Amicale des Rapatriés du Golfe de Saint-Tropez et leurs amis
 
 

Association créée en 1965, trois ans après le cessez-le-feu à Alger, l'Amicale du golfe ne s'essouffle pas. Elle compte aujourd'hui plus de 80 adhérents.
Juillet 1962. La guerre d'Algérie s'achève dans un bain de sang. Oran croule sous les balles, et De Gaulle déclare l'indépendance du pays. Des milliers de pieds-noirs quittent à nouveau le pays.
Une partie d'entre eux débarque à Toulon, et s'éparpille dans la région.
Trois ans plus tard, l'amicale des rapatriés voit le jour dans le golfe de Saint-Tropez. « On était plus de 300 » se souvient Henri Salvador, figure incontournable de l'association.

En entrant dans la salle Marcel-Amoros, on ne voit qu'elle. Une grande carte d'Afrique du Nord.
« Au départ, l'amicale était là pour aider les rapatriés dans leurs démarches administratives », explique le président, la voix tremblante. « Certains n'ont pas supporté cet exil, et se sont suicidés. Le fait de se réunir permettait d'évacuer toute cette rage que nous avions en nous. Quand je repense à tout ce qu'on a laissé là-bas... ».
Devoir de mémoire
Quarante-neuf ans après la fin de la guerre, aucun d'eux n'a oublié. Massacres, crimes, trahisons... La douleur coule encore dans leurs veines. Comme si aucun d'eux n'avait réussi à refermer cette page noire de l'histoire. « On a pratiquement tous porté les armes entre 1954 et 1962. On n'oubliera jamais ce qui s'est passé les 26 mars et le 5 juillet 1962. Le devoir de mémoire s'impose ».
Saint-Tropez ? « C'est devenu notre nouveau port d'attache », murmure Jean-Claude. Engagé, à l'âge de 24 ans à l'école des fusiliers marins de Siroco, il a rejoint la cité du Bailli à la fin de la guerre, en 1962. Le choix du coeur. « ça nous rappelle un peu l'Algérie. Les plages, le soleil, la Madrague... On est bien ici. Grâce à l'amicale, on s'est tous retrouvés. On forme comme une petite communauté ».
« On a vécu les mêmes choses, là-bas », poursuit Roberte, retraitée à Cavalaire. « C'est toujours agréable de se retrouver, et de parler de ses racines, de nos souvenirs d'enfance ». L'amicale des rapatriés compte aujourd'hui près de 80 adhérents. « Une dizaine d'amis nous ont rejoints. Des Français de Tunisie, du Maroc... Ils apprécient notre bonne humeur, la convivialité de nos réunions. On n'est pas sédentaires, on accepte tout le monde », précise Henri Salvador.
Que la flamme ne s'éteigne pas
Vendredi soir, Jean-Pierre Tuveri maire de Saint Tropez, assistait, pour la première fois depuis le début de son mandat, à l'assemblée générale.
Invités à chaque cérémonie patriotique, et très actifs sur le plan des sorties (paellas, galettes des Rois, après-midi dansants), les adhérents ne laissent jamais passer une occasion de se revoir.
Mais qu'en est-il des nouvelles générations nées ici ? « Nos enfants compatissent, mais pour l'instant, ça s'arrête là... L'association finira certainement par mourir, mais on fera tout pour que la flamme ne s'éteigne pas », conclut, la gorge nouée, Henri Salvador.
Le regard du président s'écrase sur la carte d'Afrique du Nord qu'il a peinte voici une dizaine d'années. « L'Algérie, pour moi, n'existe plus. C'est un grand vide, et je n'y mettrai plus jamais les pieds.. .». Parole de rapatrié.
Source : Sebastien Botella  Nice-Matin - sbotella@nicematin.com
 
Renseignements concernant
cette association
 
 

- Amicale des Rapatriés du Golfe de Saint-Tropez et leurs amis.
- Tél. : 04.94.97.17.11.
- Contact : Henri Salvador.
- Site internet : inconnu