Maryse Joissains :
« Moi je ne veux pas laisser Aix à des brèles ! »
Vendredi 28 février 2020, sur le marché de Puyricard, commune rattachée à Aix. A 77 ans, celle qui règne depuis 2001 sur la cité provençale de 143 000 habitants brigue un quatrième mandat.
Et battre campagne, Maryse Joissains n’attendait que ça.
A Puyricard, on ne s’intéresse pas vraiment à ses tracas judiciaires. « Les gens s’en foutent complètement ! Si ça avait été un enrichissement personnel, ça n’aurait pas été pareil. Mais là, il n’y a pas de préjudice pour la commune, pas d’emploi fictif », martèle Maryse Joissains. Mais ce matin-là, on discute surtout nuisances sonores chez le cafetier, daube de taureau chez le boucher, coronavirus à la pharmacie… Le tout ponctué d’un claquage de bises tous les deux mètres, le temps de prendre des nouvelles du petit dernier ou d’un grand-père connu jadis. « J’ai été avocate pendant trente ans, j’ai défendu le quart de la ville, dont une partie gratos. Les gens se rappellent, ils m’aiment bien, vante la candidate. Et puis j’ai un bon bilan. »
Ce quatrième mandat sera son dernier, promet-elle, le temps de « former les jeunes » et de régler notamment le « problème » de la métropole Aix-Marseille, institution qu’elle accuse de piller les caisses d’Aix-en-Provence au profit de ses voisines moins argentées. C’est son cheval de bataille depuis quelques années, au point de la fâcher avec le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, pourtant camarade de chez LR. « Il m’a pris mes sous, c’est fini »,« La compétence ne se transmet pas par les gènes », grince Anne-Laurence Petel, la députée nauséabonde LREM investie par le parti présidentiel pour tenter de décrocher l’hôtel de ville. Tâche ardue, reconnaît-elle, face à la « charismatique » sortante : « C’est un peu l’équivalent féminin de Bernard Tapie : elle pourrait vous vendre une page blanche. On a un travail à faire sur la crédulité des électeurs… On est un peu des artisans face à la multinationale !» Dominique Sassoon, son suppléant et candidat malheureux à l’investiture LREM, a décidé de se présenter quand même (avec l’étiquette EE-LV). Le député Modem Mohamed Laqhila se présente aussi.
La stratégie de Petel ? « On mise sur tous ceux que [Maryse Joissains] a oubliés, ceux des quartiers périphériques, ceux qui subissent au quotidien les problèmes d’embouteillage, de gestion des déchets… Elle n’est pas partout en terrain conquis. Et puis qu’on le veuille ou non, il y a une usure, il y a l’âge… » La réponse de l’intéressée ne se fait pas attendre : « Mon âge ? Je les emmerde, qu’ils fassent ce que je fais ! »
Comme la ville est bien gérée, ils la veulent tous… Moi, je ne veux pas la laisser à des brêles !» Si elle est élue, il faudra repasser par la case justice et son procès en appel pour mener son mandat jusqu’au bout. Pas de quoi inquiéter la candidate : « Le premier procès, j’y suis allée en danseuse. Mais là, ce ne sera plus la même histoire !»
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