ASSOCIATION DROIT DE MEMOIRE « Ligue du Droit des Français à disposer de leur mémoire ».
Interroge les candidats à l'élection présidentielle.

 
 
Pieds-noirs, ne vous laissez pas prendre aux pièges des candidats
 
 

 

DROIT DE MEMOIRE
« Ligue du Droit des Français
à disposer de leur mémoire ».

 





 

Président : Pierre Barisain-Monrose

 

Aux candidats à l’élection présidentielle
Objet : Votre programme concernant la Mémoire nationale et l’enseignement de l’Histoire française

Madame, Monsieur,
L’interdiction gouvernementale de l’inauguration de la stèle aux morts de l’Algérie Française au cimetière de Marignane, avec déploiement considérable  de forces de l’ordre, ainsi que celle concernant la commémoration à l’Arc de Triomphe du massacre du 5 Juillet 1962 à Oran nous a déterminés à la création de l’association « DROIT DE MEMOIRE ».
Nous sommes un trop grand nombre de Français à ne pas comprendre pour quelles raisons des victimes de l’Histoire française justifieraient l’hommage de la conscience nationale au point d’être célébrées et enseignées et pourquoi d’autres victimes ne méritent que le négationnisme et des cordons de CRS.

 
Pierre Barisain-Monrose
 
   

Il semble que le débat sur la Mémoire en général et sur l’Histoire, ainsi que son enseignement officiel, revête désormais une grande importance et soit même devenu un enjeu politique.
Au moment où il est question que l’enseignement secondaire atteigne un niveau décent d’aptitude à la lecture, à l’écriture et au calcul, il peut paraître naturel d’espérer aussi de l’enseignement de l’Histoire française qu’il atteigne un niveau décent de connaissance et d’équité  en dépit des pressions partisanes et de cette excitation de repentance obligée qui semble être devenue la règle.
Tout récemment, l’inauguration symbolique de la Gare de Gennevilliers est relatée ainsi par les medias : « Au lendemain de la mort de Maurice Papon, le 18 Février,  une station de métro en construction a été baptisée : « 17 Octobre 1961 » en hommage aux Algériens tués ce jour-là lors de la répression d’une manifestation interdite du FLN. Nous avions prévu cette manifestation depuis longtemps mais la mort de Maurice Papon prouve que les acteurs de cette Histoire sont en train de disparaître et qu’il nous faut aujourd’hui nous souvenir, créer un trait d’union entre les générations pour la mémoire et contre l’oubli » a expliqué Monsieur Mourad Slimani, porte parole de L’union d’associations pour la diversité et l’égalité – l’Unadé – organisatrice de la cérémonie ».
Pour ce qui est de l’égalité et de la diversité, force nous est de reconnaître que cette manifestation a bénéficié, comme maintes autres, de la bénédiction et de l’autorisation des autorités qui n’y ont vu aucune menace possible à l’ordre public tandis que les milliers de Français d’Algérie et de Harkis qui entendaient honorer leurs centaines de milliers de victimes, leur pays perdu et l’exécution de leurs défenseurs se sont vus opposer l’interdiction pure et simple, comme cela a été le cas à Marignane et à l’Arc de Triomphe, au titre de l’offense qu’ils infligeaient à la mémoire du général De Gaulle et le risque qu’ils faisaient courir à l’ordre public.
Il est à noter qu’à Marignane la décision fut longtemps indécise et qu’à l’Arc de Triomphe, la manifestation d’abord autorisée fit l’objet en dernier recours d’un refus et que dans les deux cas c’est le traitement ordinaire de la « racaille » qui fut choisi sans qu’aucune visite de ministre dans le monde pied-noir ou harki ne soit jamais remarquée.
Le pogrom des Français d’Algérie et la ratonnade des Harkis – « crève cœur » du complice direct Messmer – frappe d’amnésie les politiciens français qui choisissent pour occulter ce suicide français d’augmenter en cadence l’hagiographie hyperbolique de son coupable.
Madame la Candidate, Monsieur le Candidat, comment voyez-vous cette diversité de traitement et seriez-vous disposé à nous en démontrer l’égalité ?
L’association « Droit de Mémoire » défend la mémoire des centaines de milliers de Français et de Harkis, ainsi que celle de leurs familles, victimes - du commencement à la fin - dans leurs biens, dans leur vie, dans leur santé, dans leur patrie, dans leur passé comme dans leur avenir, des mensonges d’une politique, restaurée par leur concours essentiel et criminellement appliquée aux dépens et à l’inverse de tous les serments qui leur furent prêtés. Est-ce à ce titre qu’il leur est même interdit, 46 ans après les faits, d’honorer discrètement et sans heurts la mémoire des leurs ?
Alors qu’à deux reprises le Parlement s’est majoritairement exprimé en faveur d’une justice historique devant être rendue à l’œuvre française accomplie outre mer par des populations qui y avaient d’ailleurs souvent été déportées ou transplantées par les nécessités républicaines du moment, le Président de la République utilisait un artifice constitutionnel pour annuler un amendement limité à l’enseignement dans nos écoles des aspects positifs de la colonisation française.
Le parti pris éclatant qui préside aux décisions prises en haut lieu pour définir l’exactitude de notre passé historique ne craint pas d’occulter le rôle de la France d’outre mer dans la reconquête du territoire national occupé, comme si l’Afrique du Nord n’avait pas existé et comme si le sacrifice innombrable de ses fils – musulmans, juifs et chrétiens – devait être expédié aux oubliettes. Or non seulement la France fut libérée par les expéditions conjointes des Anglais et des Américains mais elle le fut au prix cher de la mobilisation générale de toute l’outre mer française. Rappelons encore que c’est par la porte de l’Algérie Française que le régime politique en place doit toute son existence …
En d’autres termes et tandis qu’il est rabâché ici et là que l’enseignement de l’Histoire ne saurait être l’affaire du Législatif mais des historiens, le président de la République a sommairement démontré qu’il relevait de l’Exécutif.
Il résulte de cela que nos questions sont les suivantes en ce qui concerne votre candidature :
1/ Comptez-vous agir, et comment, dans cette perspective qui donnerait aux Français et à tous les Français le droit d’honorer leurs aïeux et leurs sacrifices passés ?
2/ Tandis que le pouvoir politique prévient que l’Histoire est l’affaire des historiens et non des députés, envisagez-vous d’étendre le champ d’influence de quelques lois mémorielles sélectives qui finissent par museler les uns et  par donner à d’autres une arrogance qui détermine les historiens à choisir purement et simplement de se taire ? A cet égard nous ne pouvons que vous recommander de prendre connaissance dans le numéro de Février de la Revue « Histoire » de l’analyse fouillée et pertinente de Madame Françoise Chandernagor.
3/ Plus techniquement et selon les propos de Monsieur le Ministre Azouz Beggag en personne, s’adressant aux Algériens en réfutant la notion délétère de repentance  par une mise en commun des « mémoires » respectives, envisagez-vous de libérer totalement les archives et l’accès à tous les documents concernant les responsabilités et les rôles dans cette guerre ?
4/ Compte tenu que les dirigeants français s’en vont les uns derrière les autres à Alger fleurir la stèle des ennemis de la France et des terroristes et rebelles coupables de la mort de près de deux cent mille Harkis, militaires et Français d’Algérie, envisagez-vous d’inviter, comme Président de la République française, le Président de la république algérienne – à l’occasion de l’un de ses aimables passages au Val de Grâce – à venir fleurir à Marignane ou à l’Arc de Triomphe la mémoire et l’honneur de toutes les victimes de l’Algérie Française, programme politique qui doit sa naissance à la Cinquième République ?
Vous conviendrez que cet état des lieux que nous réclamons  ne procède pas d’un prurit historique de détail ni d’un attachement nostalgique au passé.  Il procède bien de la nécessité de ne pouvoir envisager communément l’avenir que sur la base d’une acceptation nationale d’un passé dûment identifié. Cette identification de notre passé commun doit-elle être le cloaque que d’aucuns veulent présenter comme le préalable de leur avènement indifférencié et anciennement français ou doit-elle être le socle d’une nouvelle étape, indifférente à la pression des lobbies et des ennemis radicaux de l’identité nationale ?
Nous ne concevons pas que la Mémoire du pays puisse ressembler à une photographie stalinienne où des sujets interchangeables apparaîtraient et disparaîtraient selon les vents dominants. La liberté de cette Mémoire ne peut être que le corollaire de la vérité et de sa garantie. Le futur Président de la République, poste dont vous briguez le mandat, ainsi que les futurs députés eux-mêmes qui vont briguer le leur dans leur circonscription,  seront-ils des citoyens libres ou soumis à la loi de ceux pour qui notre patrie n’est plus que le champ clos de leur idéologie ?
Nous avons l’honneur de vous poser la question.  Et nous avons l’honneur, Madame la Candidate, Monsieur le Candidat, de vous assurer de notre meilleure considération.

Guy ROLLAND
Vice Président de l’association
Droit de Mémoire.
Droit de Mémoire : 21, quai Gillet – 69004 – LYON