Hors la loi : possède un souffle révolutionnaire pour le FLN exceptionnel selon Ahmed Bedjaoui.

   

Abdelaziz Belkhadem Président du FLN apporte un soutien au film de Rachid Bouchareb, les Hors-la-loi, qui traite les méfaits de la colonisation. « Qui rappelle, leurs méfaits».Belkhadem aurait eu un long entretien avec le Président Bouteflika avant de téléphoner à Rachid Bouchareb, pour l’assurer de son « soutien » et de celui de « Bouteflika ». « Ce dernier se réjouirait de voir le massacre de Sétif qui avait coûté la vie à un milliers de personnes en 1945 occuper le devant de la scène et gêner les responsables français ».
L'essentiel du financement de Hors-la-loi vient de France (parmi ses financeurs, figurent France FLN vision, France 2 et France 3, Canal+, Studio Canal, Kiss Films – la société de Jamel Debbouze , la région PACA Michel Vauzelle 100.000,00 €, l'ACSE, Ciné-cinéma et le CNC). Le budget est estimé à 19,5 millions d’euros. Pour Véronique Cayla, présidente du CNC « La part française de financement est de 12 millions d'euros, dont 7 % d'aides publiques » le CNC n'ayant même pas lu le scénario; (15% du financement provient de l’Europe et 25% de l’Algérie)

   
 
 

Hors-la-loi , est un film financé en grande partie par l'Algérie ?
Ahmed Bedjaoui : Il est vrai que l'Algérie et son cinéma attendaient depuis 25 ans qu'un film algérien soit à nouveau présent dans la compétition cinématographique la plus prestigieuse du monde.
Elle est à nouveau présente à Cannes au plus haut niveau. Je dois préciser que si Rachid Bouchareb a choisi de présenter son film sous bannière algérienne (comme il l'avait fait à Berlin l'année dernière avec “London River”, il faut préciser que l’Algérie a contribué au tiers du financement du film. Le reste de la production a été couvert par la Tunisie, la Belgique et la France.
Est-ce que le film a des chances de se retrouver parmi les lauréats ?
Cela personne ne peut le dire. Le jury est souverain. Figurer parmi les 16 films retenus sur la centaine visionnée, est en soi une grande réussite.
Et si le film venait à trouver les faveurs du jury pour une récompense ou une autre, ce serait magnifique.

Rachid Bouchareb est un cinéaste qui a construit une carrière assez intéressante, mais sur la durée. Son intérêt pour l'histoire et pour son pays d'origine l'a révélé au monde entier. Que pensez-vous de ce réalisateur qui construit réellement une carrière sur la durée et une réflexion ?
Outre sa modestie et son humilité, je suis personnellement impressionné par deux choses au moins chez Rachid Bouchareb :
- Sa capacité de progression. Depuis “Cheb” ou “Bâton rouge”, tout le monde s'accordait à dire que nous avions là un cinéaste talentueux et prometteur.
Depuis “Indigènes”, il a franchi des étapes significatives dans la maîtrise du récit et des formats de production. Il sait raconter une histoire humaine et à travers des êtres simples, il a appris à raconter l'histoire avec un grand H, sans jamais donner de leçons ni souligner son message.
En cela, il se rapproche, à mon avis, des grands narrateurs américains comme Michael Mann.
- Pour avoir déjà vu “Hors-la-loi” en projection privée, je peux vous dire que ce film possède un souffle révolutionnaire exceptionnel et un patriotisme sans faille pour la cause algérienne. Il n'est contre personne, il est tout simplement et totalement pour l'Algérie et sa lutte légitime pour la liberté. Mon avis est que Bouchareb a atteint un niveau de maturité totale qui le place dans le gotha des grands réalisateurs actuels. Son prochain film, dois-je le révéler, sera d'ailleurs américain. (Liberté-12.05.2010.)

   
Ahmed BEDJAOUI journaliste à RTA presentateur du programme sur le Cinéma ; « Télé-Ciné Club », et la revue « Les deux écrans », Il est titulaire d’un doctorat de troisième cycle sur le cinéma. Il est également, diplômé de l’IDHEC.
Il a commencé sa carrière en 1966 à la Cinémathèque algérienne avant de devenir conseiller du DG de l’ONCIC, puis sous-directeur de la Télévision chargé de la production. A ce titre, il a produit des dizaines de longs métrages et l’émission Télé ciné-club, qu’il a animée vingt ans durant.