Pèlerinage de Notre-Dame- de-Santa-Cruz 2010.
 
         
 
 

Le pèlerinage de Notre-Dame- de-Santa-Cruz, l'immense Vierge qui domine et protège Oran et dont les rapatriés d'Algérie ont rapporté la statue pour lui ériger un sanctuaire au Mas de Mingue, près de Nimes , il s'est terminé sous la pluie, à l'issue de la procession.
Le tonnerre a déchiré le ciel au moment-même où débutait la messe en plein air, concélébrée sous la présidence de Mgr Wattebled, et la pluie, abondante, s'est arrêtée juste à la fin de l'office.
Rien de grave, en vérité, venant de la Vierge, puisque c'est la troisième fois que cela se produit, se souvient Michel Pérez, président de l'association des amis de Notre-Dame-de-Santa-Cruz.

 
 
Un clin d'oeil céleste car elle a délivré Oran du choléra en faisant tomber la pluie, mettant un terme à la sécheresse. Il y avait en tout cas unanimité dans les rangs : « Elle apporte la pluie et cette pluie lave nos péchés. » Pour la première fois depuis longtemps, ce pèlerinage important, qui connaît un déclin constant du fait du vieillissement des rapatriés, enregistre une participation en hausse, avec, hier, quelque 25 000, voire 30 000 personnes. « Il y a beaucoup plus de monde que l'an dernier et on note un certain rajeunissement des participants, une grande ferveur et beaucoup d'émotion », explique Michel Pérez.
Dès 8 heures du matin, les pèlerins étaient en effet déjà très nombreux à se recueillir au sanctuaire, à se confesser, à se presser pour brûler un cierge et prier longuement. « Je viens tous les ans et je suis là avec ma fille, explique une Gardoise. Son mari est très malade depuis cinq ans. Elle est venue à l'époque implorer l'aide de Notre-Dame. Il va mieux et elle est là, cette année, pour la remercier. » A l'issue de la célébration et de la brève accalmie météo, le retour de la pluie donnant le signal de la fin de la journée, des pèlerins se recueillaient à nouveau dans la chapelle de Notre-Dame-de-Santa-Cruz et défilaient devant elle pour la toucher tandis que les organisateurs leur offraient en souvenir une des nombreuses fleurs qui avaient été placées au pied de la statue pour la procession.
Au-delà du sanctuaire et de la procession, ce pèlerinage permet aussi, à beaucoup de rapatriés, de vivre de grands moments d'émotion. L'histoire ayant détruit l'Oranie qui était leur, ils ont pris l'habitude de la reconstituer, petit bout par petit bout, en se retrouvant sous des panneaux : Port aux Moules, place Sainte-Eugène (panonceau sur lequel une main avait écrit : « Marinette Beltran recherche Paulette Gie (nom de jeune fille », suivi d'un numéro de téléphone portable), Saint-Cloud, N4 Jean-Mermoz, etc. sachant que pour la rue Cap-Lelièvre c'était : « RDV parking Intermarché ». A Prudon, Ermine, 66 ans, de l'Ardèche, et Denise, 65 ans, de Villefranche-sur-Saône, sont tombées dans les bras l'une de l'autre, les yeux mouillés. Elles ne s'étaient pas revues depuis dix ans. Ermine a raconté son voyage à Prudon, l'an dernier et l'accueil extrêmement chaleureux qui leur a été fait.
Beaucoup de joie, beaucoup de nostalgie, mais de colère aussi, parfois, au centre social transformé en PC des rapatriés avec les associations, dont le Collectif de sauvegarde des cimetières d'Oranie, les livres d'histoire, d'images, de recettes, les journaux, la culture pied-noire. « Les rapatriés n'ont toujours pas été indemnisés. Quand on regarde notre histoire, je pleure. On nous balade, on n'arrive pas à régler les problèmes. » Ou encore : « J'ai peur d'y retourner. Je vais pleurer comme un fou. » Ce pèlerinage, c'est encore toujours autant de marchands, avec des bondieuseries qui n'ont pas le succès des charcutiers d'Oran et des spécialités de là-bas, des brochettes, des restaurants improvisés et un accent inimitable, comme celui de cet homme, distancé par les siens et rencontrant une connaissance : « J'ai perdu ma fille, j'ai perdu mon gendre, j'ai tout perdu ! »
Sour cce : Philippe BERJAUD pberjaud@midilibre.com
 
 
 
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