Une journée d'information sur les cimetières d'Oranie CSCO
(Collectif de sauvegarde des cimetières d'Oranie)
 
   
         

Ils sont nombreux, comme Jean-Pierre Vicente, à avoir dû abandonner l'Algérie, et à y laisser les êtres chers disparus, inhumés dans les cimetières chrétiens.
Une souffrance de plus, d'autant que les années passant, ces cimetières se sont retrouvés dans un état pitoyable.
Non seulement par manque d'entretien, mais par suite de destructions volontaires. C'est ainsi qu'en 2004, au cours d'un voyage organisé en Algérie, un groupe de Pieds-Noirs a voulu revoir les cimetières où reposaient leurs ancêtres.

 

Un collectif de sauvegarde


Le spectacle est terrible, comme en attestent les photos prises sur les lieux : tombes éventrées, caveaux démontés pierre à pierre, cercueils ouverts. Au cimetière de Sidi Bel Abbès, des ordures sont déversées au milieu des pierres tombales fracassées ; à Castiglione, ce sont des rangs bien ordonnés de tomates qui occupent les anciennes allées du cimetière ; à Mostaganem, la friche a tout envahi ; toutes les croix du cimetière militaire du Mers El Kebir sont brisées.
C'est cette désolation qui a déterminé la constitution du CSCO (Collectif de sauvegarde des cimetières d'Oranie) qui possède des délégations à Nîmes, Aix-en-Provence, Marseille, Nice, et maintenant Perpignan. C'est ce collectif, localement présidé par Jean-Pierre Vicente, qui tiendra une réunion d'information, avec exposition de photos et projection de vidéos, le 22 octobre, à la salle des Libertés (3, rue Bartissol).
M. Vicente sera accompagné d'Antoine Candela, président national du CSCO, et de Suzy Simon-Nicaise, adjointe au maire déléguée aux associations.
"Nous avons déjà écrit à de nombreuses personnalités pour attirer leur attention sur l'état de nos cimetières, mais nous n'obtenons pas beaucoup de réponses positives. Il y a pourtant des victimes de guerre enterrées là-bas, mes propres grands-pères ont tous les deux fait la guerre de 1914-1918. C'est un cri de désespoir que nous lançons à l'intention des médias et des élus", plaide M. Vicente. Et d'ajouter : "C'est la mémoire de nos morts que nous voulons voir respecter. Ces dégradations sont intolérables, comment devons-nous réagir quand nous voyons des tas d'ossements jetés dans un coin ?".


Regroupements de corps


Le CSCO, malgré la modestie de ses moyens, a entrepris un important travail. Avec l'autorisation du consul de France à Oran, M. Soriano, et l'autorisation des autorités locales qui "se montrent souvent compréhensives" souligne M. Vicente, le Collectif a commencé à faire effectuer des regroupements de corps, notamment à Oran. Les ossements sont recueillis, placés dans des caisses en bois, et une nouvelle fois inhumés dans un tombeau cimenté (chacun contenant environ 250 corps), sur lequel se trouvent inscrits les carrés du cimetière où se trouvaient les corps. Parallèlement, deux membres du CSCO ont passé leurs vacances à  microfilmer les registres des cimetières encore existants, de façon à pouvoir redonner une identité aux ossements. Mais tout cela coûte cher. Pour regrouper ainsi les morts des 137 cimetières d'Oranie, il faudrait compter 2 millions d'euros.
Le CSCO a fait l'objet de gestes généreux : la région PACA (20 000 euros), la ville de Nîmes (10 000 euros), celle de Bordeaux (6 000 euros), mais qui ne suffisent pas. Jean-Pierre Vicente espère que la journée de sensibilisation du 22 octobre portera aussi ses fruits dans notre département, terre d'accueil de beaucoup de Pieds-Noirs.

 
Source : http://www.lindependant.fr/2011/10/16/journee-d-information-pour-les-cimetieres-d-oranie,72971.php