Soyons sérieux, répond le journal, le président français n'est pas dans une banlieue française à pacifier au Kärcher, il accomplit une visite d'État où la marge de surprise n'est pas très grande.» Cette mise au point étant faite, le quotidien reste sur le même ton pour expliquer que « la visite du président français n'est ni un tournant ni un élan mais une banale continuité de ce qui existe. Or ce qui existe, c'est une divergence totale sur les questions mémorielles, sur l'appréciation de ce qu'étaient le fait colonial et ses effets sur la société algérienne

A ce propos, l'ensemble des quotidiens francophones semble d'accord. L'Expression, par exemple, voit dans la visite de Nicolas Sarkozy une parfaite continuité, à savoir celle « d'une France qui n'arrive pas à digérer la perte de ses trois départements d'outre-mer et qui le fait savoir cycliquement ». La dernière preuve de cette difficulté française serait " la loi du 23 février 2005 sur les effets positifs de la colonisation " [annulée par le président Jacques Chirac quelques semaines après son vote par l'Assemblée nationale] et qui a coûté à la France la signature d'un traité d'amitié avec l'Algérie sur le modèle de celui signé avec l'Allemagne. Et ce n'est pas le " traité d'amitié simplifié " préconisé aujourd'hui par Nicolas Sarkozy qui pourra recoller les morceaux. D'abord parce qu'une amitié simplifiée n'existe pas. " Une amitié est pleine ou ne l'est pas ".

Même le pragmatisme économique du président français ne séduit pas. Le quotidien La Tribune se méfie de cet intérêt soudain de la France pour l'Algérie au moment où cette dernière " a retrouvé sa stabilité politique et sécuritaire, [?] et surtout depuis que l'Algérie est en bonne santé financière et a décidé d'ouvrir des chantiers colossaux ". Méfiance parce que le quotidien se souvient de l'époque, pas si lointaine, où le pays « avait besoin d'un soutien international face à l'hydre terroriste [dans les années 1990]. Elle s'est retrouvée seule à combattre. Un constat d'autant plus amer que «pendant que les investisseurs français regardaient ailleurs, l'Espagne et l'Italie n'ont jamais tourné le dos à l'Algérie». […] Aujourd'hui, poursuit La Tribune, «la France promet monts et merveilles ».

Quant à la visite que le président français doit effectuer le 5 décembre 2007 à Constantine, elle ne trouve pas grâce aux yeux de L'Expression, notamment. Le quotidien a bien remarqué que cette étape était symbolique, une façon pour Nicolas Sarkozy « d'emboîter le pas au général de Gaulle » qui s'était rendu en 1958 à Constantine pour y lancer un fameux plan à l'attention des Algériens. Mais le journal se demande surtout si le discours que le président français doit prononcer devant les étudiants constantinois sera " une réédition de celui prononcé à l'université de Dakar, qui souleva en Afrique et en France une immense polémique ".