Parce que "la mémoire ne peut demeurer en ruines", une centaine de pieds-noirs se rendent samedi 11 septembre 2004 en Algérie pour suivre la vaste opération de réhabilitation des cimetières de leurs parents, qui a débuté voici quelques mois.
 
 
 
Depuis Marseille, ils rallieront Alger pour se recueillir dans deux grands cimetières français, parmi les 523 recensés (soit 209.000 sépultures) à travers le pays par les autorités algériennes en février 2003. Le 16 septembre, via Nice, ils seront environ 300 à rejoindre Oran avec le même objectif.
"Nombre de cimetières sont en sale état. Non qu'ils aient été profanés, comme le croyaient à tort beaucoup de pieds-noirs, mais ils ont tout simplement été érodés depuis 1962", date de l'indépendance algérienne, explique
Pierre-Henri Pappalardo, président de l'association France-Maghreb.
A 55 ans, ce pied-noir, ancien industriel de Marseille, est l'un de ces acteurs de la société civile qui a pris au mot le discours du président français Jacques Chirac, lorsque celui-ci, en mars 2003 à Alger, avait annoncé avec son homologue Abdelaziz Bouteflika un "plan d'action et de coopération relatif aux sépultures civiles en Algérie".
Depuis, le ministère français des Affaires étrangères a lancé un appel de fonds vers les collectivités territoriales. Objectif: accélérer la réhabilitation des cimetières, en soutien bien sûr du travail d'entretien effectué de longue date par les autorités algériennes (responsables des parties communes).
C'est en février 2004, de retour d'Alger où une restauration de cimetière est lancée à l'initiative de la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur (où vivent 400.000 pieds-noirs), que M. Pappalardo crée cette association avec son ami Philippe Arcamone. Elle doit devenir fondation en 2005.
"Nous voulons retisser les liens entre les deux rives. Les regards changent, l'histoire ne se limite pas à la période
1958-62. Si les pieds-noirs acceptent que les biens matériels abandonnés soient en ruine, les cimetières, c'est-à-dire la mémoire, ne peuvent l'être à leurs yeux", assure-t-il. Cette longue étape franchie, la future fondation veut aussi créer à Marseille un lieu d'échanges culturels et économiques entre les deux communautés.
En attendant, avec une mise de fonds de 400.000 euros des membres bienfaiteurs, France-Maghreb finance notamment une petite équipe de terrassiers en Algérie. Le 1er septembre a été lancé un chantier à Béjaïa. Trois autres à Alger doivent suivre. Selon l'association, le montant total des réhabilitations s'élèverait à 6 millions d'euros sur 5 ans.
La fondation, qui sensibilise les familles et diffuse l'information va "dans le bon sens", se félicite-t-on au Quai d'Orsay, qui fédère le plan d'action avec l'ambassade et les consulats sur place.
Des pieds-noirs d'Alger sur les tombes de leurs parents.

Une centaine de pieds-noirs, ont rendu hommage le dimanche 12 septembre 2004 à la mémoire de leurs parents dans un cimetière réhabilité d'Alger, qu'ils n'avaient pas revu depuis 1962.
Partis de Marseille le samedi 11 septembre 2004, ce groupe qui doit rester à Alger jusqu'àu mercredi 15 septembre 2004, a visité le cimetière du quartier de Maison carrée, où sont enterrés près de 2.000 Français.
Les sépultures ont été restaurées entre mars 2003 et mars 2004 grâce principalement au financement de la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur (PACA), où vivent environ 400.000 pieds-noirs, et de l'association française de sauvegarde des cimetières algériens (ASCA).
"Grâce à des actions de ce type, l'image des cimetières chrétiens d'Algérie diffère de celle véhiculée voici quelques années, quand on les disait rasés ou profanés", a déclaré le consul général adjoint de France, Gérard Ménard, lors d'une cérémonie.
Depuis la visite de Jacques Chirac à Alger en novembre 2003, un plan dit "d'action et de coopération relatif aux sépultures civiles en Algérie" a été lancé, visant à restaurer de nombreux cimetières français insuffisamment entretenus et victimes d'érosion.
"C'est un travail de longue haleine, qui demande beaucoup de respect et de détermination", selon Philippe Arcamone, co-fondateur de l'association marseillaise France-Maghreb, dont l'action première vise à cette réhabilitation, qu'elle chiffre à 6 millions d'euros sur cinq ans.
Accompagnant ce voyage organisé par une amicale de pieds-noirs de l'ancien quartier de Maison carrée, cette future fondation espère sensibiliser les rapatriés à la nécessité de co-financer eux-mêmes ces opérations.
Dimanche, la centaine de pieds-noirs a aussi été accueillie par l'ancien prêtre du quartier, Denis Gonzalez, qui leur a tenu un discours d'apaisement. "On ne peut pas toujours regarder dans le rétroviseur, il faut certes rester fidèle à ses souvenirs. Dites ce que vous voulez en France sur les histoires de voile ici, mais ce pays vit d'importantes mutations, les Algériens sont un peuple qui monte", a-t-il dit.
Les retours groupés de pieds-noirs en Algérie se sont accélérés depuis deux ans. Dimanche, plusieurs scènes émouvantes de retrouvailles avec d'anciens amis et connaissances ont eu lieu, 42 ans après.
LES ASSOCIATIONS
ALGER
In Memoriam : L'association In Memoriam Alger a pour objectif de veiller sur les sépultures civiles française de la circonscription consulaire d'Alger et de servir de relais aux familles désirant entretenir les caveaux familiaux.
Le montant de la cotisation pour 2003 est de 300 DA.
Adhésions : M. KHITMANE ( Tel. 071.11.34.70)
ORAN
In Memoriam
: Contact : M. Jean DONET Président Tel . 041.40.40.48
ASCA
Association pour la sauvegarde des Cimetières en Algerie

ASCA : Contact : M. Roger LATAPIE
226 B, avenue de la Lanterne
06200 NICE
Tél : 04.93.18.85.58
Fax : 04.93.71.00.
ASCFA
Association pour la sauvegarde des Cimetières Français en Algerie

ASCFA : Contact : M. Jacques CAVANNA
39, Boulevard du jeu de Paume
34000 MONTPELLIER
Tél : 04.67.66.10.61
Fax : 04.67.60.40.47