Hamlaoui
Mekachera, en retard d'une guerre. Le ministre délégué
aux Anciens Combattants et officier d'active dans l'armée
française de 1958 à 1977, s'est efforcé, le
11 août 2004 sur France Inter, d'éteindre la polémique
qui secoue l'UMP au sujet de l'invitation du président algérien
Abdelaziz Bouteflika aux célébrations, le 15 août
2004 au 60e anniversaire du débarquement de Provence. «Il
ne faut pas tout mélanger, a jugé le ministre sur
France Inter. Il est utile de préciser qu'aucune confusion
n'est à faire entre cette page d'histoire écrite en
commun en août 1944 et d'autres événements ultérieurs,
aussi douloureux soient-ils.»
Plaies. «L'Algérie de 2004 n'est plus
celle de 1962», ajoutait de son côté Eric Raoult,
député UMP de Seine-Saint-Denis, vice-président
du groupe d'amitié franco-algérien à l'Assemblée,
dans une interview au Parisien. «Depuis la signature des accords
d'Evian, Bouteflika n'est plus un fellagha, c'est le président
réélu ...................................d'un
grand pays.» Une réponse à la quarantaine de
députés UMP, emmenés par l'élu parisien
Claude Goasguen, qui ont adressé une pétition, le
13 juillet 2004, au ministre des Affaires étrangères,
Michel Barnier. Quarante ans après, c'est au nom des plaies
de la guerre d'Algérie que ces députés, issus
pour la plupart de la droite libérale, tempêtent contre
la venue du président algérien : «Une insulte
pour la mémoire» des anciens de l'armée d'Afrique
«qui sont tombés pour libérer la France et que
M. Abdelaziz Bouteflika a toujours ignorés, voire bafoués»,
écrivent-ils. Outre le sort réservé aux harkis
par la jeune république après les accords d'Evian,
ils lui reprochent ses propos tenus lors d'une visite officielle
à Paris, en juin 2000, où Bouteflika avait qualifié
les harkis de «collabos». Philippe de Villiers a de
son côté jugé que «la seule justification
de sa venue serait (...) qu'il s'engage à faire toute la
lumière sur le sort des Européens enlevés par
le FLN lors de la guerre d'Algérie».
Dans sa réponse 28 jours plus tard
adressée à Claude Goasguen, le ministre des Affaires
étrangères, Michel Barnier, écrit que «les
affrontements qui ont déchiré nos deux peuples après
la Seconde Guerre mondiale, dont je sais le souvenir douloureux
qu'ils ont laissé, en particulier chez les harkis, ne peuvent
affecter la reconnaissance que la nation éprouve à
l'égard de ces soldats venus d'outre-mer pour participer
à la libération du pays en 1944». Il souligne
par ailleurs que cette invitation répond à une ambition
«voulue au plus haut niveau de surmonter le passé et
de construire un avenir dépassionné entre nos deux
peuples».
Une sérénité pas encore de
mise pour les pétitionnaires qui ont, pour la plupart, fait
leurs premières armes politiques à l'époque
où le sort de l'Algérie scindait la droite en deux,
entre d'un côté les gaullistes et, de l'autre, les
partisans de l'Algérie française. Claude Goasguen,
qui a fait ses premiers pas dans les rangs du mouvement Occident,
n'a pas tout oublié de ses combats passés. |