Elles répondaient
à l'appel de Ajir (association pour la justice, l'information
et la réparation des harkis de France) dont le président
héraultais, Albdelkader Chebaïki, avait été
insulté dans les termes que l'on sait il y a huit jours par
Georges Frêche lors d'une cérémonie devant la
stèle à la mémoire de Jacques Roseau, au Mas-Drevon.
Ce rassemblement, nourri de nombreuses prises de
parole pour une même indignation, s'est déroulé
dans la dignité. Même si à plusieurs reprises
les manifestants ont scandé des « Démission,
démission » à l'attention de Georges Frêche.
Même si, encore, quelques jeunes, vite ramenés à
la raison par les organisateurs, ont jeté des œufs sur
la façade du conseil régional, alors que la cérémonie
venait de s'achever sur une Marseillaise chantée par presque
tous.
Mohammed Haddouche, le président d'Ajir
France, a confirmé que, la veille, l'association avait officiellement
déposé plainte avec constitution de partie civile
auprès du tribunal de grande instance de Montpellier. Une
plainte contre Georges Frêche pour provocation à la
haine. Sont également citées pour leur absence d'intervention
ce jour-là six autres personnes dont Jack Lang, ancien ministre,
et Hélène Mandroux, maire de Montpellier.
Hier, tous les orateurs ont exprimé leur
vive émotion tandis que circulait une pétition. Des
harkis étaient venus de Lyon, de Roubaix, de Normandie, de
la Côte d'Azur... « Je suis là car je me considère
comme la petite sœur de tous ces harkis que je connais bien.
Les propos de Georges Frêche sont insoutenables et monstrueux.
Nous exigeons une punition sévère », assura
la présidente du cercle algérianiste de Perpignan.
Le président d'Ajir Rhône ajouta peu après :
« Un professeur de droit comme Georges Frêche connaît
le poids des mots. Si les élus veulent être respectés,
il faut qu'ils soient d'abord respectables. Nous avons confiance
en la justice et espérons une sanction exemplaire et rapide.
M. Frêche, il n'y a pas de sous-homme. Il n'y a qu'un homme
en dessous de tout, et c'est vous. »
Sélim s'est battu pour la France en Algérie
et il se déplace difficilement vu son grand âge. «
M. Frêche a insulté les vivants et les morts. Il ne
faut laisser personne salir notre mémoire. J'ai honte pour
lui », a-t-il dit la voix tremblante.
Les harkis ont répété plusieurs
fois qu'ils attendent du PS l'exclusion de Georges Frêche.
« Il a lu des excuses mais il n'a pas demandé pardon
aux harkis », assura Mohammed Haddouche.
Avant d'inviter les volontaires à aller
visiter la cité de La Grappe, Abdelkader Chebaïki précisa
: « Votre présence ici témoigne de l'immense
blessure provoquée par la violence des insultes (...) Nous
attendons aussi que le président de la République
et le Premier ministre condamnent solennellement, comme ils ont
su le faire en d'autres occasions, ces propos dignes des pires pensées
nazies. » Et de conclure en s'adressant à tous : «
Vous êtes des hommes d'honneur. »
In Midi_libre édition Montpellier
Jérôme CARRIÈRE
Dimanche 19 février 2006
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