Me PHILPPE REULET
 

Disparition Me PHILPPE REULET
AVOCAT DES HARKIS ET DES FAMILLES DE DISPARUS EN ALGERIE 1962


Me Philippe REULET était, avec Me Emmanuel ALTIT, l'un des deux avocats des plaintes contre X pour crime contre l'humanité déposées en 2001 par les Harkis et les familles de disparus en 2002 qui ont permis de faire connaître aux Français la réalité des drames vécus par les Français d'Algérie après le crime d'Etat du 19 mars 1962.


DÉCÈS. --L'avocat et ancien bâtonnier marmandais, Philippe Reulet, est décédé subitement le dimanche 19 novembre 2006 le matin à son domicile.
Avant d'être un avocat, il était un homme profondément humain, affable, doté d'un sens de l'humour ravageur. Il était aussi un hédoniste, amateur de bonne chère. Philippe Reulet s'est éteint subitement dans la nuit de samedi à dimanche à son domicile marmandais. Il avait 52 ans.

 
Ses proches, amis et confrères ont appris la nouvelle avec consternation.
Avocat dans l'âme, ce Tarbais de naissance s'était installé à Marmande il y a près de 25 ans, après avoir suivi ses études supérieures à Paris et entamé sa carrière à Bordeaux. Depuis de nombreuses années, il était un des ténors du barreau lot-et-garonnais. Un avocatde dimension nationale au talent et à la compétence unanimement reconnue par ses pairs. « C'est une immense peine pour moi. Il avait été mon stagiaire, je suis abasourdi » réagissait hier soir le maire de Marmande et avocat Gérard Gouzes. Philippe Briat, avocat agenais, était son ami.
« Aujourd'hui, je pleure le copain qui est parti. Philippe était original, sensible, fidèle.
Professionnellement son talent était reconnu de tous, c'est un pilier du barreau qui s'en va ». Il captivait l'auditoire. Ceux qui l'on un jour vu plaider ne peuvent infirmer ces réactions: Philippe Reulet savait marquer les esprits. Il plaidait avec passion et captivait l'auditoire, n'hésitait pas à abuser de son coffre d'orateur et de jouer de sa voix pour convaincre. Il maniait aussi avec délice et malice les effets de manche. Mais pas pour l'apparat. Car Philippe Reulet était un professionnel. « Courageux » comme le souligne encore Philippe Briat.
L'examen de son parcours d'avocat le démontre. Ainsi en 1998, il s'était engagé en tant qu'avocat sans frontières au Rwanda. Il s?était rendu cinq semaines dans ce pays ravagé par la guerre ethnique pour y défendre les auteurs présumés du génocide. Son engagement pour la cause des Harkis a également marqué les esprits. Ainsi, en 2002, avec le soutien de huit avocats étrangers, il avait lancé une procédure judiciaire de crime contre l'humanité perpétrée par l'État français à l'encontre de cette communauté.
Un engagement qui lui avait permis d'obtenir la médaille de bronze d'un concours international de plaidoirie. La défense du dossier Hervé Desplat, ce soldat français qui avait porté plainte pour contamination à l'uranium appauvri pendant la guerre du Golfe, avait également retenu l'attention. Localement, Philippe Reulet avait aussi été conseil auprès du lieutenant de police André Belacel, blessé en juin 2001 lors du bracage de l'hypermarché champion à Marmande. Sa dernière plaidoirie, l'avocat marmandais l'a assuré vendredi, à la cour d'assise d?appel du Lot à Cahors. C'était pour l'affaire Cambou.
Il est décédé deux jours plus tard. A son épouse, à son fils Paul et à sa fille Alice, à tous ses amis et à ses proches, « BEO » présente ses plus sincères condoléances