| Accueil | | Théma | Retour pages Harkis | Recherche site |

Colombey-les-Deux-Eglises, l’appel des harkis du 10 mai 2014

             

Réunis pour la première fois à Colombey-les-Deux-Eglises (Haute-Marne), une cinquantaine de harkis et leurs descendants ont réclamé samedi 10 mai 2014 la reconnaissance officielle de la responsabilité de la France dans l’abandon et le massacre de ces supplétifs de l’armée française après la guerre d’Algérie. « C’est le lieu symbolique pour exiger une loi reconnaissant enfin notre souffrance, car si le général De Gaulle a été un grand homme pour la France, il a été à l’origine de tous nos malheurs », a expliqué Boaza Gasmi, président du Comité national de liaison des harkis (CNLH).

« Nous attendons du président Hollande des gestes forts et hautement significatifs car notre cause est noble et digne de la République que nos pères ont servie », a poursuivi Boaza Gasmi devant quelques anciens « soldats musulmans », drapeau tricolore en main et buste bardé de médailles, et beaucoup d’enfants de harkis, souvent émus à l’évocation du sort fait à leurs familles restées en Algérie.

   

« Il faut que le président honore sa parole au plus tôt car, sinon en 2017, nous lui réservons une surprise dans les urnes », a-t-il prévenu. En avril 2012, durant la campagne présidentielle, François Hollande s’était engagé « à reconnaître publiquement les responsabilités des gouvernements français dans l’abandon des harkis, le massacre de ceux restés en Algérie et les conditions d’accueil des familles transférées dans des camps en France ». Le 25 septembre 2012, le chef de l’État a reconnu la « faute » de la France dans « l’abandon » des harkis, un geste jugé insuffisant par les associations qui attendent un décret ou l’inscription de cette reconnaissance dans la loi.

Pendant la réunion, le CNLH a reçu le soutien « fraternel » de Bernard Coll, secrétaire général de l'« Association des jeunes pieds-noirs », qui a dénoncé le « crime contre l’humanité de de Gaulle contre les harkis », avant que l’assemblée se rende pour une minute de silence et une Marseillaise devant le monument aux morts de Colombey, à 50 mètres du cimetière où se trouve la tombe du général.

Au lendemain des accords d’Évian du 18 mars 1962 consacrant le retrait français d’Algérie, 75 000 à 150 000 harkis ont, selon les sources, été abandonnés en Algérie, victimes de sanglantes représailles. Quelque 30 000 à 60 000 ont été admis en France, logés dans des camps de fortune. Les harkis et leurs descendants représentent aujourd’hui environ 500 000 personnes en France. Depuis 1974, leurs enfants ont mené des grèves de la faim et des marches de protestation pour obtenir la reconnaissance de leur drame et une amélioration de leur sort.

 
     
 

Rassemblement Harkis du 10 mai 2014 à
Colombey-Les-Deux-Eglises

Discours du Président de l'A.D.A.H.
(Association Défense et Avenir des Harkis)

 
     

Mes Chers Amis, anciens soldats de la France, femmes, enfants et petits-enfants de Harkis, Nos chers amis Pieds-Noirs et tous nos sympathisants fidèles, Cher(e)s compatriotes Français et Européens,
Permettez moi en préambule, de rendre un hommage sincère et fraternel à notre cher et regretté Boussad AZNI, ancien président national du Comité de Liaison des Harkis, auquel nous devons beaucoup.

Après plus d'un demi-siècle de combat, le monde associatif Harki a souhaité lancer ici, dans ce lieu hautement symbolique de Colombey-Les-Deux-Eglises, un appel solennel à tous nos compatriotes Français et Européens, épris de justice et de liberté, et gardiens des droits de l'Homme.

Nous sommes ici rassemblés, loin de tout clivage partisan, pour commémorer, aux côtés de nos amis Pieds-noirs, nos morts et nos disparus.

Face à la trahison, aux mépris, aux promesses jamais tenues, au traitement honteux et indigne du dossier Harki qui perdure encore depuis 52 ans, nous sommes aussi ici pour lancer, bien plus qu'un appel, un grand cri d'alarme, un S.O.S. un cri du désespoir, pour qu'enfin demain, soit sauver le soldat Harki !


♦ Pourquoi un rassemblement Harkis à Colombey-Les-Deux-Eglises ?


 

Parce qu'il s'agit aussi, à travers cet appel, de faire un rappel de la mémoire. Ce lieu est une référence à l'Histoire de France, une histoire très proche et l'abandon des Harkis fait partie intégrante de cette Histoire de France.

Il n'est pas question pour la communauté Harki de se substituer à la justice, mais simplement de dévoiler à nos compatriotes la vérité historique à travers un rappel des faits, appuyés par des témoignages irréfutables.

L'histoire de la guerre d'Algérie est un sujet encore sensible et tabou en 2014. En effet, rapprocher le Général de Gaulle et la tragédie des Harkis est encore bien difficile à admettre, mais il est temps de briser ce tabou et de penser à la douleur des victimes, en regardant la vérité en face :

TRAGEDIE DES HARKIS = CRIME D'ETAT et DOUBLE ABANDON.

Plus personne aujourd'hui ne peut continuer à nier cette vérité historique. Chirac, Sarkozy, Hollande, tous nos chefs d'État ont aujourd'hui, après tant d'années, reconnus successivement cette responsabilité première de la France dans le drame Harkis.

L'histoire de la guerre d'Algérie a toujours été défigurée, travestie, caricaturée par les falsificateurs, les manipulateurs de tous bords, les amnésiques qui ont oublié les massacres et les tortures des fellaghas et ceux qui continuent à avoir de cette histoire une lecture purement manichéenne, par ignorance ou dans le but d'instrumentaliser la question Harki à des fins politiques.


♦ Pourquoi cette date du 10 mai 2014 ?


Le 10 mai 2014 vise à faire la jonction entre le 08 mai 1945, date aussi des massacres de Sétif, Guelma, suite à la fin de la Seconde Guerre mondiale et le 12 mai 1962, journée du début de l'abandon des Harkis marquée par le célèbre télégramme de Pierre MESSMER, ministre des Armées du Général de Gaulle, daté du 12 mai 1962.

Il ne s'agit pas pour nous d'introduire une confusion entre les dates à travers cette action, mais de rappeler à travers un rassemblement le plus largement médiatisé possible, notre force, notre union, et notre inlassable combat pour la Reconnaissance d'un CRIME D'ÉTAT et la JUSTE RÉPARATION attendues par l'ensemble de la communauté Harki.


♦   Ce que nos compatriotes français et européens doivent savoir :


Nous, enfants de Harkis, sommes les dignes descendants de soldats de la France. En 1870, en 1914, en 1939, en 1944 puis de 1954 à 1962, nos anciens se sont toujours sacrifiés pour leur pays, la France.
En 1962, ils ont été trahis par leur propre pays, leur propre armée, puis pour les rescapés abandonnées à la torture du FLN ou dans des camps de la honte.

Plus de 150 000 harkis, hommes, femmes, enfants, vieillards, ont été torturés par le FLN sous le regard de l'armée française et combien de milliers de soldats emprisonnés dans les geôles algériennes, torturés, condamnés aux travaux forcés.

Sans oublier les 20 000 prisonniers affectés au déminage et qui périrent dans les champs de mines des ligne Morice et Challe, comme le révèle si bien Fatima-Besnaci Lancou dans son livre intitulé « Des Harkis envoyés à la mort ».

Il s'agit d'un véritable CRIME D'ETAT.

Et pourtant, en 1962 et contrairement à ce que l'on veut encore faire croire aux Français, ces valeureux soldats, nos pères, ces héros, avaient gagné cette guerre qui dura plus de huit ans, pour leur pays, la France. Cette victoire leur a été honteusement arrachée et De Gaulle livra les clés de nos départements d'Algérie à une poignée de fanatiques sanguinaires.

Faut-il encore rappeler que la grande masse musulmane n'a jamais souhaité l'indépendance, même au plus fort de la rébellion. Face à la barbarie du FLN et à l'abandon progressif de la France, les Harkis se sont levés pour faire face et résister.

Les rebelles fellaghas, ramassis d'assassins tortionnaires, sont coupables de crimes, d'excès abominables qu'il convient de toujours rappeler sans tabou aucun : les fellaghas tuent pour tuer, pillent, incendient, égorgent, violent, écrasent contre les murs la tête des enfants, éventrent les femmes enceintes, émasculent ou lapident les hommes, et commettent les supplices les plus innommables...et les témoins sont encore de ce monde pour en parler.

Les Harkis, nos pères, soldats de la France, sont des résistants, résistants à la barbarie du FLN, on ne le dira jamais assez...C'est cela la vérité.

C'est cette vérité historique qu'il faut rétablir. Ils ont défendu la liberté et nous sommes fiers de leur choix, fiers de leur combat et fiers de leur victoire sur le FLN. Ils ont sauvé des mains des fellaghas tant d'innocents, tant de leurs frères d'armes, français de métropole, qui ne doivent pas l'oublier aujourd'hui, car ils leur doivent leur vie.

Les Harkis ont toujours rempli leurs devoirs comme à Casino, en Crimée, et jusqu'en Algérie où ils ont consenti encore le sacrifice du sang, alors, il est légitime qu'ils réclament eux-mêmes et maintenant par la voix de leurs descendants, leurs justes droits, depuis 52 ans déjà.
Il est temps de laisser parler les victimes de ce drame et non plus les bourreaux falsificateurs que le Tribunal de l'Histoire jugera le moment venu.

Comme le vice-Président de l'Assemblée Nationale, le Bachaga Boualem en son temps, j'en appelle à toutes celles et ceux qui ont une mission publique, journalistes, écrivains, cinéastes, chrétiens, juifs, hommes de gauche, du centre ou de droite, quelque soit leur opinion sur la guerre d'Algérie, je leur demande de faire connaître et reconnaître ce drame :

Sauvez les derniers Harkis survivants et leurs enfants, sauvez ces Français qui ont fait l'honneur de notre pays, sauvez les droits de l'homme !

Il est temps de rappeler encore le double abandon :

Larzac, Bourg-Lastic, Bias, Jouques, Saint-Maurice Lardoise, Rivesaltes, autant de camps où les familles rescapés Harkis ont été parquées volontairement durant de nombreuses années dans un univers concentrationnaire, dans le silence, la honte et l'ingratitude la plus totale pour devenir des parias de la société française.

Le temps est venu de dire enfin la vérité sur notre histoire, car nous devons nous souvenir de ce que disait Nietzsche : "Les vérités tuent, celles que l'on tait deviennent vénéneuses".


♦  Les élections européennes : après les municipales, une autre cartouche pour les Harkis...


A la veille des élections européennes, ce rassemblement des Harkis avec toutes celles et ceux qui ont à cœur de défendre cette noble cause et l'honneur de la France, il nous faut démontrer ainsi notre force politique et démontrer à ce gouvernement qui persiste lui-aussi à rester sourd à nos revendications et à utiliser aujourd'hui, encore et toujours, les mêmes basses manœuvres pour chercher à nous diviser, que nous ne comptons pas attendre 2017 cette fois-ci ! !

Non, les Harkis et leurs descendants ne sont ni des supplétifs, ni des auxiliaires, ni des indigènes inassimilables et encore moins des « sous-hommes », mais des soldats de la France, des citoyens Français et Européens !!

Nous, les enfants et petits-enfants de Harkis, dignes héritiers de résistants à la barbarie du FLN, soldats de la France, toujours en mouvement nous resterons, et même si parfois, le désespoir nous guette, nous saurons toujours affirmer ensemble, que jamais nous ne désarmerons !
Oui, Monsieur le Président de la République, les Harkis vous ont compris !!

On ne veut pas réhabiliter l'honneur des Harkis ? On ne veut pas dire la vérité ? On ne veut pas reconnaître la communauté Harki et tous les sacrifices consentis ? On ne veut pas reconnaître nos droits ? On ne veut pas nous recevoir ? On ne veut pas nous entendre ?

Alors nous, enfants de Harkis, allons entrer en résistance et utiliser notre arme principale : le bulletin de vote...

et nous le ferons bientôt savoir !!!

Fran çois BENREDJEM, rescapé des massacres de 1962, Président de l'Association Défense et Avenir des Harkis (A.D.A.H.)