Abroger le jour de carence des fonctionnaires, favoriser les nantis une réponse du PS à ses électeurs, elle avait fait économiser 240 millions d'euros.

 
 

Marylise Lebranchu a décidé d’abroger la journée de carence pour les fonctionnaires. Ils seront de nouveau payés dès leur premier jour d’arrêt maladie. Instaurée en novembre 2011, par Nicolas Sakozy, cette mesure visait à lutter contre l’absentéisme dans la fonction publique, mais aussi à réduire les inégalités avec le secteur privé, où les salariés, eux, ont trois jours de carence, avant de percevoir leurs indemnités maladie. Elle avait fait économiser 240 millions d'euros.

Il n’empêche, ce choix de supprimer ce jour de carence fait grincer des dents, et seulement dans l’opposition. Pour Bercy, cet arbitrage est synonyme de perte de recettes. Selon les premières estimations, la mesure aurait rapporté l’année dernière 90 millions d’euros d’économie pour l’Etat, et 98 millions d’euros pour les hôpitaux.

C’est ce qu’exprime d’ailleurs, Gilles Carrez, Président de la Commission des finances à l’Assemblée Nationale, pour qui, "cette abrogation est un très mauvais signal". Et le député d’assurer : "Rien ne la justifie sinon la volonté du Gouvernement de protéger un de ses électorats les plus fidèles". A ses yeux, elle est surtout "incompréhensible au moment où notre pays s’avère incapable de respecter la trajectoire du redressement de ses finances publiques, au moment où les efforts de maîtrise de la dépense doivent être accrus et clairement identifiés".

Dans les hôpitaux publics, ce système avait réduit l'absentéisme

Pour les collectivités publiques, les chiffres de ce qu’a rapporté la journée de carence sont, hélas, méconnus. Or, c’est là où s’enregistrent les plus hauts taux d’absentéisme. La plupart des élus ont perçus des effets notables quant à la baisse de l’absentéisme des agents. Peu l’expriment publiquement. Ancien rapporteur du budget de la Sécurité sociale, le député UPM Yves Bur note que "la journée de travail, quoiqu’on en dise, impacte les petits arrêts et permet d’inverser la tendance". Sur sa petite commune de Lingolsheim, par exemple, il estime avoir réalisé une économie de 7.000 euros l’année dernière.

A l’UDI, l’ancien ministre de la fonction publique, François Sauvadet y voit également "un mauvais signal". Selon l'élu de Côte-d'Or, il aurait mieux valu "consacrer cette somme aux bas traitements dans la fonction publique et aux évolutions de carrière". En effet, les études montrent qu’il y a un lien entre pénibilité du travail, et absentéisme. Ce sont dans les métiers les moins valorisés que l’on a le plus recours aux arrêts de travail.

Enfin, c’est à l’hôpital que l’effet de la journée de carence a été le plus marquant. "La baisse de l’absentéisme a été évaluée à 7% entre 2011 et 2012", estime le député UMP Dominique Tian. Dans un communiqué, le président de la Fédération hospitalière de France, Frédéric Valletoux, déplore l’abrogation du dispositif. Il estime que ce dispositif avait produit "des effets immédiats" en matière d'absentéisme dans les hôpitaux publics. Or, dans ce secteur, la gestion des personnels est déjà particulièrement tendue.