"Mémoires de Femmes" un documentaire de Marcela Feraru

             
 
 

La guerre d’Algérie fut aussi affaire de femmes. Les femmes y eurent une action, parfois meurtrière et le plus souvent pacificatrice, qu'elles fussent dans un camp ou dans l'autre, mais toujours, que ce soit pour le F.L.N. ou pour l'armée française, elles furent un enjeu !
Elles en furent aussi bien souvent les victimes.
Ce film a pour ambition de donner la parole à quelques unes d’entre elles. Dans leur diversité ces témoignages illustrent la complexité de cette guerre.
Il ne prétend pas la raconter, mais la monter telle qu’elles l’ont vécue.
Arabes, Berbères, Juives, Européennes de diverses confessions, elles ont été prises dans le tourbillon d’une histoire tragique qui a bouleversé leur destin. Beaucoup ont perdu leurs proches, leurs biens, leur pays, d’autres leur vie ou leur âme.
Marcela Feraru, qui nous a déjà donné: "Harkis, histoire d'un abandon", signe ici une oeuvre pleine de poésie, de charme, d'émotion vraie.
Ce documentaire nous livre des témoignages de femmes engagées dans le conflit, qui se rappellent leur difficultés, leurs espoirs et qui ne peuvent cacher leur amour de la terre algérienne et la nostalgie de leur beau pays.
Ce document contribue aussi à nourrir la réflexion sur la place et le rôle de la femme dans les pays musulmans, à l’heure ou des grandes bouleversements affects sa condition dans nombre d’entre eux.

 
 
 
     

Lire le commentaire du général Maurice Faivre qui a assisté à la projection en avant première qui a eu lieu à Charenton 20 février 2013

Laissons la parole au général:

 
 
     
 

L'association "Secours de France", créée en 1961 par Clara Lanzi pour aider les officiers perdus et les harkis, a demandé à Marcela Feraru de réaliser un DVD sur les femmes dans la guerre d'Algérie, avec le conseil des historiens Daniel Lefeuvre et Diane Sambron. Ce DVD a été présenté le 20 février par la mairie de Charenton.
Ce DVD émouvant est fondé sur le témoignage de femmes de toutes origines: Françaises et Juives d'Algérie, Algériennes nationalistes, filles de harkis, membres des équipes médico-sociales. Toutes ces femmes ont subi, dans leur chair et dans leur cœur, les souffrances d'une guerre meurtrière. Dans leur diversité, ces témoignages illustrent la complexité de cette guerre.
Diane Sambron montre que le statut islamique et patriarcal condamnait les musulmanes au mariage forcé (parfois à 9 ans), à la répudiation et à la polygamie. Emancipées par l'ordonnance de 1959, elles ont retrouvé leur condition inférieure dans le Code de la famille de 1984.

 

Les nationalistes expliquent les raisons de leur choix : la spoliation des terres, l'injustice de la colonisation et la pauvreté des indigènes, le refus de nationalité française, assimilée à une apostasie, le retard dans l'éducation des filles. 11.000 femmes se sont engagées dans la lutte pour l'indépendance, dont 18% ont supporté (difficilement) la promiscuité des maquis. Les autres ont accueilli et nourri les insurgés, et recueilli les cotisations. Quelques-unes ont déposé des bombes (Zora Driff ne le regrette pas), elles ont été arrêtées et certaines brutalisées. Toutes ont célébré l'indépendance dans la liesse. « Sortir les colons »fut un objectif réussi, mais certaines l'ont regretté: pourquoi tu pars, disent-elles à leur amie française ?

Les Européennes estiment en effet que les relations entre communautés étaient conviviales, dénuées de racisme, malgré l'inégalité des conditions matérielles. Elles aimaient leurs camarades d'école, et la fatma de la famille. Les guerres de 1914 et 1940 les ont montrées capables de diriger les employés arabes de leurs exploitations. Après avoir subi le terrorisme meurtrier de 1957, elles ont cru à la fraternisation de mai 1958,. Elles n'ont pas compris la politique d'abandon du général de Gaulle, et ont approuvé malgré ses excès la révolte de l'OAS. Les enlèvements de 1962 les ont contraintes de quitter dans le douleur un pays qu'elles adoraient.

Les représentantes de l'armée et des harkis évoquent le courage des femmes, la politique de contact et d'éducation des militaires, le dévouement des équipes médico-sociales itinérantes,la séparation des familles. On notera que la fille du général Salan révèle que son père s'est révolté en sachant qu'il n'avait pas de chances de gagner.

La fin de la guerre fut ainsi « un désastre pour tous ».Toutes ont perdu quelque chose. La nostalgérie des Pieds Noirs est bien connue ; ils n'ont plus de racines. Mais les nationalistes qui ont célébré « la naissance d'un pays » constatent que ce fut « une indépendance sans la liberté », consacrant la « domination des hommes ». Les femmes sont les vaincues de cette guerre.

Maurice Faivre, le 25 février 2013

Réalisatrice de "Face à la Mort, les prisonniers de Ho Chi Minh" et "Harkis, histoire d'un abandon"

Feraru Marcela. "Mémoires de femmes" DVD de 90 minutes. Secours de France. 17 €

 

Vlodicom 1 rue Emmanuel Chabrier 78330
Fontenay le Fleury.
Cde en ligne possible sur http://histoire-defense.fr/ ,
le site internet de Vlodicom,
Au prix franco de port de : 17 €