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Le ministère de l’Immigration, de l’intégration et de l’identité nationale a accordé la nationalité française
à un ancien harki domicilié à Elbeu agé de 84 ans...........
 
 
     
 
 
 
Plusieurs fois cité et médaillé militaire, dont les
demandes répétées avaient été refoulées par
l’administration notamment au titre qu’il ne parlait
pas assez bien le français, a-t-on appris lundi de
l’avocat du plaignant Me Jean-Paul Delafenêtre
(Rouen).
Au motif qu’il ne maîtrisait pas suffisamment la
langue française ce harki âgé de 83 ans s’était vu
refuser fin 2006 sa demande de naturalisation. «
Vous ne comprenez, ne parlez, ne lisez ni
n’écrivez le français. Dans ces conditions, vous ne
pouvez donc être considéré comme assimilé à la
communauté française », précisait la lettre de refus
du bureau de l’administration centrale des
naturalisations. Lounissi Belkacem avait pourtant
servi pendant six ans dans l’Armée française
durant la seconde guerre mondiale puis comme
harki dans une unité combattante de 1956 à 1962.
Abandonné à lui-même en Algérie à l’heure de
l’indépendance il avait été retenu prisonnier par le
Front de Libération National Algérien de 1962 à
1970.
 

Belkacem, harki enfin Français
Reconnaissance. Belkacem a attendu des mois cette nationalité française, lui qui a combattu pour ce pays en Algérie. A 84 ans, il finit sa vie à Elbeuf, heureux d'être compris.


Une poignée de main appuyée et chaleureuse vaut plus qu'un long discours. Et dans cette main tendue par cet ancien harki échoué à Elbeuf depuis plus de trois ans, il y a toute la reconnaissance et la joie d'un vieil homme dont l'engagement et la bravoure sont enfin reconnus. Après des mois d'attente, de désillusions et de faux espoirs, Belkacem vient en effet d'obtenir à 84 ans la nationalité française. C'était le 24 août dernier, après bien des demandes refoulées, ce héros de la guerre d'Algérie obtenait enfin la reconnaissance de cette patrie qu'il respecte depuis si longtemps.
Et l'histoire de Belkacem, c'est un peu celle des harkis de Normandie. L'histoire d'un homme qui quitta femme et enfants pour défendre la France et qui, une fois la guerre terminée, tomba dans l'oubli, abandonné, laissé pour mort aux mains du FLN.
Impeccablement vêtu, le regard franc, le sourire engageant, c'est dans son petit appartement simple et propre du centre d'Elbeuf que Belkacem et son fils font donc avec pudeur revivre cette époque si tourmentée.
« Mon père a rejoint l'armée en 1956, il a servi six ans dans le Commando Kodja, raconte Mostafa. C'est d'ailleurs dans ses bras que le commandant Kodja est mort après une terrible bataille. » Et pendant de longues minutes, sans aucune trace de colère dans la voix, le fils parle et parle encore de son père « dont le cœur est autant algérien que français ».
Un homme choisissant des années plus tard de finir sa vie dans ce pays pour lequel il avait tant donné mais qui ne trouva en arrivant en France que désintérêt et désillusions. Lui qui donna sa vie pour la France croyait pourtant être « Français de cœur », mais l'administration ne l'entendait pas de cette oreille, lui refusant régulièrement sa naturalisation au titre qu'il ne parlait et n'écrivait pas assez bien notre langue. « Pourtant, lorsque mon père s'est présenté pour combattre au côté de la France, personne n'a semblé être ennuyé qu'il ne parle pas le français, remarque un brin désabusé Mostafa.
Alors, pourquoi avoir tant fait traîner les choses ensuite… »
Et c'est vrai que les mots manquent pour justifier à ce vieil homme les raisons de ce long silence administratif. Lui qui pendant huit ans après l'indépendance de l'Algérie tomba aux mains du FLN, condamné aux travaux forcés et aux passages à tabac, lui qui subit toute sa vie en Algérie la suspicion et la pression, ne ressent pourtant aucune rancœur.
Il a seulement un rêve : faire venir à Elbeuf sa femme et ses enfants toujours prisonniers de leur vie de misère là-bas à Thouk dans les montagnes algériennes. Un rêve certes un peu fou qui illumine ses vieux jours et lui donne encore l'envie de croire à la vie.

In Paris-Normandie Marie Painblanc-Lesobre
Jeudi le 20 septembre 2007