Hors la loi : Un navet au scénario approximatif.

   

Abdelaziz Belkhadem Président du FLN apporte un soutien au film de Rachid Bouchareb, Hors-la-loi, qui traite des méfaits de la colonisation. « Qui rappelle, leurs méfaits».Belkhadem aurait eu un long entretien avec le Président Bouteflika avant de téléphoner à Rachid Bouchareb, pour l’assurer de son « soutien » et de celui de « Bouteflika ». « Ce dernier se réjouirait de voir le massacre de Sétif qui avait coûté la vie à un milliers de personnes en 1945 occuper le devant de la scène et gêner les responsables français ».
L'essentiel du financement de Hors-la-loi vient de France (parmi ses financeurs, figurent France FLN vision, France 2 et France 3, Canal+, Studio Canal, Kiss Films – la société de Jamel Debbouze , la région PACA Michel Vauzelle 100.000,00 €, l'ACSE, Ciné-cinéma et le CNC). Le budget est estimé à 19,5 millions d’euros. Pour Véronique Cayla, présidente du CNC « La part française de financement est de 12 millions d'euros, dont 7 % d'aides publiques » le CNC n'ayant même pas lu le scénario; (15% du financement provient de l’Europe et 25% de l’Algérie).

 
     
   
Scénario du film "Hors la loi "
réalisé par M. Rachid Bouchareb.
 
       

Vincennes, le 9 septembre 2009

DEF/SGA/DMPA/SHAD/DAT/DEE

012203 NOTE

À l'attention de Madame le Conseiller chargée de la Mémoire et des Affaires internationales Cabinet du Secrétaire d'Etat à la Défense et aux Anciens Combattants
Objet : Scénario du film "Hors la loi " réalisé par M. Rachid Bouchareb.

Référence : BE n°9171/CAB/CT/JZ/2009 du 18 juin 2009. Pièce jointe : une annexe

Par le bordereau d'envoi de 1ere référence, le cabinet du Secrétaire d'Etat à la Défense et aux Anciens Combattants a saisi le service historique de la Défense: afin qu'il émette un avis historique sur un projet de film, réalisé par Rachid Bouchareb, intitulé : Hors la loi.
L'action du film se déroulant essentiellement à Paris, le servie* des archives de la préfecture de police de Paris semble mieux indiqué pour contrôler la véracité de la majorité des faits rapportés, notamment en ce qui concerne les enquêtes judiciaires et le maintien de Tordre.
De même, la véracité des anecdotes rapportées au fil des scènes (expulsion du trottoir d'un jeune Musulman - p.2 etc.. l’expropriation d'un paysan musulman - p. 2, etc.) ne peut reposer que sur des témoignages, dont il aurait été souhaitable d'avoir les références. Sans ces références, rien ne peut être vérifié.

Cependant les erreurs et les anachronismes qui parsèment ce scénario sont si nombreux et si grossiers qu'ils peuvent être relevés par tout historien, ayant soit peu étudié la guerre d'Algérie.

En ce qui concerne son domaine de compétence (histoire de l'armée française et de l'organisation de la Défense nationale de la période considérée)), le SHD ne peut s'interroger sur la connaissance des faits qu'a l'auteur du scénario joint.

Les remarques formulées par le SHD sont présentées en annexe.

Les nombreuses invraisemblances présentes dans le scénario, montrent que la rédaction de ce dernier n'a pas été précédée par une étude historique sérieuse. Cette approximation historique rend ce film de fiction peu crédible

Le Général de division, Gilles Robert
Chef du service historique de la défense


Annexe
À la note n° DEF/SGA/DMPA/S11D/DAT7DEE du 9 septembre 2009

Remarques du SHD sur le scénario du film « Hors la loi. »

I. Méconnaissance de l'histoire de la guerre d'Algérie.
II. Les émeutes de Sétif.

Le réalisateur veut faire croire au spectateur que le 8 mai 1945 à Sétif des Musulmans ont été massacrés aveuglément par des Européens, or, ce jour-là, c'est le contraire qui s'est produit comme le montre l'étude de ces événements présentée en appendice.
Cette version des faits est admise par tous les historiens, l'auteur commet donc une grossière erreur en montrant des Européens tirant sur les Musulmans depuis leur fenêtre. Si l'auteur souhaite évoquer le massacre des Musulmans par des Européens à Sétif, il devrait situer la scène au minimum le 9 mai, car c'est en réaction au massacre d'Européens du 8, que les Européens ont agit contre des Musulmans.

12. Méconnaissance des partis indépendantistes algériens.

L'auteur ne connaît visiblement pas l'histoire des partis indépendantistes algériens :
- page 10 : au lendemain des émeutes de Sétif (mai 1945), l’auteur fait crier à des Musulmans : « Vive le FLN ! », alors que ce parti n'est créé qu'en 1954. L'auteur confond peut-être avec le PPA de Messali Hadj, dont il semble cependant ignorer l'existence. Ce parti prend l'appellation de MTLD en 1947.
- Page 20 : l'auteur fait dire à l'un de ses personnages : « Le MNA croit que les votes vont nous donner l'indépendance (...)», or le MNA, créé en 1955, prône la lutte armée. L'auteur confond sans doute avec l'UDMA de Ferhat Abbas, créé en 1946 et qui eut une existence officielle jusqu'en 1956.
D'autres anachronismes émaillent le texte : par exemple, p. 16, un personnage en compare un autre au général de Gaulle parce qu'il est monté dans une DS noire. Or la scène se déroule en 1954 alors que le général de Gaulle ne revient au pouvoir qu'en 1958, et que ce n'est qu'à partir de cette date que son image peut être associée à un DS noire.
Mais les erreurs sont encore plus flagrantes dans le domaine de l'histoire militaire.

2. Histoire de l'armée française et l'organisation de la Défense nationale de la période considérée.
21. Mauvaise connaissance de l'histoire des services secrets

Le film repose en grande partie sur la confrontation entre un indépendantiste algérien et un colonel du SEDCE. Or cette confrontation est historiquement impossible. ,
La seule action qu'ait menée le SEDCE sur le territoire national concerne la mise en place d'une troisième force (le front algérien d'action démocratique) de juillet à octobre 1960.

La "main rouge " organisation de couverture du service "action" à laquelle le scénario fait allusion n'a donc agit qu'en dehors du territoire national.
Cependant, selon certains anciens du service, on dénombre deux ou trois actions dites « hors circuit », menée par le SDCE en France, visant à éliminer une personne .Ces actions ont été tout à fait, exceptionnelles, et n'ont jamais visé un "porteur de valise".
Seuls trois officiers des armées ont été mis à la disposition du préfet de police. Ils encadraient la force de police auxiliaire composée de supplétifs Nord-africains (surnommés les " calots bleus" que le scénario met en scène mais dont le SHD ne conserve pas las archives.

22. Mauvaise connaissance de la guerre d'Indochine

L'auteur présente la guerre d'Indochine, qu'il nomme indûment "Vietnam"comme une suite d'exactions perpétrées par l'armée française (p 10).

Le personnage, appelé Messaoud, se serait engagé en 1935 dans une unité de tirailleurs. Sa carrière militaire est passée sous silence jusqu'en mai 1945 où on le retrouve dans un Dakota sur le point de sauter en parachute. Il participe à la guerre d'Indochine et est fait prisonnier à Dien-Bien Phu où il servait au 3ème régiment de tirailleurs algériens (RTA)

La carrière militaire de ce personnage semble irréaliste.

Il aurait servi de 1935 à 1954, soit 19 ans de service .Il est donc surprenant qu'ayant participé à la Deuxième Guerre mondiale et la guerre d'Indochine, il n'ait pas terminé sa carrière avec un grade de sous-officier.

La tenue qu'il porte lors de son retour en France, offerte par la Croix-Rouge (page 15), laisse à penser qu'il aurai, été abandonné par l'armée française après sa captivité. Or ; à leur retour de captivité les hommes étaient soignés dans des hôpitaux militaires et habillés par leur corps avant de bénéficier d'une permission de fin de campagne , sans que la Croix-Rouge, qui ne s'occupait que des prisonniers internés n'ait rien à voir là dedans en tout état de cause, même si Messaoud ne rentre pas en France qu'après avoir quitté le service actif, sa pension, si maigre soit elle, lui aurait permis de se v^tir convenablement sans avoir recours à la Croix Rouge.

La scène du parachutage (p.9) n'est pas située géographiquement, mais on laisse supposer qu'elle se passe en Indochine (présence de rizières). Comme elle se déroule juste avant l'arrivée en France de la mère du frère de Massaoud, elle devrait se dérouler à la fin de l'année 1945 ou début 1946.

Cette scène est irréaliste :

- les premiers tirailleurs nord-africains ne sont arrivés en Indochine qu'en 1947,
- il n'a jamais existé d'unités parachutistes nord-africaines, un essai a bien été tenté en France en 1950, mais face â la répugnance des Nord-africains pour le transport aérien, on y renonça aussitôt.
Messaoud n'a donc pas pu sauter en parachute pendant la guerre d'Indochine.
Il est présent en Indochine en 1946 (ce qui est, par ailleurs hautement improbable) et en 1954 (un bataillon de marche du 3ème RTA était effectivement présent à Dien-Bien-Phu). Le fait que les séjours en Indochine étaient de 24 à 32 mois laisse supposer que Messaoud a été volontaire pour faire au moins deux séjours, ce qui est réaliste. Mais le scénario laisse penser que ce personnage n'a pas quitté l'Indochine pendant tout ce temps, e qui serait, pour le coup, totalement irréaliste.
D'autres erreurs figurent dans le scénario : des Gendarmes en jeep en 1935 (p. 2), des Gendarmes servant une mitrailleuse à Sétif le 8 mai 1945 (p. 5), etc

   
Conclusion
Les deux scénaristes sont des amateurs qui veulent nuire à la France