Manuel Valls  Parti Socialiste : « Des excuses pour l’Algérie »

 
       
 
 
 

Le président de la République, en visite officielle en Algérie, a dénoncé lundi le système colonial, mais il n’a pas prononcé d’excuses, ce qu’attend semble-t-il le peuple algérien. Etes-vous favorable à des excuses de la France ?

Soyons lucides. Le pouvoir algérien, depuis de nombreuses années, joue avec beaucoup d’ambiguïté sur ce rapport avec la France. Ça a été un des éléments de la politique du FLN et le président Bouteflika appartient à cette génération. Par ailleurs, il y a en France chez un certain nombre de nos concitoyens des blessures qui existent encore, parmi l’immigration, chez les harkis, au sein des pieds-noirs. Je crois cependant que la France s’honorerait à reconnaître ses responsabilités envers l’Algérie, au fond, à tourner la page. Ce qui serait la meilleure manière de couper l’herbe sous le pied au pouvoir algérien quand il utilise à des fins intérieures cette question et de lui signifier la désapprobation la plus totale de la France des propos abjects, antisémites, tenus par le ministre algérien des anciens combattants.

La France doit-elle s’excuser ?

Ce regard lucide, cette repentance, des excuses, quel que soit le mot, sont nécessaires pour fermer les blessures. Le rapport entre l’Algérie et la France a été marquée d’une très grande violence. Ce qui s’est passé à la fin de la Seconde Guerre mondiale, à Sétif, puis la guerre d’Algérie elle-même pèsent lourdement. C’est la raison pour laquelle il faudrait tourner cette page, et pour la tourner, il y a évidemment, sans aucun doute, ces excuses à porter. Regardez les gestes qui ont été faits pour la reconnaissance de l’esclavage comme crime contre l’humanité, souvenons-nous du discours de Jacques Chirac en 1995 sur la responsabilité de l’Etat français dans la déportation des juifs. Je ne souhaite pas ici comparer les douleurs. Mais si nous voulons créer pour l’avenir les conditions d’un vivre-ensemble et bâtir une mémoire collective qui appartienne à tous, il faut ces gestes envers l’Algérie, qui restent à faire.