Sur France Culture une série de 15 + 3 émissions sur l'Algérie en principe en 1961.

   
       
 

Du 25 au 29 juillet 2011.


Il s’agit d’une désinformation sournoise.

Les thèses du FLN y sont largement développées, de long en large dans environ 70% du temps.

Le terrorisme FLN est inexistant, le seul terrorisme qui existe c’est celui de l’OAS, alors que dans la réalité le terrorisme du FLN va durer 7 ans et l’activisme de l’OAS moins de deux ans.

Le traitement est donc inégal et très partial.

Le 17 octobre 1961 y est longuement traité pour paraitre être objectif on diffuse un reportage de Inter-actualités de 1minute 14 secondes (contre 56 minutes pour le FLN)  sur la véritable raison de cette tragédie la mort de 9 policiers victimes du terrorisme FLN dans les semaines qui précédaient  le 17 octobre 1961.
Toujours sur le sujet du 17 octobre le bidonnage de jacques Panigel durant 5 :08 et un entretien dirigé contre Papon durant plus de 20 minutes d’Aïcha Mansouri témoin indirecte de la sombre journée. (La manœuvre incessante de Madame Aurélie Luneau y apparait très clairement) 26 % des 18 émissions sont hors sujet 1961, et abordent des sujets dirigés contre les Français d’Algérie et autres militaires tous taxés d’être de dangereux adeptes de la torture.
Pour servir d’alibi les pseudos historiennes idéologues sont convoquées pour débiter les mensonges habituels. (Branche, and Co)
Deux des témoins avaient 10 ans et moins en 1961, c’est dire les approximations et les mensonges, nous y apprenons que la maman de Boualem Sansal fournissait à partir de l’hôpital Mustapha d’Alger le FLN en médicaments.

Que dire de la réalisation

Le mixage est excellent, le montage approximatif il laisse apparaitre longuement la tonalité des questions tendancieuses rappelées sans cesse d’Aurélie Luneau.
Du point de vue technique la diffusion des secondes partie de 10h à 11 étaient toutes sous modulées ce qui ramenait la diffusion aux environ de 12 bits environ.

Selon les courriers de nos lecteurs c'est "Le pont des soupirs" qui obtient la palme de la réussite avec une durée de 58'56.
 

ALGÉRIE 1961, À LA CROISÉE DES CHEMINS

Emission de Aurélie Luneau
et
Yvon Croisier diffusée
par France-Culture du 25 au 29 juillet 2011

Compte-rendu par Maurice FAIVRE


Dans la série des Grandes Traversées, les réalisateurs ont présenté pendant 5 jours, 15 heures d’émission, comportant chaque matin trois séquences : - Extraits d’archives – Débat entre historiens – Documentaires, suivis des commentaires de l’écrivain algérien Boualem Sansal. L’abondance des témoignages recueillis illustre la volonté des réalisateurs de consulter tous les acteurs et toutes les victimes: Algériens pro-français, nationalistes, colons, membres de l’OAS, rapatriés, militaires appelés.

Nul ne l’emportedans cette guerre des mémoires, et l’on peut estimer que la tendance générale est celle de l’apaisement.

La convivialité d’autrefois, et le déracinement des pieds-noirs sont en particulier reconnus par leurs amis d’Algérie. Rêvant sur le pont des soupirs, Aline pense qu’il est temps de tourner la page. Certains choix sont cependant contestables: un officier issu des FTP et un photographe communiste (contredit par son chef de corps) ne sont pas représentatifs de la majorité des cadres militaires et des soldats du contingent, dont les rapports sur le moral soulignent la disponibilité.
Le thème de la torture intervient à tout moment, alors que le terrorisme du FLN contre les musulmans (300 morts par mois en 1956) n’est pas évoqué.
Les supplétifs sont sous-estimés. Des extraits de films sont présentés comme des témoignages objectifs, alors qu’il s’agit de fictions non vérifiées (Rotman) ou partisanes (Vauthier, Panigel, Tasma, Bouchareb, Charef).

La réalisatrice prend pour une vérité établie la légende des 200 morts du 17 octobre (1).

Le mélange de la fiction et du témoignage, procédé coutumier des médias, n’est pas compatible avec la déontologie de l’historien.

Les débats entre historiens, brièvement commentés ci-dessous, sont intéressants; certains sont influencés par l’idéologie, libertaire pour certains, antiraciste et antimilitariste pour d’autres.

Face à Gilbert Meynier, qui expose comment le parti libérateur s’est transformé en dictature militaire et obscurantiste, Wassyla Tamzali relate l’évolution des grandes familles qui ont accepté la conquête et l’intégration, avant de retrouver une identité ethnique antiféministe.

Les participants


Wassyla Tamzali, Sylvie Thénault, Gilbert Meynier, Ali Haroun, M’Hamed Bencherchali et Hocine Snoussi ,Commandant Azeddine, officier de l'ALN, Hosmani Belkacem soldat de l'ALN, Bettoule Lambiotte soutien du FLN, Nicole Rein avocate de combattants algériens, Yamina Cherrad infirmière FLN, Maurice Vaisse professeur d’histoire, Matthew Connelly professeur d’histoire diplomatique à Columbia University, Pierre-Alban Thomas ancien résistant et ancien d'Indochine, Michel Drouard, jeune appelé, Jean-Paul Angelleli appelé pied-noir, Brahim Sadouni supplétif, Marc Garang rappelé et photographe, Georges Casagrande appelé en Kabylie, Gérard Chaliand, géopolitologue, Rémy Porte, historien , Jean-Charles Jauffret professeur des universités, Raphael Draï de Constantine, Paul Asmodé, Andrée Bachoud d'Oran, Jean-Paul Grangaud libéral à Alger, Naïmi Fala guide, Jean-Claude Perez ancien de l'OAS, Raphaëlle Branche ideologue, Jacques Ferrandez auteur bande dessinée approximative, Mehdi Charef algérien, Farid Kacha Algérien, Nadia Kacha enfant de Sétif, Abderramane Tajeddine d’Oran, Aïcha Mansouri algérienne, Larbi Bouziane Paris, Lydia Aït Saadi representante de Benjamin Stora, Benoït Falaize, Aline Cespédès Vignes, Djillali Amrani.

 
 

Grandes traversées
Algérie 1961, à la croisée des chemins

Du lundi 25 juillet au vendredi 29 juillet 2011 de 9h05 à 11h55

Durée moyenne : 51 minutes

Une série
d’Aurélie Luneau
et
Yvon Croizier.

 
 
 
 

Maurice Vaïsse confirme sa thèse sur l’échec du putsch, tandis que l’américain Matthew Connelly reconnaît les ingérences américaines qui ont contribué à l’internationalisation du conflit, sans reprendre cependant certaines erreurs ponctuelles de sa thèse (2).

Alors que JC Jauffret souligne la supériorité numérique des Forces françaises, l’efficacité des barrages frontaliers et le rôle des réserves générales, Gérard Chaliand est impressionné par les succès des guérillas (avec des pertes surestimées) ; il estime que les réformes sont intervenues trop tard, et observe la référence à la doctrine française de contre-insurrection, contestable en Argentine, mais justifiée dans les guerres asymétriques actuelles.

Rémy Porte n’a pas le temps d’exposer le concept de ralliement des cœurs et des esprits qui est à la base de cette doctrine politique (3).

Le thème de l’imaginaire de la guerre d’Algérie est abordé par Raphaëlle Branche, attachée à dénoncer la violence et les crimes de guerre des Français; dans ses bandes dessinées, J.Fernandez décrit les rapports complexes des communautés et des religions, marqués par les traumatismes et la violence dans les deux camps; il se garde à juste raison d’assimiler les critères du XIXe à ceux du XXe siècle.

La transmission de l’histoire à l’opinion, et particulièrement aux scolaires, est traitée par Benoît Falaise qui montre les difficultés liées à la guerre des mémoires, au silence des parents et aux pressions de certains réseaux partisans; quelle histoire faut-il enseigner aux enfants issus de l’immigration?

Du côté algérien, Lydia Aït Saadi dénonce l’arabisation de l’enseignement et l’écriture de l’histoire imposée par le ministère des moudjahidines; elle met en doute le mythe du peuple paysan uni pour la Révolution.
Tous deux sont partisans d’une désaliénisation de l’histoire (4).

Boualem Sansal intervient dans toutes les séquences de l’émission. Ayant 10 ans en 1961, il se souvient des évènements spectaculaires de l’époque, des manifestations urbaines, du prestige des parachutistes, de la modernité de la colonisation et des occasions manquées; de la population partagée, ralliée par la terreur à une indépendance qui était inéluctable, mais qui a été ratée. Il estime que les objectifs stratégiques des deux camps étaient confus, et fumeux le concept de Révolution; la guerre a légitimé la prise du pouvoir ; ayant pris tous les leviers, le FLN a imposé le récit officiel de l’histoire; la scission entre le FLN et l’ALN a conduit à la guerre civile de 1990. Le pays a été détruit. Les réalisateurs de cette émission méritent des félicitations pour la somme et la variété de leurs recherches, bien que certains des thèmes cités ci-dessus appellent de nouveaux débats.

Maurice Faivre
le 1er août 2011

1 - Les travaux scientifiques du professeur JP Brunet sont ignorés (une dizaine de victimes certaine, une vingtaine possible, trente au maximum).

2 - Dans l’arme secrète du FLN (mauvaise traduction de son livre), Connelly prend pour argent comptant des erreurs qui nuisent à son objectivité : les viols systématiques, le bombardement des villages, les regroupements affameurs, la loi du talion en août 1956, les estimations de Teitgen pour la bataille d’Alger, les 200.000 morts déclarés par de Gaulle, les 250.000 réfugiés au Maroc et en Tunisie, 200 tués au moins le 17 octobre 1961, les harkis ostracisés pendant des années dans des camps, etc... Il situe le massacre d’Oran le 3 juillet 1962, avec 20 morts ; or c’est le 5 juillet avec environ 400 disparus.

3 - L’auto-défense active de Challe, approuvée par Ely et Debré, était dans la même ligne réformiste que la politique d’association prônée par Robert Lacoste, par les Comités de Salut public, puis par Louis Joxe et de Gaulle, et qui a été abandonnée en raison des ambitions internationales du chef de l’Etat.

4 - Leur critique virulente de l’article 4 de la loi de 2005 sur les bienfaits de la présence française ne tient pas compte de l’idéologie républicaine qui a présidé à la colonisation, exprimée par Victor Hugo: « un peuple éclairé va trouver un peuple dans la nuit» et réaffirmée de Léon Blum à Messmer. S’agissant du génocide culturel de l’Algérie, on est amené à poser la question : quelle culture ? Est-ce celle de la masse décrite par Mohamed Harbi, qui croit aux fantômes, aux revenants et aux démons ? ou celle du Coran, que l’administration française a favorisé en Kabylie?
Mise en ligne le 10 août 2011 19h22 CET