Maryse Joissains : “La France était une bonne chose en Algérie”

 
 

Elle a participé le 2 juin 2013, avec d’autres élus, à l’inauguration d’une stèle à la Maison des rapatriés aixoise, érigée en l’honneur des « martyrs » qui ont défendu l’Algérie française. Si le mot OAS n’a pas été prononcé, il était dans tous les esprits.

Le 7 juin 1962, Albert Dovecar et Claude Piegts, membres de l’Organisation armée secrète (OAS), accusés d’avoir participé à l’assassinat du commissaire Roger Gavoury, à Alger, sont exécutés. Le 7 juin 2013, à Aix, une plaque est dévoilée devant les représentants d’associations de rapatriés et d’élus, à la Maison Maréchal Juin : à proximité d’une stèle rendant hommage « aux martyrs, aux résistants, aux harkis, aux patriotes et aux disparus », une plaque de bronze qui représente un militaire fauché par un peloton d’exécution.

 
Découverte de la stèle par Mr René Andrès,
Madame Maryse Joissain Masini et Monsieur Jean-François Picheral
   

Plus bas est martelé le message suivant : « Aux fusillés, aux combattants pour que vive l’Algérie française ». Pas de hasard dans la date : René Andrès, président du Collectif aixois des rapatriés, qui dirige la Maison Maréchal Juin qui accueille plusieurs associations, le reconnaît sans ambages : il faut honorer la mémoire de ceux « qui ont payé pour s’être opposés à l’abandon de l’Algérie, terre française ». D’O.A.S. on ne parlera pas durant les discours, et le sigle ne figure pas sur le monument – comme ce fut le cas de celui de Marignane : une stèle aux nombreuses tribulations politico-judiciaires...


« Ceux qui veulent falsifier l’histoire »


Reste que le maire de cette ville, Eric le Dissès, était présent, hier a Aix. Parmi d’autres élus UMP, comme le député Christian Kert, les conseillers généraux Bruno Genzana et Jean-Pierre Bouvet ou encore Jean Chorro.
Des élus remerciés par René Andrès durant son allocution, à commencer par Jean-François Picheral, ancien maire PS d’Aix qui avait soutenu la création de la Maison Maréchal Juin. René Andrès qui insistait : « Soyons courageux et patients. La vérité remportera sur le mensonge que nos détracteurs ont toujours entretenu. Viendra le jour où l’on reconnaîtra la légitimité de nos revendications. Toujours avec la même haine, le ton méprisant, on nous taxe de nostalgiques de l’Algérie française. Est-ce que la Shoah ou le wagon des Milles sont de la nostalgie ? Est-ce que le génocide d’un million et demi de nos amis Arméniens, c’est de la nostalgie ? »

Gérard Bramoullé, adjoint et délégué aux rapatriés. reprenait le flambeau, évoquant « une barbarie franco-française », rendant hommage à ce « monument (qui) nous rappelle qu’il y a une vérité historique, malgré ceux qui veulent falsifier l’histoire » et remerciant « le maire de Marignane qui a fait partie de ceux qui ont ouvert la voie pour que les monuments de ce type puissent se diffuser partout en France ». Gérard Bramoullé saluait au passage l’Adimad (Amicale pour la défense des intérêts moraux et matériels des anciens détenus et exilés politiques de l’Algérie française) dont le représentant Jean-François Collin, ancien du FN à Hyères et promoteur de la stèle pro-OAS de Marignane, était présent. Un homme, selon l’élu aixois, « injustement traité au niveau national ». Le mot de la fin revenait à Maryse Joissains. La maire UMP d’Aix a de nouveau prononcé un vibrant plaidoyer en hommage à l’Algérie française. « Ils étaient français, d’origine espagnole, italienne, arabe. Ils s’étaient retrouvés dans cette nationalité formidable, exaltante, que l’on essaie de nous forcer à renier, à composer, à faire de la repentance [sic] alors que nous sommes le seul pays au monde qui a été dans d’autres pays et qui n’a pas été dans une colonisation dure. Nous avons construit, nous avons apporté nos valeurs, nous avons laissé des choses extraordinaire à un peuple qui lui-même est extraordinaire, parce que ces Arabes-la sont des gens formidables, et, aujourd’hui, de quoi se rend-on compte ? Alors qu’ils ont voulu, pourquoi pas, pourquoi oui, leur indépendance, aujourd’hui ils se trouvent revenus à un peuple qui n’a même pas su profiter de ses ressources naturelles. Oui, je continue à le dire, la France était une bonne chose en Algérie, et la France et l’Algérie auraient dû continuer à être ensemble pour la grandeur du peuple français et pour la grandeur, aussi, de ce peuple arabe aujourd’hui malmené. »

Julien Danielidès

Source : La Provence du 8 juin 2013, édition Aix en Provence
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