Le Ministre des anciens combattants et des rapatriés,
Kader Arif reçoit quelques associations de Français d'Algérie
le 3 janvier 2013, - 207 jours après sa nomination.

 
       
     

COMPTE-RENDU DE REUNION DES ASSOCIATIONS DE RAPATRIES  A L’INVITATION DU MINISTRE DES ANCIENS COMBATTANTS LE 3 Janvier 2013 à PARIS

Participaient à la réunion : Ph. Nouvion et G. Schettini (RECOURS), Y. Sainsot (ANFANOMA), N. Ferrandis (AFV 26 Mars et ANFANOMA), J.F. Vallat et J.P. Seroin (MAFA), M. Lévy (GNPI), G. Garcia (AAA et représentant  CESCO), Mgr Boz, J. Perez (CDHA), A. Montero,  Cl. Poli (FNR),  J.M. et A. Avelin (VERITAS)

Le ministre était accompagné de son Directeur de cabinet, M Maurice Brault, de son Chef de cabinet, M Guy  Bono, de sa Conseillère Rapatriés, Mme Kheira Drissi.

 
 
     

M K. Arif a ouvert la séance à 19h par une longue intervention, sur un ton calme et pondéré, commençant par former des vœux personnels à l’intention des participants et les remerciant d’avoir répondu à son invitation malgré le choix de la date. Il a insisté sur sa forte aspiration à l’apaisement des mémoires et son souci de voir aborder l’Histoire avec « prudence, respect et délicatesse », sachant combien les consciences sont sensibles et les douleurs diverses.

Il a ensuite abordé les questions d’actualité :

19 mars - Revenant sur le vote récent au Sénat, il a souligné qu’il ne s’agissait pas d’un projet de loi, mais de la reprise d’une proposition à l’initiative d’un groupe de sénateurs et a souhaité dissiper les rumeurs : la célébration du 5 décembre est maintenue par le gouvernement et la liste des noms des Victimes civiles figurant sur la colonne centrale du Mémorial, quai Branly, ne sera pas remise en cause.

Voyage présidentiel en Algérie

Le ministre a précisé qu’au cours de ce voyage, l’ouverture des archives demandée par l’Algérie n’a pas été accordée, que la proposition de se rendre à Sétif n’avait pas été retenue et qu’il n’y avait pas eu de repentance.
Liberté de circulation : la demande de réciprocité et de liberté de circulation pour les Harkis a été formulée fermement et la question des visas a été maintenue en l’état.

Cimetières : il a dit avoir visité le cimetière de Saint-Eugène dans ses trois composantes et avoir pu constater son parfait état d’entretien.

Disparus : cette question préoccupe le gouvernement et les contacts locaux n’y semblent pas hostiles ; il s’est déclaré très sensible à cette question.

Mission Interministérielle : il reconnait s’interroger sur la gestion du budget de 14 millions d’euros et sur la faiblesse de la part « Harkis » dans ces dépenses (800 000 €), il procède à une analyse plus fouillée ; il n’est pas question dans son esprit de suppression mais de redéfinition de ses missions.

Désendettement : il n’ignore pas les difficultés résiduelles de ce dossier, se déclare prêt à s’efforcer de le régler humainement mais ne pense pas opportun de recourir à de nouvelles dispositions législatives en ce domaine.

Harkis : Le « plan emploi » sera reconduit, passant de 3 à 5 ans ; il s’inquiète du non-respect de la règle de 6% dans les recrutements administratifs, surtout dans les fonctions territoriales. Il ne croit pas à des mesures de discrimination positive en la matière mais à l’utilisation des dispositifs généraux existants et notamment pour les enfants aux contrats de génération (il propose aux participants de lui soumettre des propositions nominatives). Il rappelle enfin le projet de réalisation de « chemins mémoriels » en cours, destiné à pérenniser le souvenir des « camps ».

Il conclut sur sa conviction personnelle de ne pas se définir comme « fils de » ou « petit-fils de » mais entend permettre à chacun de recouvrer la plénitude de la citoyenneté. Il sait que nous ne pouvons pas tout partager mais que l’échange et le dialogue restent possibles et essentiels. Il invite les participants à nouer le contact avec ses collaborateurs, craignant de ne pouvoir tenir un agenda subordonné aux contraintes lourdes de sa fonction.

Les participants sont ensuite invités à prendre la parole.

Les interventions porteront dans l’ordre des prises de parole notamment sur l’importance de la mémoire, de la conservation des archives et de leur ouverture réciproque, la situation du Président de la MIR et de l’Institution, l’effet déplorable des déclarations du Président de la République en Algérie et la colère soulevée au sein de notre Communauté par une «pseudo- vérité » assénée « sans prudence, respect et délicatesse » , la référence au 17 octobre 1961 (manifestation FLN en pleine guerre) et l’hommage attendu de la part du Président envers les Victimes civiles européennes et Harkies et notamment celles du 26 mars 1962, l’attente d’indemnisation juste conditionnant la réconciliation des mémoires, le Monument aux Morts symbolique, la valorisation de l’Armée d’Afrique, les problèmes posés par le règlement de l’endettement des Rapatriés et la protection du toit familial ; la nécessité impérieuse du maintien de l’ANIFOM, le respect des cimetières, en Algérie bien sûr mais aussi en France même (exemple de Pujol de Bosc).

Le ministre apportera quelques précisions complémentaires en réponse aux interventions successives :

Il déclarera ainsi notamment : que le Président de la MIR a été convié à la présente réunion mais est en congé à ce moment, que l’ANIFOM n’est pas formellement dissoute (les avis semblant quelque peu divergents au sein de son équipe) mais que selon lui ses missions sont achevées et que son personnel a en effet été réduit à sa plus simple expression, faute de missions nouvelles ; qu’il n’a pour sa part été chargé des Rapatriés que dans la lettre de mission du deuxième gouvernement Ayrault mais qu’il ne dispose à ce titre d’aucun moyen financier (et doit recourir au bon vouloir de ses collègues) ; concernant le voyage présidentiel, il estime que ses effets devront être appréciés sur le long terme ; Il est ouvert à la demande de reconstitution d’un monument aux Morts symbolique en remplacement de ceux abandonnés et détruits en Algérie, retient l’idée de stèle pour les rapatriés, comme il se déclare favorable à la valorisation de l’engagement des populations d’Afrique du Nord et notamment de l’Armée d’Afrique dans la libération de la Patrie. Il dit enfin s’interroger sur les travaux de la Fondation pour la Mémoire qui dispose d’un budget conséquent.

La séance est levée à 21h.

Yves .Sainsot


ADDITIF

   A l’issue de la réunion, nous avons pu remettre en mains propres au Ministre le texte
ci-après, accompagné d’un message adressé la veille par internet, dont vous trouverez ci-dessous l’essentiel
:

«  Ce texte, non diffusé à ce jour et destiné à la préparation de mon éditorial dans notre prochain journal « France-Horizon » en cours d’élaboration, traduit aussi fidèlement que possible les sentiments que m’ont inspirés les différentes déclarations publiques du Président touchant au passé de nos relations entre les deux peuples et à leur histoire commune.

Je renouvèle à cette occasion les regrets que j’ai exprimés à différentes reprises que les contraintes des agendas et peut-être une volonté délibérée n’aient pas permis au Président et à tout le moins à vous-même de nous rencontrer dans le cadre de la préparation pourtant minutieuse de ce voyage important. »


ASSOCIATION NATIONALE DES FRANÇAIS D’AFRIQUE DU NORD, D’OUTRE-MER ET LEURS AMIS
(A.N.F.A.N.O.M.A) 23 rue Poliveau 75005 Paris (Tél. 0145740991)
 
LES SOUFFRANCES INFLIGEES PAR LA COLONISATION
ET CELLES DE LA DECOLONISATION ?


Qu’à Paris, le Président de la République française ait reconnu la violence de la répression policière de la manifestation F.L.N., en pleine guerre, le 17 octobre 1961 était déjà grave et nous n’avons pas manqué de le dénoncer en son temps.

Qu’il ait choisi Alger

-        Pour dénoncer, devant les membres réunis des deux chambres du parlement réunis, la colonisation, ce « système profondément injuste, brutal et  destructeur» auquel la France aurait « soumis l’Algérie pendant 132 ans » et s’incliner devant « les souffrances infligées au peuple algérien » en insistant sur « les violences, les massacres et les tortures », est outrancier, réducteur et donc mensonger ;

-        Pour évoquer la répression du soulèvement du 8 mai 1945 en jugeant que par « les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata » la France aurait bafoué ses « valeurs universelles », oubliant sciemment la centaine de victimes, toutes innocentes et sacrifiées précisément ce jour-là par les rebelles et dans quelles conditions, insulte leur mémoire ;

-        Pour rendre un hommage public à Maurice Audin, ce jeune assistant à l’université d’Alger, membre du parti communiste algérien (P.C.A.) et militant indépendantiste actif, arrêté et disparu dans des conditions certes troubles et suspectes, est déplacé et provocateur.

Cette série de « reconnaissances », repentances et contritions déguisées, par leur déséquilibre même ne constitueront jamais le « socle de vérité » jugé indispensable à toute réconciliation avec l’ennemi d’hier. Ces déclarations sélectives et unilatérales, sans contrepartie,  cette réhabilitation d’un traître à sa Patrie en temps de guerre - affaire franco-française réglée dans la capitale algérienne (!) - ne visent qu’à légitimer les atrocités commises par le F.L.N. tout au long des huit années de guerre civile…

L’Histoire appartient aux historiens. Le Président de la République n’a pas cette compétence, il vient de le démontrer. Il n’a d’ailleurs pas été élu pour dire sa vérité mais pour diriger le pays et le faire respecter. Or, pour être respectable, une Nation doit-elle d’abord se respecter elle-même.

Quant à citer des faits, convient-il de les situer dans leur contexte, sans omission, commis de part et d’autre ! Nous savons bien alors de quel côté la balance penchera, sans hésitation… Nous, Français « rapatriés » ne craignons pas l’ouverture des archives, de toutes les archives et de chaque côté de la Méditerranée. Ce passé nous appartient, nous le connaissons hélas trop bien. Nous avons largement payé pour savoir !
Le Président Yves SAINSOT