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Alain Marleix, secrétaire d'État :A ces hommes, à ces femmes, demeurés sans sépulture,
je veux dire solennellement que nous ne les ayons pas oubliés

 
 
   
       
 
Alain Marleix,
Secrétaire d'État aux Anciens Combattants
 

Parce que la mémoire est la vertu première d'une Nation, nous sommes, ce matin, réunis pour nous souvenir de toutes celles et ceux disparus au cours de la guerre d'Algérie.
À ces hommes et femmes, sans distinction d'origine, de condition, de religion, qui sont demeurés sans sépulture, je veux leur dire, aujourd'hui solennellement que nous ne les avons pas oubliés. Je tiens d'abord à vous remercier, vous tous présents, qui êtes venus accompagner la mémoire de vos parents, de vos proches et de vos amis disparus. Vous êtes ici pour témoigner d'une souffrance encore vive. Le temps a passé mais la douleur est toujours là. Je pense à chacune de ces femmes et à chacun de ces hommes qui vécurent sur cette terre d'Algérie, dont l'engagement fut fait de ferveur, de fidélité et d'idéal, qu'ils soient Pieds-Noirs, qu'ils soient Harkis ou venus de métropole.
Je pense à vos familles meurtries par l'absence inexpliquée, par le deuil inachevé, et aux cicatrices béantes que rien ne peut refermer.
Je sais combien leur existence, votre existence, en a été bouleversée pour toujours. Je sais quel tribut, par vos filles et fils, parents, proches et amis, vous avez payé à la France. Il y eut d'abord ces premiers jours où la nouvelle de la disparition n'était pas encore devenue une réalité. Il y eut ensuite ces moments où l'on bascule soi-même dans la colère, l'incompréhension et l'impuissance, où la souffrance emporte tout. A chacune et chacun d'entre vous, je sais qu'il n'y aura jamais de mots assez justes pour décrire votre peine, votre solitude et votre désarroi.

Sur ce mur figurent les noms de celles et ceux qui furent emportés dans la tourmente et dont le destin nous est resté, hélas! inconnu.
Au nom du gouvernement que je représente ici aujourd'hui, je veux vous dire qu'aucun d'entre eux ne doit être oublié : ni oublié par les familles aujourd'hui réunies, ni oublié par notre pays.
Sur ce Mur, ils sont maintenant gravés dans la pierre pour l'éternité grâce à la municipalité de Perpignan et au Cercle algérianiste. Je veux donc remercier les associations qui, avec le concours du ministère des Affaires étrangères, ont permis de dresser la liste de ces Disparus, et leur permettre de retrouver leur place dans l'histoire de France, ici même à Perpignan, ville chère au cœur de tous les Français et si intimement liée à notre histoire. Cette histoire de France, il est de ma responsabilité, au sein du gouvernement, de l'appréhender dans toute sa grandeur mais aussi dans ce qu'elle a pu avoir de sombre.
Je veux une « politique de mémoire assumée » comme j'ai pu le dire dernièrement lors de mon premier déplacement officiel en Algérie.
C'est la raison pour laquelle je ne veux pas d'une politique de mémoire fondée sur la pénitence et la repentance. Je veux une politique de mémoire qui véhicule les valeurs de notre identité républicaine, et porte haut notre fierté nationale.
Nous devons surmonter l'affrontement systématique des mémoires pour aller à l'établissement objectif des faits et à la vérité des événements. Pour atteindre cet objectif, nous devons bien évidemment accéder à l'ensemble des sources, des archives et des documents. Comme je l'ai rappelé récemment en Algérie, la France est toujours prête à ouvrir ses archives mais la règle de la réciprocité doit bien entendu s'appliquer.
Je veux le dire le plus simplement et le plus sincèrement, la mémoire doit devenir ce qui nous rassemble enfin quarante-cinq ans après les faits. Parce que l'absence de l'être aimé ne saurait laisser derrière soi le sentiment de l'oubli, nous devons inlassablement rappeler la mémoire de celles et ceux qui ont servi la France. Comme l'a écrit le président de la République à vos associations le 18 avril dernier: « près d'un demi-siècle après les faits, il est grand temps que toute la lumière soit faite sur ces disparitions, il est grand temps de connaître la vérité historique des faits, il est grand temps de rendre hommage à ces victimes et a leurs familles ». C'est tout le sens de ma présence aujourd'hui à Perpignan, parmi vous, au nom du gouvernement de la République. Vive la République. Vive la France.

Alain Marleix

Voir aussi le diaporama de l'inauguration du mur des disparus