Concert à Notre Dame d'Afrique à Alger pour fêter l'indépendance le jour du 53e anniversaire du massacre du 5 juillet 1962 à Oran .

 

Concert, le 5 juillet 2015 le soir, à la basilique Notre-Dame d’Afrique de Saint Eugène, du chanteur Farid Khodja.

Accompagné de Sid Ahmed Dibono au piano, Rabah Azoug à la flûte, Chemsdine Miri au banjo, Abdelhadi Boukoura et Redha Tabti au violon, Djihad Labri au kanoun, Farid Hamache au luth, Rachid Eroukma à la derbouka, Rachid Aït Idir au tambourin.
Le projet d’animer un concert à la basilique est né depuis quelques mois. «Lors d’un déjeuner avec Mgr Teissier, nous avons parlé de l’idée d’organiser un concert. On avait le choix entre deux endroits, la bibliothèque catholique ou à ND Afrique.
Avec l’aide de Zenouba Baba Moussa, le choix s’est porté sur la basilique.


«Et animer un concert le soir d’un 5 Juillet est hautement symbolique. C’est un beau geste de l’équipe de Notre-Dame d’Afrique au peuple algérien», a soutenu Farid Khodja.


Père Marcello Aldo Giannasi, recteur de la basilique, a estimé que le choix de la date du concert était une manière de fêter «l’anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, la liberté retrouvée et l’unité du pays». «Le Vatican a envoyé, au nom de l’Eglise catholique, un message aux musulmans, hommes et femmes du monde, pour leur dire que le chrétiens sont de cœur et de prière avec eux en ce mois sacré du Ramadhan ».
«C’était donc pour marquer cela que nous avons organisé ce concert», a estimé le Père  Marcello Aldo Giannasi
Le récital andalou de Farid Khodja entre dans le cadre d’un programme régulier initié par la Basilique Notre Dame d’Afrique dans le but de "renforcer les échanges inter-culturels et religieux", a expliqué le Recteur de la Basilique Notre Dame d’Afrique Marcello Aldo Giannasi. 
BEO Story

         


Père Marcello Aldo Giannasi

 

Initiative surprenante - mais rien ne devrait plus nous étonner - la basilique accueillait Farid Khodja pour un concert en cette soirée anniversaire, fête de l’indépendance. La date n’est pas fortuite, commentait la presse algérienne, rapportant les propos de l’équipe d’animation de la Basilique « C’est un hommage au peuple algérien à l’occasion de cette symbolique journée et un geste d’amitié à nos frères de l’islam en ce mois sacré du Ramadhan».

«Chanter de l’arabo-andalou dans une basilique est de nature à nous réconcilier avec nous-mêmes et nous réconcilier avec les autres religions. C’est une forme de dialogue.

Nous avons besoin de cette tolérance pour pouvoir appréhender le futur. Nous vivons dans un monde où l’intolérance est reine. On veut qu ’à travers la musique on arrive à apaiser les esprits et installer un dialogue», a déclaré l’artiste algérien à la fin du spectacle, avant d’ajouter Le projet d’animer un concert à la basilique est né depuis quelques mois. «Lors d’un déjeuner avec Mgr Teissier, nous avons parlé de l’idée d’organiser un concert. On avait le choix entre deux endroits, la bibliothèque catholique ou ici. Avec l’aide de Zenouba Baba Moussa, le choix s’est porté sur la basilique. Et animer un concert le soir d’un 5 Juillet est hautement symbolique. C’est un beau geste de l’équipe de Notre-Dame d’Afrique au peuple algérien».

   
 
   

Père Marcello Aldo Giannasi, recteur de la basilique, a estimé quant à lui que le choix de la date du concert était une manière de fêter «l’anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, la liberté retrouvée et l’unité du pays». «Le Vatican a envoyé, au nom de l’Eglise catholique, un message aux musulmans, hommes et femmes du monde, pour leur dire que le chrétiens sont de cœur et de prière avec eux en ce mois sacré du Ramadhan. »

Tout cela serait fort beau, frappé du sceau de l’angélisme, si cette indépendance « retrouvée » ( !) n’avait baigné dans le sang des Français d’Algérie, coulant à flots, en cette journée maudite.

Nos Lecteurs trouveront ci-après la lettre ouverte que l’ANFANOMA a adressée au Père Marcello Aldo Giannasi, recteur de la basilique dès qu’elle a eu connaissance de cette forme de profanation.

 

Recteur de la Basilique NOTRE-DAME D’AFRIQUE A ALGER
Monsieur l'Abbé,


Nous apprenons que vous avez ouvert les portes de la Basilique si chère à notre cœur de Français « Rapatriés » pour accueillir un concert de musique andalouse donné par M Farid Khodja, spécialiste reconnu venu de Blida pour l’occasion. Nous n’ignorons pas la difficulté de votre mission et sommes très conscients du mérite qui est le vôtre de maintenir une présence chrétienne en terre très majoritairement devenue musulmane. Mais présence n’est pas synonyme de compromission.

Nous n’aurions pas eu de commentaire particulier sur cette initiative d’ouverture devenue de règle dans notre Eglise, si la date choisie n’avait été celle du 5 juillet dernier.

Anniversaire de liesse pour la population devenue algérienne ce jour-là, en 1962... rappelant à s’y méprendre le déferlement de la foule venue de la Casbah sur le Forum d’Alger quatre ans plus tôt, le 13 mai 1958, toujours gravé dans notre mémoire de Français d’Algérie. Phénomène bien connu de versatilité des foules. ..

Anniversaire d’horreur pour nous, chassés d’une terre qui était aussi la nôtre, livrés sans protection à la vindicte générale et contraints à un exode de masse qui nous a tous marqués, au fer rouge.

Il est possible, bien que peu vraisemblable, que vous ignoriez les détails des massacres qui ont ensanglanté Oran et sa région le 5 juillet 1962. Sachez combien nous voudrions le croire, très sincèrement.

Il serait en tout cas grand temps que vous vous informiez du déferlement de passions, de haine et de cruauté qui, à cette date précise s’est emparé d’une populace déchainée et avide de sang.

La chasse à l’Européen a été ouverte au faciès et a duré des heures avant que l’armée française, consignée dans ses cantonnements ne se décide à intervenir.

Des centaines et des centaines de personnes ont été massacrées ou, pire encore, enlevées et ont disparu à jamais. Chacun de nous prie encore aujourd’hui pour que leur mort ait été la plus rapide possible. Vous comprendrez dans ces conditions combien votre décision, assortie des commentaires qui vous ont été prêtés par la presse algérienne, pour qui vous auriez « estimé que le choix de la date du concert était une manière de fêter «l’anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, la liberté retrouvée et l’unité du pays» a pu nous heurter. Que vous l’ayez voulu ou non, vous avez réveillé en nous des réactions de colère légitime car jamais, aucun de ces criminels n’a demandé pardon pour les abominations commises ce jour noir.

Notre Basilique, édifiée par nos aïeux, et dont nous gardons le souvenir pieux au fond de notre cœur, ne méritait pas cet affront.

Et, malgré tout le respect que nous devons à votre fonction, nous avons le devoir de vous demander de prier pour obtenir le pardon de nos Martyres dont la mémoire a été ainsi offensée.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur l’Abbé, l’expression de notre fidélité à nos Morts qui n’ont pas trouvé de sépulture ou dont le repos est hélas trop souvent troublé sur cette terre devenue hélas impie, du moins dans ce domaine particulier.

En union de prière
La Vice-Présidente de l’ANFANOMA Nicole Ferrandis
Le Président de l’ANFANOMA Yves Sainsot

 

Sa Sainteté le Pape François Palais Apostolique 00120 CITE DU VATICAN

Votre Sainteté,


Le 5 juillet dernier, le Recteur de la Basilique Notre-Dame d’Afrique à Alger accueillait un concert de musique arabo-andalouse. Rien de cela ne nous aurait choqué, nous Français rapatriés d’Algérie, si le choix « non innocent » de la date du 5 juillet n’avait été selon les déclarations mêmes du Père Aldo, de l’équipe d’animation et du musicien lui-même, « en hommage à la liberté retrouvée » du peuple algérien.
Il se trouve en effet que ce même 5 juillet 1962 l’un des drames les plus atroces de cette fin de guerre d’Algérie ensanglantait les trottoirs d’Oran dans une chasse à l’homme au faciès européen, causant environ 800 morts ou pire encore « Disparus », assassinés dans des conditions abominables.

La démarche en cause intervient à un moment où les Chrétiens connaissent le sort qui vous préoccupe légitimement en terre d’Islam, nous le savons, et où, en Algérie même, l’enquête civile sur le massacre des Moines de Tibéhirine rencontre les obstacles et atermoiements que nous connaissons de la part des Autorités à Alger.

Nous vous prions humblement de bien vouloir trouver ci-joint copie du courrier que nous venons de faire parvenir au Père Marcello Aldo Giannasi, recteur de cette a Basilique qui fut nôtre très longtemps.

Avec l’expression de nos respectueux hommages et en Union de Prière


P. J. Lettre au Père Marcello Aldo Giannasi,
Yves Sainsot,



Association Nationale des Français d’Afrique du Nord, d’Outre-Mer et de leurs Amis 23, rue Poliveau - 75005 PARIS - Tél. 01 45 74 09 91 - courriel : anfanoma@anfanoma.com

Association déclarée au J.O. le 4.11.56 page 10.556