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Le compte rendu du procès en appel de Mohamed Bellebou fils de harki à Toulouse

 
       
 

Compte rendu d’audience par Lahcène Boualam

Le 3 juin 2010 à 14h s’est tenu le procès en appel de notre ami Mohamed Bellebou devant la Cour d’appel de Toulouse.
Etaient présents pour soutenir sa famille, une centaine de membres de la communauté rapatriée. Nous les remercions chaleureusement d’avoir fait le déplacement parfois de très loin, tout comme ceux qui se sont manifestés et excusés de leur absence. Nous remercions aussi la présence et le soutien indéfectible de maître Louis Aliot Conseiller régional FN Languedoc Roussillon, fils de rapatrié d’Algérie, seul élu présent… Nos respects aussi pour la présence et le soutien du général Marcel-Henri Volpelière, 88 ans.

 
Malheureusement, les consignes de l’institution judiciaire étaient de ne laisser entrer que 30 personnes dans la salle d’audience, ce qui nous le comprenons a créé quelques frustrations pour celles qui ont du attendre dehors la fin de l’audience encadrées par un dispositif policier impressionnant. Nous en sommes sincèrement désolés.
L’avocat général a lu une nouvelle lettre du sénateur Jean-Pierre Bel demandant que le tribunal tienne compte du contexte émotionnel de cette action et « de l’histoire tragique des Harkis qui continue à marquer les générations qui ont suivi ». Nous aurions préféré, que le sénateur Bel, lui-même, comprenne le désarroi de notre communauté de destin et le partage sincèrement en décidant de se désister de sa partie civile… Ceci dit cette déclaration, même minimaliste, que nous espérions tant, devrait peser favorablement dans la décision de la Cour d’appel. L’avocat général a même évoqué, nous le pensons, sincèrement, l’histoire des Harkis, dont il a été, selon ses dires, un témoin privilégié.
Lors de cette audience, les deux avocats de Mohamed, maître Jean-Pierre Cabrol tout d’abord, puis maître Thierry Mudry (associé de maitre Gilbert Collard retenu indépendamment de sa volonté à la Cour d’Assise de Nice pour un procès qui a pris du retard) ont pu aborder, de façon exhaustive, tous les éléments qui ont permis de faire la lumière sur cet acte de désespoir. Ce qui n’avait pas pu se produire lors du premier procès le 9 avril 2010 devant le TGI de Foix, puisque les magistrats étaient restés totalement sourds aux motivations de Mohamed et s’étaient uniquement focalisés sur la qualification pénale de son acte.
Maitre Cabrol s’est appliqué hier à démontrer l’absence de préméditation, puisque l’engin explosif factice, « fabriqué de bric et de broc, qui n’était pas porteur de poudre, mais porteur de sens…
Ce geste signifie clairement que le monde des Harkis est au bord de l’explosion. L’acte n’est pas dépourvu de sens : dans ce geste, il y a l’expression d’un désespoir collectif immense, celui d’une communauté qui désespère de tout. Par contre, on voudrait faire croire qu’il a prémédité son acte comme le ferait un dangereux terroriste… ».
Maitre Mudry dans sa plaidoirie est lui revenu sur des éléments importants contenus dans le dossier d’instruction, notamment dans les auditions de police, qui n’ont pas été abordés lors du premier procès et a donc complété efficacement l’intervention de son confrère.
Les deux conseils de Mohamed ont aussi évoqué des affaires liées à une actualité récente et pour lesquelles aucunes poursuites n’ont été engagées. Affaire SODIMATEX (menace de faire exploser une citerne de gaz), Affaire ESSEX (un directeur retenu plus de 60h par des responsables syndicaux), affaire du Tramway de Nice (un jeune au casier bien fourni a menacé de mort un chauffeur de bus à l’aide d’un sabre japonais condamné à seulement trois mois fermes)…
Mohamed aussi a répondu clairement à toutes les interrogations de la Cour, et notamment à la plus importante qui était s’il regrettait son geste ; Mohamed a été clair en répondant : « je regrette d’avoir entraîné avec moi dans cette affaire, ma famille, mes amis et ma communauté qui j’espère comprendra mes motivations puisque je sais qu’elle partage, elle, mon désarroi et ma désespérance… ».
En conclusion, nous pensons donc que lors de ce procès, cette fois-ci, toute l’attention a été donnée à la défense pour s’exprimer, et que même si la Cour a rappelé que les faits méritaient une sanction pénale, elle devait être juste, appropriée et tenir compte de la personnalité de Mohamed Bellebou, de son histoire et de sa désespérance.
Nous vous donnons rendez-vous, mardi 8 juin 2010 pour l’énoncé du verdict de la Cour d’Appel de Toulouse en espérant, rendre rapidement Mohamed à l’amour des siens et le compter de nouveau parmi nous pour continuer le combat pour la reconnaissance, la considération et la vérité.
Association Bachaga-Boualam
13104 Mas-Thibert