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BOUSSAD AZNI
 

PORTRAIT : BOUSSAD AZNI


Trapu, le cheveu noir, le regard vif derrière des lunettes cerclées de métal, Boussad Azni, 48 ans, est conseiller auprès d'Alain Marleix pour le monde combattant, les harkis et la citoyenneté. Fils de Slimane Azni, vétéran de la Grande Guerre, de la Seconde Guerre mondiale, de la Guerre d'Indochine, enfin supplétif pendant la guerre d'Algérie, Boussad est né en Kabylie. Un jour de 1959, son père rentre chez lui dans son village, près de Tizi Ouzou et trouve sa mère égorgée par le FLN. Il s'engage dans une harka jusqu'à la fin des hostilités. Au moment de l'Indépendance, comme tous les harkis, il est désarmé par l'année française. Puis ce sera le rapatriement. Marseille.

   
         
 

Les camps de Bourg l'Astier, Rivesaltes. Au bout du voyage, c'est l'arrivée en février 1963 au camp de Bias dans le Lot-et-Garonne où la famille de Slimane restera jusqu'en 1971. Le camp ? Boussad Azni se souvient : « Des barbelés, des grillages de 4 mètres de haut, des sapins tout autour. Une épicerie dans le camp. Un dispensaire militaire... Nous avons vécu entre nous, dans la misère. » Son premier souvenir de lumière ? Une colonie de vacances à Capbreton dans les Landes : « Les plus beaux souvenirs de ma jeunesse. », souligne-t-il. Mais le camp de Bias lui colle à la peau : « Avant nous, il y avait eu les républicains espagnols, les Indochinois... Nous sommes des combattants. » Slimane, le père de famille est mort à Nîmes dans la misère. Boussad Azni a une volonté : « Rendre à mon père et aux harkis la dignité et l'honneur car ils ont tout sacrifié. Et cela, il faut le souligner mille fois : leur passé, leur vie, leurs villages, leurs morts, ils ont tout abandonné pour un idéal dans lequel ils ont cru à fond : la France. »
Boussad Azni aime la France : « Nos parents nous ont transmis la fierté d'appartenir à la France. Nous sommes fiers d'êtres français et fils de harkis. » En 1971, Boussad s'est installé à 5 km du camp de Bias, à Sainte-Livrade, avec ses parents. Entre-temps, deux autres enfants étaient nés. Depuis, le Lot-et-Garonne est « sa patrie », « sa terre d'adoption ». Comme des milliers d'autres fils de harkis qui ont trouvé leurs racines sur le sol français. Boussad a fondé une famille à quelques kilomètres de Bias: Ses cinq enfants portent tous des prénoms arabes. Un hommage à son père. Lassitude aussi : « Avec notre nom, autant jouer carte sur table. Nous sommes enfants de harkis ». Le monde combattant ? Il y a grandi, il s'y sent à l'aise : « J'ai beaucoup de respect pour les combattants de toutes les guerres. C'est grâce à eux que la France existe et que la liberté existe. » Boussad Azni est aussi président du Comité national de liaison des harkis et vice-président du Haut Conseil des rapatriés. Son objectif ? « Faire participer la communauté harkie à toutes les cérémonies commémoratives, particulièrement celles du 11 Novembre et du 5 décembre. Il faut que les harkis s'impliquent davantage dans les commémorations du monde combattant ; qu'ils se sentent français à part entière. »
La citoyenneté ? « J'ai insisté pour avoir ce titre : tout Français qui veut aller en Algérie, est libre. Or il existe une libre circulation de personnes sauf pour les harkis. Pourquoi ? Pourquoi les assassins du FLN viennent s'installer en France avec toutes les aides matérielles et pourquoi les harkis qui sont des soldats et non des assassins de femmes, d'enfants n'ont pas droit aux aides de la France ? Voilà pourquoi j'ai demandé la citoyenne. Pour que les harkis puissent bénéficier des mêmes droits que les immigrés. » Retour sur la vérité historique.
Les accords d'Evian ? Dans le concret, c'était désarmer les harkis et les abandonner : « Il faut que l'État français reconnaisse sa responsabilité dans l'abandon et le massacre des harkis. C'est à ce titre que j' interpelle. Je veux savoir pourquoi on a désarmé mon père le 19 mars 1962. »

Catherine Queyras

Lors de son voyage en Algérie (10-11 septembre), Alain Marleix, secrétaire d'État à la Défense, chargé des anciens combattants, s'est rendu à Alger dans le quartier de Telemly, où le gouvernement français souhaite rouvrir un service, fermé en 1994, pour les anciens combattants algériens de la Seconde Guerre mondiale.
Les pensions qui seront versées en 2007 par le gouvernement français s'élèveront à 52 millions d'euros et bénéficieront à 28 000 anciens combattants et ayants droit.
| Lire la page sur la visite de Alain Marleix en Algérie , qui comme ancien journaliste est un âne en ce qui concerne l'histoire |


Journée nationale d'hommage aux harkis-25 septembre 2007


Harkis, Mokhaznis, tirailleurs, spahis, membres des forces régulières ou des forces supplétives, des groupes mobiles de sécurité, des groupes d'autodéfense et des sections administratives spécialisées : tous ces combattants ont lutté, et parfois donné leur vie pour la France et les idéaux qu'elle représente.
Héritiers de leurs pères, grands-pères et aïeux de notre glorieuse Armée d'Afrique, ils ont illustré magnifiquement les vertus militaires et perpétué leur mémoire, dans l'honneur et le dévouement. A l'hommage rendu à ces combattants unis par un pacte d'honneur et de fidélité, nous joignons un ardent appel pour la « Reconnaissance officielle de la responsabilité de la France dans l'abandon et le massacre massif des Harkis et leurs familles en 1962 estimé entre 60 000 et 100 000 personnes».
Notre appel rejoint l'engagement courageux du Président de la République en faveur de cette reconnaissance. « Si je suis élu, je veux reconnaître officiellement la responsabilité de la France dans l'abandon et le massacre des Harkis et d'autres milliers de « musulmans français » qui lui avaient fait confiance, afin que l'oubli ne les assassine pas une nouvelle fois. » (N. Sarkozy, allocution à l'occasion de sa rencontre avec la communauté Harki le 31 mars 2007).
C'est l'appel d'une composante nationale, citoyenne de la France depuis plus d'un siècle et demi, et fière de son appartenance à la nation, afin qu'elle trouve sa juste place au sein de notre maison commune : la France, notre passion. Cette Reconnaissance, nous la devons : d'abord à ceux dont l'absence hante notre Mémoire, je veux parler de ceux qui, restés en Algérie confiants dans les paroles données et les accords signés, y ont été odieusement massacrés ; ceux qui se sont éteints au fil des années, oubliés de la Communauté nationale et que leurs enfants réclament ; aux derniers survivants d'une collectivité au destin tragique.
En cette nouvelle journée nationale, c'est avec émotion que nous exprimons notre immense respect à ces « Français par le cœur et le sang versé ». Ils ont droit à : l'honneur de notre République, la fierté de notre Peuple et l'estime de notre nation.

Colonel Aziz Meliani

Le Président National de l'Union nationale des anciens combattants français musulmans

IN journal publicitaire de Alain Marleix octobre 2007