Grande ferveur au 49e pèlerinage à Notre-Dame de Santa-Cruz à Nîmes

 
   
Comme à ses plus beaux jours, la foule était bien présente à ce 49e pèlerinage de la fête de l'Ascension au Sanctuaire de Notre-Dame-de-Santa-Cruz, au quartier du Mas de Mingue à Nîmes. "J'étais venu il y a un peu plus de trente ans à ce rendez-vous. Malgré les années passées depuis notre triste période de 1962, je constate que la ferveur est restée la même, associée à la chaleur et l'enthousiasme de ces retrouvailles extraordinaires. On retrouve ses racines", lance Alain Sanchez venu des Bouches-du-Rhône.
Si la première partie du quartier est occupée par un aspect mercantile, en revanche la seconde est consacrée aux souvenirs et lieux de rendez-vous. À cet effet, de nombreuses banderoles indiquent des coins familiers de l'Oranie : Sidi-Bel-Abbès, Béni Saf, Sainte Barbe du Tlélat, même des quartiers d'Oran tel Saint Pierre.
Des photos de classe, sont même affichées sur des panneaux. Comme chaque année, l'Espace Paulhan, accueillait des écrivains ou des associations comme le Comité de Sauvegarde des Cimetières de l’Oranie, lequel tenait une large place pour informer les visiteurs sur les actions menées. Le temps d'une journée Nîmes devenait la capitale de l'Oranie.
La procession mariale grand moment de ferveur de la journée était rehaussée par la présidence de Monseigneur Pierre-Marie Carré, Archevêque de Montpellier accompagné de monseigneur Robert Wattbled Évêque de Nîmes et suivi d'une multitude de prêtres.
Le Cercle Andalou de Frontignan ajoutait une contribution tout en couleur par l'interprétation en chants en langue espagnole, à l'occasion de la Grand’messe laquelle suivait la procession. "C'est la première fois que je participe à ce rendez de vous.
J’ai été très sensible à cette joie et cette ferveur portée par la foule venue rendre grâce à Notre-Dame", souligne avec une grande simplicité l'Archevêque. Michel Perez président de l'association des "amis de N.D de Santa Cruz", organisatrice de l'événement était absolument ravi. "
C'est une journée exceptionnelle d'émotion, de ferveur, d'amitié. Plus vingt-cinq mille pèlerins étaient présents.
C'est très encourageant pour la suite du vécu du Sanctuaire", conclut-il.
José Bueno - La Provence
 
       
Comme chaque année, le temps de la ferveur partagée, de la prière pour certains et des retrouvailles aussi.
Jeudi, 29 mai 2014 à Nîmes, le pèlerinage de Santa Cruz a fait le plein de participants et de nostalgie.
Comme tous les ans pour l’Ascension, le Mas de Mingue est redevenu, jeudi, la capitale des pieds-noirs d’Oran, "enfants du soleil, enfants de là-bas".
Ils sont venus par milliers, peut-être 20 000 de toute la France, pour se revoir et s’embrasser à grandes démonstrations de joie, déguster la rate farcie, mélange épicé d’agneau, de porc et de bœuf, sacrifier à la mouna, aux merguez, à la paella et au couscous, leurs plats nationaux et finir par des pâtisseries d’amandes et de miel.

Forum des associations

Le temps du pèlerinage, pour aider aux retrouvailles, la cité s’est enrichie de nouveaux lieux : Cité Petit, Jean-Mermoz, Saint-Lucien, Saint- Cloud, Plateau Saint-Michel, Sidi Bel Abbès, place Hoche... Il y avait aussi, au forum des associations, plusieurs auteurs qui dédicaçaient leurs ouvrages, le Collectif de sauvegarde des cimetières d’Oranie, qui veille toujours au grain, des livres d’histoire et de recettes (Les saveurs de nos racines), des discussions désenchantées et, surgissant de tous côtés, l’accent qui se perd.

Une marrée humaine

Il y avait aussi, le matin, une radio et TV pieds-noirs et harkis, qui se plaint de n’être pas assez soutenue par la communauté, et des chanteurs. La procession, de l’église au sanctuaire, a débuté à 14 h 30 précises, une marée humaine récitant le Notre Père et le Je vous salue Marie, l’archevêque de Montpellier et sa crosse, le sanctuaire déjà envahi pour l’office de plein air avant même que n’y parvienne le cortège accompagnant la vierge chérie hissée sur un lit de fleurs, les gens se levant et s’inclinant sur son passage, les cloches à toutes volées à son arrivée, puis la chorale andalouse en costume interprétant un thème un peu nostalgique le temps que tous prennent place pour rendre grâce.
 
       
 
 
 

Ils seront des milliers ce jeudi au Mas de Mingue à Nîmes.

Sur les hauteurs du Mas de Mingue, le rituel va se répéter, dans la dévotion silencieuse comme dans les embrassades hautes en couleur. En convergeant, chaque jeudi de l'Ascension, au pèlerinage de Santa Cruz, des milliers de pieds-noirs célèbrent autant le culte à la Vierge, qu'ils louent d'avoir sauvé Oran du choléra en 1849, que le bonheur de se revoir, parfois après des années sans nouvelles les uns des autres. D'un côté, les messes et le recueillement, de l'autre, la joie démonstrative et les repas tirés du sac ou achetés sur place.

Une affluence en baisse

"Dans les années quatre-vingt-dix, il y avait même un podium où l'on faisait des appels au micro pour que les personnes qui s'étaient perdues de vue puissent se retrouver", se souvient Michel Pérez, président de l'association nationale Les Amis de Notre-Dame de Santa-Cruz. Aujourd'hui, l'affluence fléchit à ce rassemblement qui fut, un temps, l'un des plus importants pèlerinages de France. "Jusqu'à 120 000 personnes pouvaient passer sur la journée", assure Michel Pérez.

"Ô Vierge immaculée, Oranie aimée"


Michel Perez président de l'association nationale
Les Amis de Notre-Dame de Santa-Cruz
   

Malgré tout, les habitudes perdurent. Cette année encore, on commencera par aller prier dans la chapelle, devant la Vierge achetée en 1949 pour le centenaire du miracle d'Oran et rapportée en France. Puis, on descendra la statue jusqu'à l'église Notre-Dame de la Consolation, pour remonter ensuite en procession jusqu'au sanctuaire, derrière les porteurs organisés en relais, par équipes de quatre. Sans déroger davantage, on entonnera en chœur "Ô Vierge immaculée, Oranie aimée", avant de partager, sans doute, des montecaos, une mouna ou la calentica, préparés à la maison.

"La Vierge de Santa Cruz aurait mis fin à l'épidémie de choléra en faisant tomber la pluie" Michel Pérez

Ça se passe comme ça, depuis qu'a été édifié, dans les années soixante, ce lieu aménagé dans une ancienne carrière, en surplomb du quartier où s'étaient installés de nombreux rapatriés à leur arrivée en France. Le père Hébrard, proche de la communauté, connaissait le propriétaire des lieux qui fit don du terrain pour le franc symbolique. Depuis, des pieds-noirs de toute la France viennent sur cette colline de Nîmes rendre grâce à leur sainte patronne. "La Vierge de Santa Cruz aurait mis fin à l'épidémie de choléra en faisant tomber la pluie sur Oran et souvent, lors du pèlerinage au sanctuaire, la journée est ponctuée d'une averse", note Michel Pérez.

Le souvenir du sol, présent jusque dans la liturgie

Cette année, pas de gouttes en vue sur le sanctuaire nîmois, mais la ferveur pour la Vierge protectrice ne prendra pas l'eau pour autant. "Aujourd'hui encore, nous confions à Notre-Dame de Santa-Cruz tous nos problèmes", confie le président de l'association. Et près de la grotte qui lui est dédiée, des plaques gravées de messages de gratitude, continuent à s'aligner, veillées par des lumignons.

Alors, une fois encore, en ce jeudi de l'Ascension, on célébrera la messe sur l'autel en marbre offert par un village algérien, tout près d'un carillon baptisé à Oran en 1959, puis rapatrié en terre gardoise. Le souvenir du sol, présent jusque dans la liturgie.

 
   

Sources :
- La provence José Bueno
- Midi Libre Christine Palasz
- Midi Libre Philippe Berjaud