Entretien des tombes en Algérie l'association France - Maghreb poursuivie
 
 
         
 
 
 

La justice devrait se pencher sur le cas de l'Association France-Maghreb, créée pour contribuer à l'entretien des tombes de Français en Algérie. Selon nos informations, le président du conseil régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur, Michel Vauzelle, a en effet décidé jeudi de saisir le procureur de la République de Marseille, Jacques Dallest, afin de « contrôler l'utilisation des fonds publics » qui lui ont été versés.
Le conseiller régional Stéphane Durbec (sans étiquette) avait attiré son attention sur les possibles malversations de cette association. Dans une lettre qui lui est adressée, Michel Vauzelle l'informe qu'il a saisi l'inspection générale des services administratifs de la région et qu'il a transmis au parquet le rapport de l'inspecteur général Robert Chauvin.

62 cimetières, 4 000 sépultures de Français d'Algérie
L'inspection générale des services administratifs de la région Paca épluche depuis plusieurs mois les comptes de l'association, dont le nom complet est « Association de préfiguration pour la constitution de la fondation France-Maghreb » et dont l'objet est de « soutenir et promouvoir des actions visant à la restauration des cimetières français de la rive sud de la Méditerranée, et en particulier en Algérie, afin de contribuer au travail de mémoire et de deuil des Français d'Algérie ».

62 petits cimetières sur un total de 523 et près de 40 00 tombes endommagées ou vandalisées, sur un total de 210 000 sépultures de Français d'Algérie, sont concernés.

Les contrôleurs du conseil régional soupçonnent les responsables de l'association, qui ont perçu 307 000 euros de subventions en cinq ans, d'avoir utilisé l'argent à d'autres fins que celles que se propose France-Maghreb.

C'est le patron d'une entreprise d'Alger, dont la facture de restauration de plusieurs tombes n'a jamais été honorée, qui a provoqué le déclenchement de l'enquête. Il s'est étonné :

« On m'a seulement donné une boîte de chocolats en guise de dédommagement. »

Alerté, lui, par le conservateur d'un cimetière d'Alger, Stéphane Durbec a demandé à Michel Vauzelle de « clarifier la situation ». Il a également informé de sa démarche le juge Franck Landou, qui instruit déjà l'affaire des subventions octroyées aux associations bidons des XIIIe et XIVe arrondissements de Marseille ayant permis à la député Sylvie Andrieux (PS) d'accroître sensiblement sa clientèle électorale dans les quartiers sensibles.

« Je n'ai pas mis un centime dans ma poche »

France-Maghreb a été subventionnée, entre autres, depuis sa création en 2004 par diverses subventions :

•du conseil général des Hautes-Alpes (100 000 euros) ;
•du conseil général des Alpes-Maritimes (100 000 euros) ;
•du conseil régional Paca (107 000 euros).
Plusieurs délégations se sont rendues en grande pompe à Alger pour constater l'avancement des travaux, tant et si bien que le président de France-Maghreb, Pierre-Henri Pappalardo, ne comprend pas qu'on cherche des poux :

« Je suis blanc-bleu. J'ai toutes les factures, tous les devis, nous avons entièrement restauré les cimetières français qui étaient dans un état pitoyable. Non seulement je n'ai pas mis un centime dans ma poche, mais j'ai dû aller supplier le conseil régional de régler les subventions qu'il avait votées… »

Une version que tous ne partagent pas à l'inspection générale des services administratifs du conseil régional. Un des contrôleurs déclare :

« C'est faux. On avait tout liquidé en 2005 sur le vu de pièces justificatives falsifiées. On a mis six mois pour le débusquer. »

Une « cabale » selon l'association

Les contrôleurs soupçonnent Pappalardo d'avoir fait donner ici et là « un coup de badigeon » et un « désherbage sommaire » pour donner à penser que les cimetières étaient restaurés.

Pierre-Henri Pappalardo réfute les soupçons d'utilisation de cet argent pour la rénovation de la villa de sa fille, où l'association est domiciliée :

« Je n'y ai aménagé qu'une pièce avec un
ordinateur pour abriter la fondation France-Maghreb. »

Selon lui, toutes ces histoires ne sont qu'une cabale, orchestrée par un autre membre éminent de l'association, directeur adjoint de la campagne de Michel Vauzelle lors des dernières élections régionales, qui aurait guigné en vain sa place.

Par Jacques Davignac. | journaliste | 25/11/2010 |
Source : http://www.rue89.com/marseille/2010/11/25/les-tombes-de-france-maghreb-entre-les-mains-de-la-justice-177765#commentaires

 

 

 

 

 

 

 

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