Catastrophe du barrage de Malpasset :
Arte avance la thèse de l'attentat du FLN

 
   

Le 2 décembre 1959, le barrage de Malpasset cédait.

En quelques minutes, plusieurs quartiers de Fréjus étaient ravagés et 423 personnes perdaient la vie.

La thèse de l'accident avait jusqu'alors été la seule admise.
Jamais une autre cause n'avait été soulevée.

Au détour d'un documentaire diffusé mardi 22 janvier2013, intitulé Le Long Chemin de l'amitié, qui traitait des relations tumultueuses entre la France et l'Allemagne, la chaîne Arte attribue la catastrophe du barrage de Malpasset, du 2 décembre 1959, à un attentat du Front de libération nationale (FLN), les indépendantistes algériens.

 
   

Elle s'appuie sur les archives des services secrets est et ouest-allemands. Selon le documentaire, un agent ouest-allemand, Richard Christmann, a prévenu sa hiérarchie avant l'attentat mais l'information n'aurait pas été transmise à la France pour des raisons politiques. Cette hypothèse nouvelle suscite depuis le mardi 22 janvier 2013 la polémique.

Selon le documentaire, de la chaîne régionale allemande WDR (en Rhénanie du Nord) l’agent ouest-allemand Richard Christmann (1905-1989) savait où et quand aurait lieu l'attentat du FLN. Il aurait prévenu sa hiérarchie. "On ignore pourquoi les services allemands n'ont pas prévenu leurs homologues français".
Le documentaire est basé sur de nombreuses archives des services secrets allemands, aussi bien de la RFA que de la Stasi.
Il est de notoriété publique que l’Allemagne de l’est était l’un des principaux fournisseurs de matériels militaires et d’armes de guerre de l’ALN et du FLN, payés par le racket effectué sur tous les travailleurs immigrés oeuvrant sur le sol européen et par l’argent récolté par les porteurs de valises et les communistes français.
Qu’elle servait également de repaire à de nombreux nationalistes algériens. Si le chancelier Adenauer soutenait officiellement le général de Gaulle, l'Allemagne de l'Ouest faisait montre d'une certaine tolérance à l'endroit des membres du FLN qui résidaient sur son territoire, ainsi qu'à l'égard de ceux qui leur fournissaient des armes. A l'époque, le général de Gaulle s'était d'ailleurs plaint de ce double jeu allemand.

Si les archives des services secrets allemands sont authentiques, c'est un pan de l'histoire de Fréjus qui mériterait d'être réécrit. Le documentaire d'Arte analyse avec finesse le double jeu des autorités d'Allemagne de l'Ouest lors de la guerre d'Algérie. Officiellement, le chancelier Adenauer soutenait le général de Gaulle. Mais ses services secrets aidaient le FLN...

Le 2 décembre 1959, en pleine nuit, la rupture de l'ouvrage, récemment construit en amont de Fréjus pour irriguer des terres, précipita des millions de mètres cube d'eau dans la plaine, qui ensevelirent sous des torrents de boue des zones d'habitation et emportèrent un train de voyageurs. La catastrophe fit 423 morts et disparus. Elle reste un traumatisme profond dans la région.

La version officielle, établie en France en 1971 par le Conseil d'Etat, privilégie la thèse de l'accident. Une faille située à la base du barrage, une roche pas assez homogène... C'est le mauvais choix de son emplacement qui a été mis en avant pour expliquer cette catastrophe quand le barrage, haut de 61 mètres, a laissé échapper 50 millions de mètres cubes d'eau qui a déferlé dans la vallée en une vague de 5 mètres de hauteur.
Elle conclut à la fatalité, au manque de chance. Des failles géologiques n'auraient pas été détectées. La pluie se serait accumulée. L'accident serait devenu inévitable.

Le drame avait jusque-là toujours été attribué à des causes accidentelles : défaut de conception, fragilité du béton, vice de la roche sur laquelle était ancré l'ouvrage. Plusieurs années d'instruction, plusieurs procès, plusieurs jugements, le dernier en 1971, n'avaient pas permis de déterminer une responsabilité. La thèse finalement retenue par la justice fut que les pluies abondantes des jours précédents avaient dangereusement gonflé le réservoir et fragilisé les points d'appui de la structure.

Jamais la possibilité d'un attentat n'avait été évoquée. Les coupures de presse de l'époque et les longs comptes rendus des procès n'en font nulle part mention.
L'historien officiel du FLN Benjamin Stora,  émet de sérieux doutes.

    "J'ai épluché énormément d'archives policières françaises dans le cadre de mes recherches. Je n'ai jamais trouvé quoi que ce soit sur Malpasset.

J'ai discuté longuement avec Mohammed Harbi qui était un des responsables de la fédération de France du FLN. Pas une seule fois il ne m'a parlé d'une telle action. Les Français qui ont soutenu le FLN comme Claude Lanzmann ou François Maspero ont raconté leur vie et n'ont jamais évoqué ce point.

Pas plus que ne l'ont fait Henri Curiel ou Francis Jeanson.

 Lors du procès du réseau Jeanson [procès des "porteurs de valises" du FLN à partir de septembre 1960], jamais non plus ce fait n'a été évoqué. Il faut aussi se souvenir qu'auparavant, le 25 août 1958, avait eu lieu une vague d'attentats en France, dont l'explosion d'un dépôt pétrolier à Mourepiane [près de Marseille]. Cette action avait provoqué un violent affrontement au sein du comité fédéral du FLN.
De nombreux dirigeants regrettaient cet attentat et craignaient qu'il n'aboutisse à une guerre totale.

 Il faut être un peu sérieux quand on avance de tels faits. Il faut produire des documents. Il fallait interroger les gens de la fédération de France du FLN, comme Omar Boudaoud ou Ali Haroun. Ils sont encore vivants."
Dans un court communiqué de presse, la mairie de Fréjus – où l’on dit ne pas prendre cette information au sérieux – prend « acte de la très vive émotion de la population, des familles des victimes et des sinistrés ».

Elle « se réserve le droit de donner toutes suites qu’elle jugera utile sur les causes du drame ».

Une information à prendre avec beaucoup de prudence. Cette thèse n'avait en effet jamais été évoquée malgré de longues enquêtes pour déterminer les origines de ce drame.

*On peut se montrer étonné également que depuis 1959, et après plus de cinquante ans d’une amitié sincère entre nos deux pays (France et Allemagne), les services de renseignements français n’en sachent toujours rien.

Ne serait-il pas du devoir d’un Président de la République François Le Normal (FLN) et d’un ministre des affaires étrangères d’interroger les autorités allemandes et, si cette information se confirmait, de réclamer des comptes au gouvernement algérien, issu du FLN et de l’ALN, responsables de cette catastrophe dramatique et d’exiger, pour le moins, une repentance ?

La direction d'Arte a annoncé qu'elle allait pousser ses investigations.

Dans un court communiqué de presse, la mairie de Fréjus – où l’on dit ne pas prendre cette information au sérieux – prend « acte de la très vive émotion de la population, des familles des victimes et des sinistrés ».

Elle « se réserve le droit de donner toutes suites qu’elle jugera utile sur les causes du drame ».

Cette thèse de l'attentat est très difficile à croire. Arte, qui est une chaîne sérieuse, essaie donc d'en savoir davantage. Elle effectue en ce moment des recherches pour remonter aux sources du documentaire, c'est-à-dire aux archives des services secrets allemands.
Sur le site du Point, Véronique Cayla, la présidente de la chaîne, explique à Emmanuel Berretta que si les faits sont avérés, Arte y consacrera un reportage spécial.

 
 
     
   
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