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Le combat de Marie-Thé Rechet qui se bat pour son père et son oncle, disparus en 1962 à Oran en Algérie.

 
   
       

Marie-Thé se bat pour que soient reconnus les disparus d'Algérie


L'Angevine Marie-Thérèse Rechet se bat depuis 50 ans pour que son père et son oncle, disparus lors des événements du 5 juillet 1962 à Oran en Algérie, soient reconnus « morts pour la France ».
Ce deuil, Marie-Thérèse Rechet née Roca (le nom de son papa, elle y tient) n'a toujours pas pu le faire aujourd'hui. Cinquante ans après les faits, cette Angevine née en Algérie poursuit son combat ; voilà des décennies qu'elle écrit et pousse les portes pour que son père et son oncle, disparus le 5 juillet 1962 à Oran en Algérie, soient reconnus

 

officiellement par l'Etat « morts pour la France ». Cette douleur, ils sont nombreux à la vivre. « Les pieds-noirs ont été extrêmement blessés », dit Marie-Thé, « et la plupart ne s'en sont pas remis.
Ce combat pour que la reconnaissance ait lieu, je le fais sans haine. Je le fais pour la mémoire de ceux qui sont partis et qui, à ce jour, ne sont pas reconnus ».


« Quelque chose de terrible s'était produit à Oran »


Marie-Thérèse Rechet est née en 1947 sur le sol algérien. Ses grands-parents, espagnols, « ont émigré en Algérie », explique-t-elle. « Mes parents sont nés là-bas, et mes cinq frères et sœurs aussi. Nous sommes nés Français sur une terre française à l'époque ».
Installée à Sidi-Bel-Abbès, située à 80 km au sud-ouest d'Oran, la famille Roca y est « parfaitement intégrée. Ni ma mère, qui travaillait à l'hôpital, ni mon père, qui était chef de chantier en maçonnerie, n'étaient engagés politiquement. Nous vivions en nous côtoyant, toutes communautés confondues ».
En 1959, l'insécurité commence à s'installer, jusqu'en 1962 où « le danger se fait de plus en plus pressant ». Le 3 juillet 1962, l'indépendance est reconnue officiellement.
Elle doit être proclamée le soir du 5 juillet. « Ce 5 juillet », se souvient Marie-Thérèse (très émue), « ma cousine a obtenu des places de bateau pour pouvoir partir. Mon père et mon oncle ont pris la route avec ma cousine, ma grand-mère et mon frère vers Oran. Ces derniers ont pu embarquer, mais mon père et mon oncle ne sont jamais revenus à Sidi-Bel-Abbès. Nous n'avons plus eu de nouvelles malgré les recherches faites sur place.
Deux jours après, on a appris que quelque chose de terrible s'était produit à Oran, et que des exactions avaient été commises sur les civils. Un vrai massacre. .. ».
Ce jour-là, « 3 000 personnes ont disparu à Oran ». « Le directeur de l'hôpital de Sidi-Bel-Abbès a fait pression sur ma mère afin qu'elle rentre en France avec ses enfants en raison de la dégradation de la situation », poursuit Marie-Thérèse. Arrivés à Toulouse, les Roca s'installent à Pau, puis à Lille.
Le froid, le manque d'équipements sont d'autres épreuves auxquelles il faut faire face. « Nous n'avions plus rien. Un de mes oncles, qui était instituteur à Angers, nous a ensuite fait venir ici ». Les années passant, Marie-Thérèse Rechet s'est adressée « à tous les présidents de la République qui se sont succédé ». Son souhait profond : que sa demande de reconnaissance soit entendue, « et que les noms puissent figurer sur le mémorial national du quai Branly ».
En septembre, elle a reçu une réponse qui lui redonne espoir : sa demande a été transmise à l'Office national des anciens combattants à Caen.

Marie-Thérèse Rechet est membre de l'Anfanoma, Association nationale des Français d'Afrique du Nord, d'Outre-mer et de leurs amis. La structure a été créée en 1956 dans un esprit d'entraide et de solidarité par les Français de Tunisie et du Maroc, amenés à quitter ces pays auxquels l'indépendance venait d'être accordée. Elle fait également partie de l'Acrhan, Association culturelle de recherches historiques sur l'Afrique du Nord, basée à Angers.
L'association perpétue le souvenir de l'œuvre française en Afrique du Nord. Elle organise à ce titre des expositions.
Source : Mireille PUAU - Courrier-Ouest