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Le nombrilisme atteint aussi les associations de rapatriés
         
 
 

Le nombrilisme
est une façon de penser égocentrique.


La spécialité de la France aujourd'hui coïncide à peu près avec son "état". Je veux dire qu'elle se morfond, s'assèche, se rassure en évoquant sa grandeur passée. Cela ouvre la voie à une attitude nombriliste.
D'autres considèrent au contraire ce phénomène comme une déperdition inutile d'énergie, les autres étant à leurs yeux le reflet d’une inutilité insignifiante.
En réalité, cette affaire illustre surtout le nombrilisme et surtout au CAR, ils sont tentés de transformer leurs propres histoires en événements d’envergure.
«Ici, c'est le centre du monde», décrètent encore certains, du CAR ceux qui ne veulent pas croire qu'à Aix en Provence comme ailleurs personne ne connaît les importants qui dirigent les rares groupuscules, et que personne ne déboule dans les locaux somptueux, car selon une enquête d’une école de EMPS, 99,99 % de la population Aixoise ne connaît pas la maison des Rapatriés d’Aix en Provence.
Il n'est pas rare d'ailleurs de s'y retrouver dans les locaux aucun visiteur, en bonne saison d’hiver et personne en juillet et août - les plus mauvais mois. Le sanctuaire de l’avenue de Tübingenpratin demeure une sorte de club intimidant pour les badauds.
Un Slogan sur tous les murs du métro. Le visuel est explicite : une photo d’un ventre (homme ou femme), avec le nombril au milieu. Le communiqué de presse précise : « l’objectif est de montrer que l’individu est au centre du monde ». Celui-ci devient un outil qui l’aide à construire son propre monde dont il est le centre. Drôle d’époque ! Moi, moi, moi et… mon nombril ! L’individu triomphant, tatoué sur le ventre plat des publicités qui frisent l’obésité, quatre mètres sur trois. L’individu au centre de la vie du quartier, par définition épicentre de la collectivité, du lien social, de l’entraide. Ou bien ne restera-t-il qu’une danse du ventre, trop rempli pour les uns, et trop vide pour les autres…

 

Et si on réfléchissait au lieu de tout avaler ?

Le nombril au CAR d’Aix en Provence est-il aussi sage, confidentiel et humain que le prix Nobel de littérature 2007; il est aussi intense, artificiel et publicitaire qu'une belle au bois dormant noyée dans sa déconfiture ?

C’est dans cette affirmation de sa centralité que le microcosme insulaire retrouve l’universel. C’est dans cette affirmation qu’il traduit son caractère sacré. En effet, « si la notion de centre intègre rapidement des éléments mâles, il est important de signaler ses infrastructures obstétricales et gynécologiques : le centre est nombril, omphalos du monde. C’est pour ces raisons utérines que ce qui sacralise avant tout un lieu c’est sa fermeture : îles au symbole amniotique, ou encore forêt dont l’horizon se clôt lui-même. Le lieu sacré est bien une cosmisation. »
Cette idée de l’île comme nombril du monde existait déjà dans la Grèce antique. Les Grecs anciens, s’ils n’avaient apparemment aucun terme pour désigner l’insularité, l’ont cependant figurée par des expressions métaphoriques comme « l’omphalos », mais aussi « le bouclier » ou « la coupe ». En réalité, l’omphalos est aussi le point central et le plus haut du bouclier. Et l’image de l’île s’élevant, montagne au-dessus des eaux, qu’Homère, dans l’Odyssée, évoque à plusieurs reprises constitue, « le trait d’union naturel entre le ciel et la terre, entre le monde des Olympiens et celui des hommes »

Chaque groupuscule a tendance à croire qu'il est le nombril du monde, et pour mieux se mettre en valeur, il a tendance aussi à ridiculiser son voisin ou tout peuple différent. Ce réflexe fait sourire en générant notamment des histoires - plus ou moins - drôles, mais il peut irriter, voire inquiéter, car il alimente le racisme.

Mis en ligne le 14 mars 2009