Les Français d'Algérie du Vaucluse demandent à ce que l’État français participe financièrement au rapatriement des corps des français enterrés en Algérie.
         
   

Il y a deux semaines, un arrêté pris le 23 juin par le ministre des Affaires étrangères et européennes a été publié au Journal officiel. Un arrêté parmi d’autres ? Pas vraiment, car il concerne un sujet sensible : celui des cimetières français civils en Algérie. Autant dire les corps des familles françaises qui, contraintes et forcées, ont regagné l’hexagone en 1962. Ces pieds-noirs sont revenus sans leurs morts.


17 000 Français d'Algérie dans le Vaucluse


Actuellement, et depuis 49 ans, les cimetières où reposent ces défunts sont souvent laissés à l’abandon. Et parfois même des sépultures ont été détériorées. Au moment ou au lendemain de la guerre, des événements préfèrent dire certains, et même plus tard.
Alors que la France compterait 1,5 million de pieds-noirs, dont 17 000 sont installés dans le Vaucluse, on ignore combien d’entre eux ont encore des parents ou des grands-parents enterrés de l’autre côté de la Méditerranée.

 
   
 

Toujours est-il que les sépultures civiles de 135 petits cimetières français en Algérie vont être regroupées dans 22 cimetières de grandes villes. C’est le Président Chirac qui avait initié ce processus en 2003.

Mais cet arrêté ministériel offre également aux familles de pouvoir rapatrier leurs morts en France. Celles qui souhaitent le faire ont quatre mois pour se manifester auprès des autorités françaises en Algérie. Sauf que le coût financier du retour des corps sera à leur charge. Et c’est là que le bât blesse.

Josette Goilliot-Xicluna, présidente de la section vauclusienne de l’Association nationale des Français d’Afrique du Nord, d’Outre-Mer et de leurs Amis (Anfanoma) a plusieurs proches enterrés au cimetière El Biar d’Alger : son père, son petit frère, et son grand-père. Des corps que cette rapatriée née à Alger en 1946 ne fera pas venir en France : « C’est une bonne initiative, et j’aimerais pouvoir mettre une fleur sur la tombe de mon père, mais je n’ai pas les moyens. Plutôt que de donner de l’argent à l’Algérie pour entretenir les cimetières français, la France ferait mieux de financer le retour des corps, même en demandant une participation aux familles. Il faut savoir que parmi ces morts, il y a des soldats français qui ont fait 14-18 et 39-45. » « Je veux être enterré en Algérie »

Aimé Gallo *, élu avignonnais et surtout pied-noir grand teint qui a vu le jour il y a 71 ans à Bône (Annaba aujourd’hui), accueille également cette information avec intérêt. Avec cependant toujours la même réserve : « C’est très bien, mais il faut que la France nous aide. »
Aimé Gallo, au-delà des rancœurs accumulées contre les acteurs de ce morceau d’Histoire de France, se sent très directement concerné par cette affaire de cimetières : « Depuis 2004, je vais chaque année en Algérie, où je retrouve des Algériens qui étaient mes copains d’école. J’ai tiré un trait sur la guerre, quand on voit tous les militaires qui ont été tués là-bas et qui ne savaient même pas pourquoi il y allaient… Tout ça n’a servi à rien.
Mais je veux dire que le peuple algérien est un peuple sensationnel et l’Algérie est mon pays. C’est pourquoi, je veux être enterré en Algérie. »
Source : rédaction du DL le 16/07/2011

 
* Aimé GALLO : Conseiller municipal UMP de la ville d'Avignon, avec délégation des Français Rapatriés d'Algérie.